Elections municipales à Istanbul : enjeu majeur pour toute la Turquie

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Elections municipales à Istanbul : enjeu majeur pour toute la Turquie

Le 23 juin sera une date déterminante pour les stambouliotes d’une part, mais bien au-delà.

Suite à une première défaite dans les urnes le 31 mars 2019, lors de laquelle il a également perdu les grandes villes d’Ankara, d’Adana et d’Antalya (et ce malgré son alliance avec le parti d’extrême droite MHP), Erdogan a exigé l’annulation des élections d’Istanbul pour cause “d’irrégularités” massives, utilisant une procédure extraordinaire le lui permettant. Cette victoire pour le CHP, permise en partie grâce au HDP qui n’a pas présenté de candidat afin de vaincre l’AKP, est d’autant plus forte que la ville était tenue par le parti d’Erdogan depuis 1994, soit 25 ans.

De nouvelles élections seront donc organisées ce dimanche 23 juin, remettant en jeu l’avenir de la mégalopole. Et les enjeux sont de taille.

«Remporter Istanbul, c’est remporter la Turquie »

Istanbul est en effet un enjeu important. Mégalopole économique et politique, lieu de pouvoir considérable et ville de tous les médias, Istanbul demeure le centre névralgique de la Turquie. C’est d’ailleurs pour cela qu’Erdogan a été jusqu’à l’annulation des élections, déployant tous les outils à sa disposition, afin de tenter de garder cette ville sous son contrôle, ville qui a également été pour lui un tremplin vers le pouvoir.

Erdogan met toutes ses forces dans la bataille en étant présent partout où cela est possible afin de gagner des voix pour le candidat de son parti Benali Yildirim. Un point particulier de la campagne menée par les deux candidats est qu’elle ne comporte presque aucun enjeu local. Une grande partie des thématiques traitées sont nationales, montrant une fois de plus tout l’enjeu que constitue cette ville.

Nous pourrions pour conclure citer le président Recep Tayip Erdogan lui-même à ce sujet : «remporter Istanbul, c’est remporter la Turquie ».

Une opposition remontée, mais une issue incertaine

Lors de la première élection de mars, 17% des Stambouliotes s’étaient abstenus, ils pourraient représenter un poids considérable dans les échéances du 23 juin. Si une partie d’entre eux avaient choisi de ne pas voter en opposition aux agissements de l’AKP, bien qu’y étant favorables, l’annulation des élections sans motif valable pourrait décider de nombreux électeurs à se déplacer pour soutenir le CHP.

De plus, le vote des électeurs du HDP (dont une partie s’était abstenue lors des premières élections) peut lui aussi faire pencher la balance en faveur de l’opposition.

Restons donc vigilant sur le devenir de cette ville, car il sera intimement lié au devenir du pays et à celui des prochaines élections. Même si la popularité d’Erdogan ne cesse de décroître et que les conséquences de sa politique économique ultralibérale sont désastreuses pour la population, il a déjà montré à de nombreuses reprises que la loi et les droits de l’Homme n’étaient que secondaires face à ses ambitions.  


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