Le 5 décembre, forte mobilisation attendue contre la réforme des retraites

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Le 5 décembre, forte mobilisation attendue contre la réforme des retraites

Le 5 décembre se tiendra une nouvelle journée de grève interprofessionnelle à l’encontre de la réforme des retraites. Après la journée du 24 septembre qui avait rassemblé pas moins de 150 000 manifestants, la grève du 5 décembre s’annonce suivie. 

Une réforme dénoncée par les syndicats

Les syndicats dénoncent la réforme de retraites après plusieurs mois d’une concertation biaisée d’avance puisque les grands axes étaient déjà fixés. Le système par point voulu par le gouvernement aura un impact direct sur le montant des futures pensions. L’ensemble des années sera pris en compte pour évaluer le montant de la future de retraites contre les 25 meilleures années dans le système actuel. Les premières années d’emploi souvent marqué par des salaires faibles et un temps de travail limité (temps partiel et/ou chômage) pèseront à la baisse dans le calcul des pensions.

Autre facteur qui dans la réforme fera indéniablement diminuer les pensions, c’est le plafonnement de la part des dépenses des retraites à 14 % du PIB. Avec le vieillissement de la population, ce plafonnement conduira quasi mécaniquement à une diminution des pensions par rapport au niveau de vie. Le vieillissement de la population conduira à une augmentation de la part de retraités dans la population, mais qui devront se partager une part limitée du PIB. Théoriquement, les retraités actuels pourraient même voir à terme leur pension diminuée. 

Les syndicats dénoncent également la fin des régimes spéciaux. Le projet de réforme prévoit « d’universaliser » le système de retraites et de mettre fin aux régimes spéciaux qui prévoient notamment des départs anticipés à la retraite pour les métiers contraignants. La nouvelle réforme prévoit une disparition progressive de ces départs anticipés. 

Le 5 décembre : un deuxième round qui s’annonce très suivi.  

La journée du 5 décembre a été choisie comme journée de mobilisation par une intersyndicale regroupant la CGT, FO, la FSU, Solidaires, Fidl, MNL, UNL et UNEF. Celle-ci s’annonce très suivie. 

La plupart des secteurs ont déposé un préavis de grève, parmi eux, un certain nombre ont annoncé le début d’une grève reconductible. C’est notamment le cas des cheminots, de la RATP et des routiers. Les agents de la RATP avaient été les premiers à faire grève contre cette réforme des retraites dès le 13 septembre. Les syndicats n’avaient pas manqué de montrer leur force de frappe : une dizaine de lignes de métro totalement fermées et pour les autres lignes un trafic très perturbé. Les syndicats de la RATP ont cette fois annoncé que le 5 décembre serait encore plus fort, et ont annoncé qu’il y aurait : « 0 métro, 0 RER et très peu de bus ». Pour ce qui est des cheminots cela s’annonce de la même ampleur. Une grève a déjà été lancée fin octobre pour les trains de l’ouest de la France où seulement 3 TGV sur 10 ont circulé. 

Les syndicats ont annoncé la couleur. La mobilisation du 5 décembre s’annonce sans précédent depuis le début du quinquennat de Macron. À mi-mandat, celle-ci serait susceptible d’asséner un coup aux politiques austéritaires et libérales menées tambour battant par le gouvernement depuis que Macron est devenu président. 

De son côté, Macron a annoncé qu’il ne céderait pas et qu’il allait tout faire pour éviter une période de blocage. Pour autant, le gouvernement montre déjà quelques signes de fragilité.  

Un premier revers pour le gouvernement ? 

Alors que la date fatidique du 5 décembre approche, le gouvernement montre déjà des signes de faiblesses. Le premier est sur la date de la mise en place de cette réforme. Annoncée depuis deux ans, aucune date précise n’a été fixée sur la présentation du texte devant le Parlement. Pour autant, l’exécutif a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne serait pas présentée avant les élections municipales et le plus probable est que le vote se fasse peu de temps avant les congés estivaux. Un choix de calendrier dû au caractère impopulaire du projet.

Une fois n’est pas coutume, c’est Macron qui vient défendre directement la nécessité de mettre en place cette réforme. Depuis septembre, il a multiplié les interventions dans les médias pour défendre sa promesse. Cette mise en avant du chef de l’État pour appuyer un projet de loi pas encore présenté à l’assemblée dénoté d’une certaine fébrilité de l’exécutif. 

Cette exposition pourrait bien être à haut risque pour le chef de l’État. Si sa cote de popularité n’a pas atteint les abysses records de son prédécesseur, le locataire de l’Élysée a chèrement payé la mobilisation des gilets jaunes. La suppression de l’ISF lui colle à la peau, tout comme la baisse des APL. L’injuste réforme de l’assurance chômage va montrer ses premiers effets prochainement. Si les indicateurs économiques français semblent pour l’instant résister à une conjoncture internationale marquée par un ralentissement sur fond de guerre commerciale, ça ne sera pas éternellement le cas.

Vers une mobilisation massive ?

La retraite bénéficie de plus d’un fort attachement des salariés. Pour ces derniers, il s’agit également d’une forme de contrat moral, le changement des règles en cours de carrière est vécu comme une trahison. 

Malgré l’absence de la CFDT, les syndicats semblent plus déterminés que lors des précédents mouvements sociaux. La suppression des régimes spéciaux concerne généralement des corporations promptes à défendre leurs droits par la grève. Si la réforme ne prévoit pas, en l’état, de recul de l’âge de départ, l’incertitude autour de la capacité du futur système à assurer une réelle retraite pourrait contribuer à une mobilisation de toutes les classes d’âge. 

La mobilisation infligera-t-elle un premier revers au gouvernement ? La réponse le 5 décembre.  


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