Loi de Finance, entretien avec Fabien Roussel député communiste du Nord

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Loi de Finance, entretien avec Fabien Roussel député communiste du Nord

Le projet de loi de finance pour 2018, actuellement en débat à l’assemblée s’annonce comme un marqueur du quinquennat. L’austérité et les cadeaux faits aux riches sont loin d’être une fatalité, entretien avec Fabien Roussel député du Nord, qui porte le contre budget des parlementaires communistes.

Quelle importance revêt le projet de loi de finance dans le fonctionnement de l’Etat ?

C’est vraiment un acte majeur dans la vie de notre pays.

Au-delà du vote des ressources et des charges de l’Etat, le Projet de loi de finance traduit une volonté politique. En décidant, par exemple,de supprimer l’impôt de Solidarité sur la Fortune, de baisser la taxe sur les transactions financières, la taxe sur les dividendes, de priver les collectivités locales de 13 milliards d’euros, le gouvernement et sa majorité font le choix de soutenir les privilégiés, la finance et portent une attaque délibérée contre la décentralisation et l’autonomie des communes.

Ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres, mais très révélateurs de l’importance du PLF : c’est un outil au service d’une vision de la société. Celle qui est à l’œuvre est injuste, inefficace et purement comptable. C’est pour cela que nous la combattons fermement.

Quelle différence de  vision politique transparaît de la confrontation de vos projets de budgets respectifs ?

Le budget dicté par Emmanuel Macron tient en une formule : Tout pour les riches !

Chaque jour qui passe alourdit un peu plus la facture des cadeaux fiscaux aux plus fortunés. La note est de 24 milliards et on n’est certainement pas au bout de nos surprises. Notre vision est exactement à l’opposé. Il est urgent de mettre l’argent au service du plus grand nombre.

Des solutions alternatives existent, comme nous le démontrons dans notre contre budget. La première consiste déjà à annuler les cadeaux fiscaux, ensuite à renforcer, au lieu de la diminuer, la contribution des grands groupes et à conditionner les aides publiques versées aux entreprises.

Avec ces nouvelles recettes, et associés à d’autres choix budgétaires, nous pourrons redonner du pouvoir d’achat à ceux qui en ont besoin, soutenir les TPE, PME, l’artisanat, l’industrie et les grands projets. Nos priorités vont aussi vers l’école, les collectivités, les secteurs publics, les hôpitaux, le logement, les agriculteurs…

En bref, notre budget est centré sur les besoins des gens et l’économie réelle, et non au service de la finance et des plus aisés.

Et plus particulièrement pour les jeunes ?

Les jeunes sont particulièrement touchés par ce premier budget Macron. La baisse des APL va amoindrir un pouvoir d’achat déjà souvent très  faible. Premiers concernés, les étudiants subissent également la pénurie de places dans certaines filières à l’université. La restriction des emplois aidés va également précariser une partie de la jeunesse, souvent la plus fragile, alors que les missions assumées devraient au contraire être pérennisées.

De même le budget jeunesse et sports est en baisse, sacrifiant le soutien à la vie associative.

Dans notre contre budget, nous prévoyons un plan de 5 milliards d’euros en faveur de l’école afin de préparer l’avenir de notre jeunesse.

Pouvez-vous donner quelques chiffres clefs de ces budgets ?

On peut commencer par le montant du cadeau fiscal fait aux plus riches : 12,4 milliards d’euros. A mettre en regard avec les 15 milliards d’économies sur la dépense publique, dont 5 milliards pour la seule Sécurité sociale.

Parmi les perdants, je citerai aussi le logement, privé de 1,7 milliard et l’aide à l’emploi, dépouillée de 1,5 milliard. A l’opposé, le budget de la défense, lui, est en augmentation de 1,8 milliard. Un dernier chiffre pour terminer, celui du déficit public : 82,9 milliards (76,5 milliards en 2017), soit à peu de choses près le montant annuel de l’évasion fiscale.

Vous êtes 11 ils sont 308 députés En Marche et 42 Modem, c’est un peu un remake de 300 à l’Assemblée Nationale non ?

Oui mais le combat ne se gagnera pas à l’Assemblée nationale. Il doit se mener dans toute la France, au travail, dans les universités pour que chaque français prenne conscience de la situation, du poids que l’on peut avoir tous ensemble, si on s’unit, si on se rassemble.

C’est toujours une question de rapport de force, comme dans 300 ! Mais le nombre à l’échelle de la France peut être de notre côté.


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