Cisjordanie, l’annexion contre le droit

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Cisjordanie, l’annexion contre le droit

Réélu Premier ministre par la Knesset le 17 mai dernier après avoir passé un accord plus que discutable avec son principal opposant Benny Gantz, Benyamin Netanyahou a profité de cette nouvelle investiture, du fameux « accord du siècle »  ainsi que de la pandémie de COVID-19 pour durcir et accélérer sa politique d’annexion de la Cisjordanie et du plateau du Golan, alors que le droit international s’oppose toujours à celle-ci et que l’ONU rappelle les résolutions votées en conseil sur les frontières de 1967. L’ONU réclamant toujours un retour aux frontières de 1967. Néanmoins cette décision est loin de faire l’unanimité et l’opposition commence à s’organiser pour lutter contre ce projet d’annexion, que ce soit en Palestine, en Israël ou encore dans le reste du monde et notamment en France, où des rassemblement pour condamner la colonisation israélienne.

Alors que, comme souvent lorsqu’il est en difficulté, Benyamin Netanyahou se montre plus va-t-en-guerre que jamais, les Israéliens eux ne semblent pas avoir la même vision des choses. Un sondage, réalisé par l’institut Midgam, a dévoilé que plus de 42 % des Israéliens étaient opposés à sa volonté d’annexer plus de 30 % de la Cisjordanie contre seulement 32 % d’avis favorables. D’autres sondages semblent aller dans ce sens, ce qui pousse l’opposition de gauche israélienne à s’activer pour réclamer la paix et défendre les intérêts du peuple palestinien. Le Hadash a donc été à l’origine de grandes manifestations dans de nombreuses villes israéliennes et notamment dans la capitale Tel-Aviv. De plus le Parti communiste israélien est à l’origine d’une large coalition composée de 36 organisations politiques et associations qui ont fait le choix de combattre le projet d’annexion défendu par Benyamin Netanyahou et un Likoud divisé, mais apparemment sorti grandi de l’épidémie de Coronavirus. 

« La plupart des citoyens israéliens sont contre Netanyahou et l’annexion de Trump. L’annexion renforcera l’occupation, élargira le projet de colonisation illégale et intensifiera l’oppression des Palestiniens […] Elle rétrécira le chemin de la paix et fera de l’apartheid la loi du pays. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l’arrêter ici et dans le monde. Si nous prenons la rue ensemble, nous pouvons l’arrêter. »

Aida Touma-sliman, députée communiste de la Liste unie

En Palestine, malgré les divisions qui l’affaiblissent, l’Autorité palestinienne s’est elle aussi empressée de réagir aux annonces du chef du gouvernement israélien, ainsi qu’au Plan d’annexion de la Cisjordanie qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2020. Face à cela, les Palestiniens ont choisi de se tourner vers l’Organisation des Nations unies pour leur enjoindre à organiser une session exceptionnelle, qui s’est tenue le 24 juin dernier au Conseil de sécurité. Lors de celle-ci, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies a rappelé que pour la communauté internationale, l’objectif devait être de défendre une solution à deux États, respectant les frontières de 1967 et avec Jérusalem comme double capitale, allant clairement à l’encontre de « l’accord du siècle » porté et défendu uniquement par Donald Trump et Israël. Sept pays européens ont d’ailleurs choisi de faire une déclaration commune (France, Irlande, Royaume-Uni, Belgique, Estonie et Allemagne) pour dire que cette volonté d’annexion « compromettrait gravement la relance de négociations » et que « En raison de nos obligations et nos responsabilités en matière de droit international, une annexion aura des conséquences sur nos relations étroites avec Israël et ne sera pas reconnue par nous  ». 

Des propos qui vont dans le sens de ceux du Bulgare Nickolay Mladenov, coordinateur spécial des Nations unies pour le Moyen-Orient, qui a lui tenu à réaffirmer qu’une « annexion pourrait altérer de manière irrémédiable la nature des relations israélo-palestiniennes […]  Elle risque de mettre fin à plus d’un quart de siècle d’efforts internationaux en faveur d’un État palestinien viable ». Tout ceci n’a évidemment pas beaucoup plu au gouvernement israélien, qui par la voix de son porte-parole a fait comprendre que, selon lui, la communauté internationale était irréaliste, trop laxiste avec les Palestiniens, qui étaient contre toutes négociations.

Le 26 juin 2020, le secteur international du PCF a réagi en publiant sur son site internet une tribune intitulée « Cisjordanie : l’occupation c’est la terreur, l’annexion c’est l’apartheid !»  cosignée par plusieurs personnalités politiques comme Fabien Roussel, député du Nord et Secrétaire national du PCF, Éliane Assassi , présidente du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste au Sénat, Fabien Gay, sénateur communiste de Seine Saint-Denis, Marie-George Buffet, députée de Seine–Saint-Denis et ancienne ministre ou encore plusieurs membres de la coordination nationale du MJCF. De nombreuses associations comme BDS France, le Mouvement pour la Paix ou l’AFPS ont appelé à manifester contre la colonisation des territoires palestiniens.

Alors que de nombreuses voix s’élèvent et que le droit international condamne la colonisation israélienne, en dehors de l’ONU, la communauté internationale et notamment la France demeurent relativement silencieuses. Le 1er juillet 2020, soutenu par Donald Trump, Netanyahu devra détailler son projet d’annexion de Cisjordanie et notamment d’une bonne partie de la vallée du Jourdain, mais l’annexion c’est l’apartheid, c’est faire une croix sur les espoirs de paix. Pour éviter un tel scénario, la reconnaissance de l’État palestinien par la France est essentielle et plus qu’urgente.


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