Dette étudiante : comment enchaîner son avenir ?

Dette étudiante : comment enchaîner son avenir ?

Le 25 janvier 2021, au cœur de la crise économique, face à une jeunesse qui se mobilise, Stanislas Guérini, chef de file la République En Marche, proposait aux jeunes en précarité de 18 à 25 ans de faire des prêts de 10  000€ à taux 0, présentés comme un outil d’émancipation face à la crise économique. 

Loin d’avoir inventé la machine à vapeur, cette mesure s’inscrit en vérité dans une logique libérale déjà mise en place dans d’autres pays. 

Une inspiration américaine… pas convaincante

Aux Etats-Unis, la dette étudiante est un fait social. Deuxième source d’endettement du pays, elle fait de l’enseignement supérieur un luxe pour ceux qui ne peuvent se le payer. 

Aujourd’hui, 70% des étudiants qui s’inscrivent en bachelor ont contracté un prêt étudiant, qu’ils paient à hauteur de 400 dollars par mois. Plus qu’une aide le temps de leurs études, il s’agit d’une situation économique de long terme, alors qu’il leur reste en moyenne 32 000 dollars à rembourser à la fin de leurs études. 

Ainsi, parmi tous les américains qui ont entre 40 et 60 ans, 10% n’ont toujours pas fini de rembourser leur prêt étudiant. Un boulet le long de leur vie active qui rappelle aux travailleurs le coût d’un système d’enseignement privatisé. 

Ces dépenses sont si importantes que même le gouvernement américain tente de les diminuer. En 2012, Barack Obama met en place le programme Pay As You Earn, visant à diminuer la durée d’endettement sur 20 ans maximum et à ce que le taux d’endettement ne dépasse pas 10% des revenus des étudiants. En 2020, face à la crise sanitaire et économique, Trump met en place le Cares Act, un gel temporaire des paiements sur le remboursement de la dette étudiante sans que ça n’occasionne d’intérêts supplémentaires. 

Mesures pansements qui parent la vague sans exploser la bulle, d’autres voix parviennent à se faire entendre dans le paysage politique américain. Bernie Sanders, candidat démocrate, proposait lors des présidentielles que la dette étudiante soit annulée et que les universités publiques soient gratuites. À l’heure actuelle, Joe Biden se contente de prendre en charge 10 000€ de dette par personne pour certains métiers de service. 

Plutôt que l’endettement, la réponse du service public

La situation française n’est pas aussi catastrophique, en partie grâce aux mesures mises en place pour sortir l’étudiant du marché. 

Le service public étudiant, représenté par le CROUS, avec en premier lieu les Restaurants Universitaires et les Cites Universitaires ont permis de réduire deux des principaux postes de dépense de la vie étudiante : l’alimentation et le logement. L’université publique demande des frais d’inscriptions chers pour les étudiants, mais peu élevés par rapport à outre-Atlantique.

Des mesures comme l’instauration des repas au RU à 1€ témoignent de leur nécessité durant la crise due au coronavirus. 

Mais elles ne sont pas encore suffisantes. À l’heure où 300 000 étudiants, soit 10% de l’ensemble des étudiants français, ont contracté un prêt étudiant, et à celle où 1 étudiant sur 6 vit sous le seuil de pauvreté, la précarité étudiante s’établit comme un fait dans nos vies. Les enquêtes faites années après années témoignent de la hausse de la vie étudiante. Entre 2019 et 2020, le coût de la vie étudiante a augmenté de 3,69% en moyenne. 

Face à la précarité étudiante, le gouvernement nous propose un avenir à crédit. 

Les jeunes et étudiants communistes de France portent un autre modèle de société : investissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche, permettant d’embaucher plus de personnel éducatif, ainsi que dans le CROUS, seul service public à destination des étudiant pouvant dans le long terme nous sortir de la précarité. La gratuité des formations et la mise en place d’un revenu étudiant sont des nécessités.

Le gouvernement a tenté de nous répondre. Il ne nous a visiblement pas compris. 


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