Comment se déplacer sans avion, sans train, sans voiture ?

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Comment se déplacer sans avion, sans train, sans voiture ?

Voilà une drôle de question. Pourtant, si l’on s’oppose absolument à l’énergie nucléaire, elle ne peut manquer de se poser. 

Nous devons conjuguer deux priorités : réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici dix ans et permettre à la population de se déplacer à moindres frais. Heureusement, tant pour les transports du quotidien que pour les trajets longue distance, le train est un moyen de déplacement décarboné… à condition qu’il soit alimenté par de l’électricité décarbonée.

Pourtant, à refuser l’énergie nucléaire, on se prive des moyens de décarboner nos modes de déplacement et d’échanges. 

Du quotidien Reporterre au parti EELV en passant par LFI, toutes les alternatives aux modes de déplacements actuels sont rejetées les unes après les autres. Certains s’opposent tour à tour aux projets ferroviaires, à la voiture hybride ou électrique, au nucléaire et à l’hydrogène. C’est à se demander comment ils comptent se passer du pétrole et du charbon.

Pas de relance du ferroviaire ?

Des élus écolos et insoumis s’opposent au développement des lignes à grande vitesse (LGV), que ce soit Bordeaux-Toulouse ou Lyon-Turin. 

« Nous demandons l’arrêt du projet Lyon-Turin qui a pour seule logique de transporter toujours plus de marchandises toujours plus loin et de maintenir ce culte énergivore et destructeur », affirment dans une récente tribune des élus, dont l’insoumis Gabriel Amard ou le député écolo David Cormand. Ils demandent de « cesser de ravager la montagne ».

En contradiction avec l’ensemble des organisations syndicales de la région Auvergne-Rhône-Alpes (CGT, CFDT, FO, UNSA, CFTC, CFE-CGC), qui défendent le projet pour « le transfert du transport des marchandises et des personnes de la route vers le rail ». Une position qui ne s’oppose nullement aux trains du quotidien, puisque les TER bénéficieront également de la ligne à grande vitesse, mais qui offre aussi une alternative à la route et à l’avion pour les longues distances.

Pas en reste, d’autres collectifs comme le « collectif contre la ligne 18 » dénoncent les nouvelles lignes de métro du Grand Paris, qui sont très attendues et ont déjà du retard. Au même moment où le réseau francilien est plus que jamais saturé.

Pourtant, le parti EELV prétend, dans le document de sa commission transport, vouloir la « relance du ferroviaire comme axe structurant ». Dans le même document, les écologistes pestent contre la « gratuité indéterminée » des transports et le « transfert du financement des usagers aux contribuables », sans jamais mentionner que les entreprises contribuent en grande partie au financement et pourraient contribuer davantage. Ils promeuvent même « l’amélioration du service à niveau d’infrastructure constant. » 

Même principe contre l’extension des LGV, afin de « créer de l’offre à moyens constants sans infrastructure nouvelle ». Comme pour se justifier, ils posent le développement des transports du quotidien, dont on a vu plus haut qu’il se faisait à moyens et infrastructures constants.

C’est bien sûr contradictoire avec l’interdiction des vols intérieurs de courte durée, car le train n’est pas favorisé pour les déplacements longue distance nécessaires. 

Un arrêt brutal de l’automobile ?

Le moins qu’on puisse dire est que le train n’est pas prêt d’être relancé avec de tels propos et l’opposition aux nouvelles infrastructures. Qu’en est-il de la voiture ?

Pour EELV, l’électrification du parc automobile « est un mal nécessaire » pour décarboner la consommation énergétique, peut-on lire dans un communiqué. Certes, s’ils n’acceptaient pas la voiture électrique, l’interdiction des véhicules thermiques serait incompréhensible. 

Pour autant, il s’agit selon eux de « limiter le besoin de nouvelles unités de production, en particulier nucléaires », malgré les besoins énormes en électricité nécessaire à installer un parc automobile électrifié. 

L’hydrogène décarboné ne vient pas régler leurs affaires, puisque, pour le produire par électrolyse, il faudrait compter sur de nouveaux réacteurs nucléaires ou des surfaces phénoménales de photovoltaïque.

« Comment trouver de telles surfaces sans engloutir des terres arables et des forêts ? », se demande à ce propos le quotidien Reporterre. « Le plan hydrogène français entérine discrètement la relance du nucléaire », conclut-il.

Pourtant, l’hydrogène décarboné peut se stocker et l’industrie aéronautique travaille sur un avion zéro carbone sur ce principe. 

Comment les antinucléaires comptent-ils électrifier et décarboner les transports ? Réponse introuvable.

Sans nouvelles lignes de train, sans LGV, sans avion à hydrogène, sans nouvelles centrales nucléaires pour augmenter la production d’électricité en conséquence du recul des véhicules thermiques, il ne reste bien que le vélo pour se déplacer. On nous incite gentiment au « report vers les modes actifs ». 

Le prix à payer pour l’abandon de l’énergie nucléaire.


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