Coupe du monde au Qatar : les jeunes communistes vont droit au but

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Coupe du monde au Qatar : les jeunes communistes vont droit au but

Ils sont une vingtaine le mardi 15 novembre devant le siège de la FFF. Tandis que les uns agitent des fumigènes tricolores, d’autres scandent des slogans au mégaphone pendant que les derniers tendent un maillot géant sur lequel est écrit « Qatar 2022 : FFF silence complice ». 

Curieux, des passants s’arrêtent, regardent, écoutent, prennent en photo, d’autres apportent leur soutien depuis le trottoir d’en face en levant le poing. 

C’est avec l’art et la manière que le Mouvement jeunes communistes de France a lancé ce mardi sa campagne sur la coupe du monde au Qatar devant le siège de l’instance officielle du football français.

« Que les joueurs prennent position » ! 

« À une semaine jour pour jour du premier match des bleus dans ce mondial, il était important pour nous d’interpeller la FFF, les joueurs et les sélectionneurs », explique Léon Deffontaines, secrétaire général du MJCF. 

« Cette coupe du monde représente un scandale à plus d’un titre. C’est un scandale social avec ces milliers de morts sur les chantiers et un scandale environnemental avec ces stades climatisés. Mais c’est aussi un scandale sportif, avec une saison régulière qui a été totalement chamboulée pour se plier aux demandes du Qatar. Et enfin, n’oublions pas qu’on va jouer cette coupe dans un pays qui soutient plus ou moins directement des organisations terroristes islamistes ». 

Pour les organisateurs de l’action, la FFF fait preuve d’un « silence complice » sur ces différents scandales. 

« L’attitude de la Fédération et de son président est inacceptable » s’agace Camille, militante communiste présente sur place. « Alors que plusieurs fédérations prennent clairement position pour dénoncer les morts dans les stades, le non-respect des droits humains ou les conditions frauduleuses d’attribution de la compétition, Noël le Graët ferme les yeux, et pire, il invite les joueurs à ne pas parler ». 

Le dirigeant de la FFF est clairement visé par les manifestants, en témoignent les « Le Graët démission » scandés par les militants. 

Présent au rassemblement, le député communiste Jean-Paul Lecoq abonde : « J’attends des dirigeants du football français, des joueurs et des encadrants qu’ils usent de leur liberté d’expression, et qu’ils osent dire ce qu’ils pensent. »

Le message semble presque avoir été entendu puisque les joueurs sélectionnés ont fait savoir via une lettre publique leur soutien aux ONG luttant pour les droits de l’homme au Qatar. 

« C’est bien, mais c’est loin d’être suffisant », tranche Léon Deffontaines. « Ils doivent aller plus loin, en prenant clairement position durant la coupe du monde. Ils vont être les représentants de la France pendant 4 semaines : qu’ils en profitent ! ». 

L’indemnisation des joueurs au cœur du débat 

Présente sur le maillot géant déployé, la campagne d’indemnisation des ouvriers #PayUpFifa est aussi au cœur du rassemblement. 

Alors que la FIFA semblait avoir plutôt pris position en faveur de l’indemnisation, les actes tardent à venir. 

Le symbole d’un désintérêt de l’institution envers les droits des travailleurs selon Barbara Gomez, conseillère municipale de Paris présente au rassemblement : 

« Je me souviens, en 2014 du lancement d’une campagne par la fédération internationale du bâtiment pour dénoncer le fait que pour cette coupe du monde, on avait des travailleurs qui venaient du monde entier, à qui on confisquait les passeports, qui travaillaient dans des conditions absolument indignes, pour des rémunérations scandaleuses, et déjà en 2014, personne ne s’était ému de ce que les organisations syndicales dénonçaient ». 

« Il est temps que la FIFA paie », a déclaré Assan Lakehoul, dirigeant national du MJCF. « Au-delà de la somme, cela serait une reconnaissance symbolique importante de la part de la FIFA ». 

Lancés en campagne, les jeunes communistes profiteront de cette période pour interpeller localement les acteurs du monde sportif afin qu’ils prennent eux aussi position, à travers un appel intitulé « Rendez-nous le foot ». 

Et Léon Deffontaines de conclure : « Le foot n’appartient pas à la FIFA, aux émirats ou aux banques. Il appartient à nous, les supporteurs, les joueurs. C’est ça le message que l’on veut faire passer ». 


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