Les appels à la fin de l’intervention militaire états-unienne en Syrie prennent de l’ampleur

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Les appels à la fin de l’intervention militaire états-unienne en Syrie prennent de l’ampleur

Traduction d’un article publié le 23 septembre par People’s Dispatch

L’Iran, l’Irak et la Russie ont mis la question à l’ordre du jour de l’actuelle session de l’assemblé générale de l’ONU, alors que quelques membres du Congrès états-unien ont proposé un amendement dans ce sens au budget annuel de la défense. S’il était voté, cet amendement suspendrait tout financement des opérations militaires états-uniennes en Syrie. 

Après l’Afghanistan, les demandes de retrait des troupes états-uniennes de Syrie grandissent et sont soulevées par plusieurs acteurs. Le président iranien Ebrahim Raisi et son homologue irakien Barham Salih, s’exprimant lors de deux évènements différents ce mercredi 22 septembre, ont soulevé la question et demandé la fin de toute intervention militaire étrangère dans la région. 

S’adressant par vidéo-conférence à la 76ème assemblée générale de l’ONU, Raisi a insisté sur le fait que « la présence américaine en Syrie et en Irak constitue le plus grand obstacle à l’instauration de la démocratie et à l’expression de la volonté populaire » dans la région, d’après Syrian Arab News Agency (SANA). 

Le président irakien Salih, qui est présent à New-York pour suivre la session onusienne, a également demandé à la communauté internationale de revoir son approche de la question syrienne et de tenter une résolution politique du conflit. 

Salih a demandé au monde, Etats-Unis inclus, de reconnaître que la politique actuelle en Syrie a « totalement, définitivement échoué » avec des conséquences humanitaires dévastatrices qui sont « indéniablement trop élevées et inacceptables, moralement et politiquement », comme le rapporte The National.  

Commentant le discours du président états-unien Joe Biden lors de l’assemblée générale de l’ONU, dans laquelle ce dernier établissait que l’usage de la force armée devrait être le dernier recours de la politique étrangère d’un pays, le représentant permanent de la Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, a dit que cette déclaration devait être « mise en œuvre en pratique avec le retrait des forces états-uniennes illégitimes en Syrie », d’après SANA. 

Les interventions de Salih et Nebenzia ont lieu après que le membre du congrès états-unien Jamal Bowman a introduit un amendement crucial dans le projet de budget militaire états-unien la semaine dernière ; lequel amendement, s’il était voté, interromprait tout financement de la présence militaire états-unienne en Syrie. L’amendement a été soutenu par quelques membres démocrates du Congrès et fait partie d’un projet plus large visant à réduire le monumental budget national consacré à la défense. 

Bowman, dans un communiqué de presse de la semaine dernière, a critiqué la politique états-unienne, en déclarant que « trop de vies syriennes ont été perdues à cause de la désastreuse politique états-unienne ». Il a également demandé que, comme en Afghanistan, le président Biden cesse toute intervention militaire en Syrie « le plus rapidement possible ». 

Les Etats-Unis ont environ 900 soldats en Syrie, principalement dans l’Est du pays, dans les provinces de Deir El-Zur et Hassak. En totale violation de la souveraineté syrienne, les Etats-Unis ont également créé une base militaire à al-Tanf, dans la province d’Homs. Bien que l’état-major états-unien présente cette présence militaire en Syrie comme une mission d’entraînement et d’assistance aux alliés, il a souvent été accusé par le gouvernement syrien de mener directement des opérations. 

L’occupation états-unienne de la Syrie

Le gouvernement syrien appelle la présence militaire états-unienne dans le pays une « occupation ». Il a souvent accusé les forces états-uniennes d’aider les rebelles à prolonger la guerre et à voler les ressources du pays, notamment le pétrole de la province de Deir El-Zur, en utilisant le conflit dans le pays pour se financer. 

Les Etats-Unis ont initialement soutenu les groupes rebelles contre le gouvernement du président Bachar al-Assad lorsque la guerre a éclaté en 2011. Les troupes états-uniennes ont été envoyées en Syrie à la suite de la prise de contrôle de l’État Islamique (EI) sur une large partie du pays en 2014. Après la défaite de l’EI en 2019, les États-Unis ont principalement collaboré avec leur allié régional kurde, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), qui veut créer une région autonome à l’intérieur de la Syrie. 

La guerre en Syrie, qui dure depuis une décennie maintenant, a provoqué la mort de plus de 500 000 personnes et le déplacement forcé de près de la moitié de la population syrienne, avec au bas mot 5,6M de réfugiés syriens à présent forcés de vivre à l’étranger. Bien que le gouvernement syrien ait été capable de reprendre le contrôle sur la majeure partie du pays avec l’aide de la Russie et de l’Iran, il persiste des bastions rebelles dans le Nord du pays, soutenus par la Turquie, ainsi que des zones contrôlées par les FDS dans le Nord-Est. 

Après le retrait des Etats-Unis en Afghanistan et l’accord entre Biden et l’Irak concernant le retrait total des forces de combat d’ici la fin de l’année, l’avenir de la présence des troupes états-uniennes en Syrie est également en question. Au début du mois, la presse iranienne rapportait que les Etats-Unis avaient démantelé certaines de leurs bases au Nord-Est du pays, ce qui a depuis été démenti par les Etats-Unis. 


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