Mobilisation dans l’éducation : un tour de chauffe réussi

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Mobilisation dans l’éducation : un tour de chauffe réussi

Mardi 26 janvier a eu lieu une journée nationale de mobilisation de l’ensemble du secteur éducatif. 

Dans un contexte sanitaire inédit qui rend plus difficile la mobilisation des élèves et des personnels, la journée a vu des manifestations bien garnies se tenir à travers tout le pays, s’appuyant sur un taux de gréviste important. 

Forte mobilisation des personnels du premier et du second degré

L’initiative de cette journée de mobilisation avait été lancée par une intersyndicale professionnelle rassemblant les principaux syndicats d’enseignants (FSU, CGT, FO, SNALC, SNCL et SUD) et semble avoir trouvé écho auprès des personnels. 

Malgré le refus des syndicats UNSA et Sgen-CFDT d’appeler à la grève, ce sont pas moins de 30% d’enseignants du premier degré et 40% du second degré qui étaient mobilisés à travers le pays. 

La mobilisation des enseignants tournait autour de 3 axes majeurs. 

Tout d’abord la revendication d’un véritable plan d’urgence dans l’éducation. Face à l’accroissement des difficultés scolaires liées au confinement du printemps 2020 et aux cours par intermittence dans les lycées, les syndicats réclamaient des créations de postes massives pour les prochaines rentrées, une revendication rendue d’autant plus urgente après l’annonce de la baisse du nombre de postes ouverts aux concours d’enseignement dans le premier et second degré ainsi que la suppression de 1 900 postes en collèges et lycées.

Autre sujet de discorde, le Grenelle de l’éducation proposé par Jean-Michel Blanquer, prétendant assurer une “revalorisation historique” des salaires des enseignants, dont le point d’indice est maintenant gelé depuis 2010. Alors que le Ministre vante une augmentation de 400 millions d’euros dans le budget 2021 visant à augmenter les professeurs, le SNUipp, syndicat majoritaire dans le premier degré constate “une toute autre réalité”: seule une minorité d’enseignants, en début de carrière, seront concernés par cette -déjà faible – augmentation (30% des enseignants). Rappelons que le salaire des professeurs français n’arrive qu’à la 22ème place parmi les pays membres de l’Organisation de Coopération de Développement Économique (OCDE). 

Enfin, l’arrivée probable d’une troisième vague épidémique était au cœur des préoccupations des enseignants : comment assurer des enseignements de qualité tout en mettant en place un protocole permettant de garantir la santé des élèves et des personnels ? Une équation à laquelle ne semble pas presser de répondre Jean-Michel Blanquer, continuant de répéter à qui veut l’entendre que “tout est prêt”. Rappelant leur attachement au maintien de l’ouverture des établissement scolaires, les personnels mobilisés ont réclamé l’ouverture d’une réelle concertation afin d’anticiper un nouveau pic épidémique et d’éviter de répéter la catastrophe de la rentrée de Toussaint 2020. 

Mais les enseignants n’étaient pas les seuls personnels mobilisés ce mardi 26 janvier. 

Les infirmiers scolaires sont aussi venus grossir les rangs des manifestations, afin de protester contre une loi “visant à améliorer le système de santé”. Ils dénonçaient notamment un amendement introduit en catimini à l’Assemblée Nationale qui placerait ces personnels au sein d’un service d’experts dominé par des médecins. Une manière de retirer à ces professionnels leurs compétences au sein des établissements et de les caporaliser, sous la tutelle de médecins. Un amendement qui viendrait remplacer une approche globale de la santé des élèves (environnement social et familial, difficultés scolaires, alimentation, etc.) par une “médicalisation de la médecine scolaire”, réductrice et vectrice d’inégalités sociales pour le SNICS-FSU, syndicat majoritaire des infirmiers scolaires.  

Autres personnels mobilisés, les Assistants d’éducation ont aussi battu le pavé à travers le pays. En première ligne dans les collèges et lycées pour assurer la mise en place effective des protocoles dans les établissements, ceux-ci ne sont pas concernés par les augmentations prévues par le Grenelle de l’éducation. Effectuant un métier dépassant largement la seule fonction de surveillance, celui-ci ne se voit pourtant pas reconnu puisque ne pouvant pas être réalisé plus de 6 années, et cela dans le cadre de contrats extrêmement précaires. Au cœur des revendications donc, la reconnaissance du métier, à travers la titularisation de ces agents. 

Les étudiantes et étudiants dans la danse

Si la mobilisation a donc été une réussite côté personnels, les élèves et étudiants n’étaient, eux non plus, pas en reste. 

Après le succès de la journée de mobilisation du 20 janvier à l’appel d’une inter-organisation à l’initiative de l’Union des étudiant.es communistes, étudiantes et étudiants s’étaient joint à l’appel à la mobilisation et s’étaient eux aussi donné rendez-vous dans la rue ce 26 janvier. 

Visiblement, les annonces d’Emmanuel Macron n’auront pas suffit à calmer la colère des étudiantes et étudiants. Alors  que ceux-ci réclament toujours la réouverture des universités avec un protocole sanitaire strict, le gouvernement a répondu par une pirouette technocratique qui traduit son niveau de déconnexion avec la réalité: les établissements pourront accueillir les étudiants en présentiel dans la limite de 20% de leur capacité d’accueil. 

Une réponse, qui, au-delà de tomber totalement à côté de la plaque, s’avère impossible à mettre en œuvre. En réalité, pour le gouvernement, l’affaire est jouée, la plupart des étudiants ne reprendront pas les cours en présentiel. Dont acte. Actée aussi, la détresse psychologique dans laquelle ils et elles sont nombreux à être plongés. 

Pour Jeanne Péchon, secrétaire nationale de l’Union des étudiant.e.s communistes, “les annonces de Macron et Vidal n’ont pas fait faiblir la mobilisation”. C’est un réel investissement dans l’ESR permettant d’assurer 50% de cours en présentiel et un plan de lutte contre la précarité étudiante que doit proposer le gouvernement, continue celle qui dirige la première organisation politique étudiante de France.

Particulièrement touché par la crise sanitaire et sociale que le pays traverse depuis bientôt un an, le secteur de l’éducation a hier relevé la tête. Pas certain que les revendications soient encore arrivés aux oreilles des ministres concernés, qui se livrent depuis la journée de mobilisation à une piteuse tentative de discréditer les manifestants, à coup de faux chiffres et de contre-informations. 

Qu’à cela ne tienne, rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le jeudi 4 février, cette-fois ci dans le cadre d’une journée de mobilisation interprofessionnelle.


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