Medef et gouvernement : les intérêts patronaux satisfaits

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Medef et gouvernement : les intérêts patronaux satisfaits

Dans une quasi-indifférence, le Medef entend se doter d’un nouveau « patron des patrons » le mois prochain. Geoffroy Roux de Bézieux devrait effectivement se démettre de la présidence le 6 juillet, les statuts de l’organisation patronale ne lui permettant pas de se présenter de nouveau.

Portant la revendication de réformer les retraites jusqu’à leur capitalisation depuis toujours, voilà que le Medef s’est fait très discret ces quelques derniers mois.

L’organisation patronale éclipsée par le gouvernement

Le Mouvement des entreprises de France semble effectivement en retrait du débat public depuis quelque temps. Alors même que le patronat revendique la réforme du système de retraite par répartition depuis toujours, elle ne paraît pas avoir eu de rôle décisif dans la mise en place de la réforme portée par le gouvernement depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Pourtant, son influence est bien là. 

L’organisation peine à s’affirmer véritablement dans le débat public et paraît surtout devancée par un gouvernement qui assouvit déjà de fait les intérêts de la classe patronale.

Le Medef ne s’impose pas comme étant un soutien indéfectible à la réforme des retraites. Sans doute, l’organisation souhaite éviter que la colère sociale historique – alors que plus de 9 actifs sur 10 sont opposés à la réforme – ne se retourne contre le patronat. 

Pour répondre à cet enjeu, Pierre Brajeux, à la tête de la Fédération française de la sécurité privée et prétendant à la présidence du Medef, souhaite que l’organisation se réaffirme. Il clame : « Nous devons être plus offensifs pour pousser nos revendications. Il faut refaire du Medef une machine à influencer. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être une organisation qui accompagne les réformes. »

Une politique gouvernementale au service de la bourgeoisie

Si le Medef semble peu à peu éclipsé par le gouvernement, c’est parce que celui-ci se fait le premier défenseur des intérêts patronaux. Dès l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, les possédants furent entièrement contentés.

Suppression de l’ISF, allègement des impôts sur le patrimoine (IFI), sur les dividendes (flat tax), sur la production… La politique « pro business » d’Emmanuel Macron est encore plus positive que celle de Nicolas Sarkozy pour Geoffroy Roux de Bézieux.

Le Medef continue tout de même de souffler à l’oreille du gouvernement. Ce fut notamment le cas lors de la présentation du Budget 2023. L’organisation patronale avait alors réclamé plus de « sobriété », ce qui avait causé quelques frictions avec le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.

L’influence patronale en sous-main 

Le patronat continue d’influencer directement la législation française, par exemple, c’est le lobbying du Medef qui, en coulisse, aurait permis de limiter la mise en place d’un bonus-malus sur les contrats courts, l’une des mesures phares de la réforme de l’assurance-chômage de 2019, à seulement sept secteurs.

Au final, le gouvernement de Macron, comme le Medef, ne sont que des représentants de la classe patronale, qui s’accordent dans la défense de leurs intérêts. C’est en réalité toute une classe, celle des possédants, qui empêche l’émancipation des travailleurs et bloque tout progrès social.


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