In the fade, Dans le fond pas grand chose

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In the fade, Dans le fond pas grand chose

Pour son dernier film, le réalisateur allemand Faith Akin s’attaque à un sujet éminemment d’actualité. Pour son premier rôle dans sa langue maternelle, Diane Kruger interprète une femme qui a perdu son mari et son fils dans un attentat à Hamburg.  

De belles promesses pour des faux espoirs

Si In the fade relève de la fiction, le sujet qu’il traite semble d’actualité. On savait que les attentats qui ont touché le monde occidental ces dernières années allaient faire l’objet d’adaptations cinématographiques. Un pari risqué que Faith Akin n’a pas su relever.

Katja, interprétée par Diane Kruger, perd son fils et son mari d’origine kurde dans un attentat à la bombe orchestré par un couple de néo-nazis.

Dans un mise en scène naturaliste et au plus proche du réel qui manque de subtilité, on suit en 3 parties un film qui manque de profondeur. La famille, la justice puis la vengeance rythme ce long métrage mais chaque partie mérite d’être plus exploitée. Au final, beaucoup  de scènes, souvent trop longues, n’apportent rien au film et ennuient le spectateur.

Au travers de vidéos filmées au téléphone en souvenir d’une famille heureuse, Faith Akin martelle son film d’un pathos omniprésent.

https://www.youtube.com/watch?v=gDBc2BflNoU

Aussi, il ne prend aucun risque sur le traitement politique de cette affaire. Pourtant, l’attentat a été réalisé par des néo-nazis assumés. Les scènes de procès dessinent un scénario ultra-manichéen où le bien et le mal s’affrontent. Au fur et à mesure, le dénouement du procès est ainsi rapidement prévisible. Il aurait à l’inverse mérité un suspense entretenu ainsi qu’un approfondissement des questions qu’il soulève.

Arrive alors la dernière partie, celle de la vengeance et la plus inutile du film qui aurait pu tenir en 5 minutes plutôt qu’en une demi heure. Trop simpliste, Katja veut seulement qu’il arrive aux meurtriers de son fils et de son mari ce qu’ils ont enduré.

En essayant de dénoncer la montée du néo-nazisme en Allemagne, Akin le banalise, une tentative alors contre-productive qui peut être sauvée par une phrase en début de générique rappelant les meurtres commis par le Nationalsozialistischer Untergrund (Parti national-socialiste souterrain) entre 2000 et 2006 ayant coûté la vie à neuf immigrés et une policière.

Le réalisateur se perd alors dans tous les sujets qu’il essaye de traiter mais qu’il ne fait que survoler. On sort alors de la salle sans savoir vraiment le propos principal du film.

In the fade est un film en manque, en manque d’émotions, en manque d’analyse et en manque d’intérêt.

Un film de performance

Un élément sauve le film, Diane Kruger, justement récompensée d’un prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes.

Pour son premier film dans sa langue maternelle (l’allemand), Kruger livre une interprétation remarquable qui représente à peu près le seul intérêt du film. L’actrice de renommée internationale réussit à faire passer de fortes émotions là où la mise en scène échoue comme cette scène lors du procès. Une médecin légiste énonce neutrement les conditions et toutes les étapes du décès de son fils “les yeux ont littéralement fondus”. Et c’est à travers son regard que Diane Kruger arrive à arracher aux spectateurs les premières (et seules) larmes au bout d’une heure. Son interprétation juste et crédible compense un film trop chargé en pathétique. On se doute bien qu’une mère ayant perdu son fils unique et son mari est effondrée.

L’actrice a alors rencontré une vingtaine de proches de victimes d’attentats pour se préparer à ce rôle qui marque un tournant important dans sa carrière.


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