“L’objectif n’est pas de faire de la figuration mais de lutter pour redonner espoir aux couches populaires ” pour Esteban Evrard, jeune candidat communiste dans les Ardennes

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“L’objectif n’est pas de faire de la figuration mais de lutter pour redonner espoir aux couches populaires ” pour Esteban Evrard, jeune candidat communiste dans les Ardennes

De nombreux jeunes sont engagés dans les élections des conseils départementaux et régionaux, Avant-Garde est allé à leur rencontre.

Peux-tu te présenter ?

J’ai 18 ans et je suis ardennais depuis toujours. Je suis candidat sur le canton 1 de Charleville-Mézières. J’habite un petit appartement à Charleville-Mézières, la ville chef-lieu du département et je termine ma scolarité avant de chercher du boulot. Je suis adhérent du PCF depuis maintenant 3 ans et je suis également coordinateur départemental de la fédération des Ardennes du MJCF. Je suis aussi engagé associativement, notamment au sein de la CNL (Confédération Nationale du Logement) et de l’ARAC (l’Association Républicaine des Anciens Combattants).

Pourquoi es-tu engagé et pourquoi être candidat aux élections départementales ? 

Il y a plusieurs raisons à mon engagement dans ces élections. Tout d’abord il était urgent d’apporter du sang neuf et de rajeunir nos candidats. Je fais donc partie de ce processus de renouveau du PCF et de la gauche dans son ensemble au sein de mon département. Ensuite, on le sait, pour faire passer nos idées il faut être ancré dans un territoire, et cela passe inévitablement par les campagnes électorales. L’objectif n’est donc pas de faire de la figuration mais bien de lutter pour nos idées et nos propositions concrètes au quotidien et de redonner espoir aux couches populaires. Dans mon cas, il est question d’agir dans le quartier de Manchester à Charleville-Mézières et d’y poursuivre ce travail sur le long terme.     

Comment résumer la situation politique dans ton département ? Quelles sont les principales questions qui se posent ?

Le département des Ardennes est aujourd’hui en grande souffrance. Le taux de pauvreté atteint les 20%, les « caisses sont vides » et cela est à remettre tant sur les choix qui ont été faits par la majorité de droite que sur l’action de l’Etat qui a pressuré ses recettes tout en lui assénant des dépenses qui ne sont pas de son ressort (autoroutes, TGV, ligne ferroviaire Charleville-Givet etc…). 

Alors que notre département se situe parmi les moins riches, la lourde précarité et la paupérisation grandissante d’une grande partie de la population ardennaise font peser, notamment via l’ensemble de l’action sociale, dont le RSA, une charge nettement plus importante que la moyenne nationale sur les finances du département. Les Ardennais ont besoin d’une équité républicaine qui a été mise à mal depuis de nombreuses années.

En tant que jeune, comment t’adresses-tu aux jeunes de ton département qui se demandent s’il faut voter ?

Evidemment, dans la crise démocratique que nous vivons aujourd’hui, la lutte contre l’abstention est une priorité. Pour cela il ne faut pas passer par quatre chemins : il faut discuter avec les jeunes, les convaincre que voter pour des candidats qui ont les mêmes intérêts qu’eux est non seulement utile, mais primordial pour améliorer leur vie. Il faut leur redonner espoir et marquer notre singularité à nous, communistes, dans l’histoire de France. En bref, affirmer la nécessité de la lutte par les urnes. 

Il n’y a pas de secret, ce combat contre l’abstention des jeunes ne se mène pas quelques jours ou quelques semaines avant un scrutin. Je crois en la force de l’organisation. Il est plus que nécessaire de militer au quotidien, devant les lycées, les facs, les écoles, les usines pour montrer par l’exemple que la politique et le vote qui en découle est l’affaire de tous les citoyens, et que lorsque tous s’en emparent, le changement est possible.

Je terminerai en disant qu’il est particulièrement important d’élire ses conseillers départementaux. Effectivement, l’échelon départemental est historiquement un contre-pouvoir populaire formidable permettant de mener une toute autre politique que celle qui nous est imposée, notamment en direction des jeunes.    

Quelle sera ta priorité si tu es élu ?

Il est toujours compliqué de mettre en avant une seule priorité, surtout dans un département comme le nôtre qui a besoin de tant de choses. Pour autant, l’une des dernières grosses compétences du Conseil Départemental qui est la gestion des collèges requiert toute notre attention. Je m’explique : dans une logique nationale, la droite a mis en place un « Plan collège » qui ne répond en aucun cas aux exigences du temps. L’éducation est une priorité majeure et ne doit pas être vue sous l’angle des chiffres mais de l’humain. Ce plan collège a d’ailleurs été décidé sans aucune concertation avec la population concernée, les habitants, les professeurs, les parents d’élèves, et les élèves eux-mêmes qui méritent bien évidemment de donner leur avis. Résultat : nous voyons venir une nouvelle casse de la proximité, une nouvelle casse de l’enseignement public par un chemin détourné de l’Education Nationale.

Il est urgent de préserver la proximité, d’assurer un environnement sain et d’en finir avec les passoires thermiques. Nous l’avons vu depuis plus d’un an maintenant, et nous le disons depuis des années, il est urgent de doter les jeunes d’un ordinateur dès l’entrée au collège, et ce, dans la concertation avec le Conseil Régional pour harmoniser ce dispositif avec celui mis en place pour les lycéens. Il faut aussi faire des collèges un lieu de solidarité et d’équité républicaine en œuvrant pour des tarifs sociaux dans la restauration scolaire et en luttant pour le retour à la gratuité des transports scolaires, à nouveau en lien avec la région.

Comment un élu peut-il être utile au quotidien et porter les revendications des citoyens ?

La question de la démocratie fait entièrement partie de mon engagement dans ces élections. Comme je l’ai rappelé plus haut, le Conseil Départemental est un lieu de contre pouvoir populaire formidable qui doit retrouver toute sa place dans notre République. Il est pour moi l’échelon démocratique par excellence, il faut donc lui redonner tous ses moyens. Pour cela, il faut redonner toute sa dynamique citoyenne au département. Effectivement, ce n’est pas seulement des moyens supplémentaires qui rendront l’âme de notre département. Il faut un contrôle populaire de ce que font les élus. Nous proposons notamment la création d’un Conseil de Développement Durable lié aux citoyens et aux organisations départementales de la société civile, engageant les élus à faire des bilans réguliers. Nous nous engageons aussi à lancer des innovations participatives cantonales pour recueillir l’avis, les propositions ou les demandes de toutes et tous.

Récemment, 80 CRS ont été envoyés dans le quartier de Manchester pour une opération de « maintien de l’ordre ». Comment analyses-tu ce climat délétère dans le quartier ?

En effet, 80 CRS ont été envoyés de Reims pour mener des opérations de « maintien de l’ordre » durant quelques jours. Cela intervient après un énième épisode de violence dans le quartier : destructions de caméras, feux de poubelles, intimidations des habitants par des individus cagoulés.

Nous avons immédiatement condamné fermement ces actes en appelant dans le même temps à une réponse ferme. Cette violence est belle et bien organisée et liée aux trafics en tout genre. Je réaffirme qu’il faut tout à la fois de la répression et du social ! Il faut effectivement donner des perspectives d’avenir aux jeunes, un emploi ou une formation, il faut en finir avec les vies en pointillés. Pour autant, il faut également en finir au plus vite avec les réseaux criminels. Les locataires et les travailleurs doivent vivre en paix. Au-delà des compétences du Conseil Départemental, nous nous battrons si nous sommes élus de la République pour le rétablissement d’une grande Police Nationale de Proximité, avec des missions précises, liées à l’embauche de nombreux éducateurs spécialisés.

En définitive, ce déploiement de CRS dans le quartier me semble relever d’une opération de forme plus que de fond. Les voilà repartis, et les habitants n’y ont rien gagné. 


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