Au procès des attentats du 13 novembre 2015, Abdeslam provoque et justifie l’horreur

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Au procès des attentats du 13 novembre 2015, Abdeslam provoque et justifie l’horreur

Depuis l’ouverture du procès des attentats de Paris et Saint-Denis, l’accusé Salah Abdeslam, seul survivant des commandos terroristes, a indigné l’assistance avec des propos provocateurs ou sordidement cyniques.

Un accusé provocateur

Abdeslam est l’accusé jugé pour le participation la plus directe aux crimes atroces commis le 13 novembre 2015. Dès le premier jour de l’audience, il s’est lancé dans des provocations. A la question sur son état civil :

“Je tiens à témoigner qu’il n’y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son serviteur et son messager”

A la demande répétée de répondre à la question, il affirme :

“J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’Etat islamique”.

Derrière la provocation, il s’agit également d’une fuite en avant. Sa culpabilité n’étant guère en doute, lui-même revendique ses actions, sa seule défense est de saper la légitimité du tribunal. En se déclarant combattant, il cherche à se rendre injugeable. Dans le même temps, il prolonge la rhétorique du prétendu état islamique qui aurait livré une “guerre” contre la France. 

Très vite, il part dans des explosions de colère et se plaint de ses conditions de détention :

“Dangereux ou pas dangereux, on est des êtres humains, on a des droits, on n’est pas des chiens ! Mais on est traités comme des chiens ! (…) Ça fait six ans que je suis traité comme un chien. Si je ne me plains pas, c’est pour une unique raison, c’est parce que je sais qu’après la mort, on sera ressuscités”.

Le président le recadre à de multiples reprises : “Ici, on n’est pas dans un tribunal ecclésiastique, on est dans un tribunal démocratique”.

En écoutant le premier témoin, Salah Abdeslam s’impatiente : “Y en a marre d’entendre ça, ça va pas soulager la partie civile ! Ça fait une semaine qu’on entend ça !”

“Je vous signale, avertit le président Jean-Louis Peries, que vous allez entendre tout cela pendant des semaines et des semaines, même si ça ne vous plaît pas. Des fonctionnaires de police, et aussi des victimes des attentats, des parents de victimes… On est partis pour huit ou neuf mois. Il va falloir vous armer de patience”.

Une justification sordide et indigne

Au sixième jour de l’audience, l’accusé a dépassé toute limite de la décence en s’exprimant de manière spontanée sur les horreurs commises en 2015. Le président leur a proposé de manière facultative une déclaration spontanée (les interrogatoires des accusés n’ont lieu qu’en janvier prochain).

Les accusés se sont exprimés pour la plupart, soit pour dire qu’ils allaient répondre aux questions, soit pour clamer leur ignorance et feindre la compassion ou condamner les crimes, soit pour reconnaître en partie leur culpabilité.

Salah Abdeslam s’est lancé dans un discours politique et idéologique. Il a nié les termes de terrorisme et de radicalisme, se réclamant d’un “islam authentique”. Il a justifié le ciblage de la France et des civils par des considérations prétendument géopolitiques :

“Quand François Hollande a décidé de bombarder l’Etat islamique, il savait que sa décision comportait des risques et que des Françaises et des Français allaient rencontrer la mort”, a-t-il osé, en inversant la culpabilité.

Il a cyniquement affirmé être “sincère” malgré des propos pouvant choquer “les âmes sensibles”.


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