Macron, sa mauvaise blague sur l’université

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Macron, sa mauvaise blague sur l’université

Ce vendredi 14 avril, le candidat à l’élection présidentielle Emmanuel Macron était en Isère pour prononcer un discours sur l’enseignement supérieur et la recherche (ESR).

Alors qu’il abordait le thème de la gouvernance des universités, le leader du mouvement ” En marche ” a éprouvé quelques difficultés à lire son texte. Et c’est alors le sourire aux lèvres qu’il a expliqué au public qu’il ne comprenait tout simplement pas ce discours que lui avait rédigé son équipe, provoquant les rires de ses auditeurs.

L’enseignement supérieur, oublié de la présidentielle

Cette situation, loin d’être amusante, est plutôt alarmante. En effet, le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche n’est pas un sujet humoristique mais un pôle clé de notre société. Il s’agit de former les travailleuses et travailleurs de demain et à ce titre l’ESR devrait capter l’attention des différent-e-s candidat-e-s.

Le candidat du capital, soutenant sans surprise le processus de libéralisation de l’ESR mené depuis 30 ans, préfère répondre à la massification de l’enseignement supérieur par la sélection.

De même, face à la multiplication des parcours et types d’établissements hiérarchisant les diplômes, répond par un soutien à un enseignement à deux vitesses, entre filières d’excellences et filières poubelles.

Enfin, pour répondre à la précarité étudiante, il préfère y voir une occasion de développer le salariat étudiant.

L’enseignement supérieur un enjeu majeur de notre époque

Plutôt que de rire de son inaptitude à comprendre son texte et son propre programme, il aurait été de bon ton de faire des propositions afin de permettre aux universités d’accueillir le nombre croissant d’étudiant-e-s ou bien de rénover les nombreux amphis dont le plafond se détache.

A cette fin, il aurait pu proposer un réinvestissements de 3 milliards d’euros de la part de l’état dans l’ESR. Une autre proposition pertinente aurait été celle de l’augmentation du nombre d’enseignant-e-s afin de réduire les effectifs dans les groupes de TD et les amphis.

On aurait même pu envisager, au vu du nom de son livre-programme, qu’il amorce une révolution dans l’ESR en supprimant la concurrence entre universités via un cadrage national des diplômes, assurant à tous une formation, puis une insertion professionnelle identique. De même, il aurait pu garantir à l’ensemble des étudiant-e-s la possibilité de suivre leurs études sans faire face à la précarité, grâce à un salaire étudiant.

Mais nous n’avons rien de cela, à la place le candidat à la plus haute fonction de l’état n’était même pas en connaissance de son projet pour l’esr. Il semble alors légitime de penser que sa campagne soit construite autour de son unique personne et non autour d’un programme.

Comme il le dit lui même “Ce qui est important ce n’est pas le programme, c’est la vision”, on ne va pas le contredire, c’est bien une vision de classe que porte Emmanuel Macron, celui de la précarité généralisée pour le profit d’une minorité.


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