Deuxième semaine de grève étudiante au Burundi

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Deuxième semaine de grève étudiante au Burundi

Au Burundi, la grève des étudiants s’inscrit dans la durée à l’université du Burundi après l’arrestation de leurs délégués, jugés «coupables» d’avoir envoyé un ultimatum au président Pierre Nkurunziza pour qu’il abroge un décret instituant désormais un prêt-bourse pour les étudiants.

Un loi qui ne passe pas

Les étudiants réclament le versement de leur bourse du mois de janvier 2017 ainsi que l’abrogation du décret supprimant le décret du droit à la bourse, remplacée par un “prêt-bourse”. Jusqu’ici au Burundi, tous les étudiants bénéficiaient d’une bourse d’études, attribuée sans conditions.

Cependant, le Burundi traverse une grave crise politique et financière depuis deux ans et le budget des bourses a explosé en raison de la forte hausse du nombre d’étudiants ces dernières années.

Le président burundais Pierre Nkurunziza a donc signé début février un décret qui transforme cette bourse en un prêt que chaque étudiant s’engage à rembourser une fois ses études terminées et qui en plus, durcit les conditions de son octroi. Les étudiants des universités publiques s’y opposent farouchement et ont décidé d’engager un bras-de-fer en vue d’obtenir son abrogation.

Une grève massive

Le 24 mars, dans un préavis de grève, les délégués des étudiants du Burundi affirment « étant donné les réclamations et indignations soumises dans la pétition qui vous a été adressé à la date du 05 décembre 2016 vous demandant la suspension de l’approbation de ce projet de décret (mettant en place le prêt-bourse – NDLR) à cause des conséquences néfastes que subirait l’étudiant, en autre : la discrimination des étudiants issus des familles pauvres la division des étudiants, la réduction massive des intellectuels qualifiés du Burundi. Malheureusement, rien n’a été fait en faveur de nos doléances autre que l’approbation dudit décret du 1er février 2017 ». En vertu de quoi les étudiants décident « la suspension des activités académiques au cas où une réponse favorable ne nous parviendrait pas jusqu’au 5 avril ».

Cette annonce a fait l’effet d’une bombe car depuis le début de la grave crise politique que traverse ce pays, le régime en place a recours à une sanglante répression pour mettre fin à toute opposition au régime en place et n’hésite pas à emprisonner les syndicalistes.

Une répression féroce

Ainsi, les menaces arrivent dès le lendemain et l’arrestation des leaders forcent les étudiants à entrer dès le 30 mars. Les 11 400 étudiants de l’Université du Burundi et les 3 000 étudiants de l’Ecole Normale Supérieure ont tout de suite décrété la grève illimitée, en exigeant la libération de leurs leaders qui sont détenus dans les cachots du très redouté Service national de renseignement (SNR), officiellement pour « préparation d’une insurrection » à l’université.

Mercredi 05 avril 2017, huit étudiants sur douze qui étaient jusque là détenus ont été relâchés mais deux représentants des étudiants de l’ENS ont vu l’année académique en cours suspendue.

Vendredi 07 avril, neuvième jour de grève, la mobilisation n’avait pas faibli malgré le fait que des dizaines d’étudiant soient entrés en clandestinité. « Nous allons continuer jusqu’à ce qu’on obtienne gain de cause » assure un étudiant, « nous sommes prêts au sacrifice, nous allons continuer notre lutte jusqu’à ce qu’on obtienne gain de cause » déclare un autre.


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