Nicolas Bonnet-Oulaldj : « Paris 2024 doit être une grande fête populaire pour la paix dans le monde »

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Nicolas Bonnet-Oulaldj : « Paris 2024 doit être une grande fête populaire pour la paix dans le monde »

À l’approche des Jeux olympiques d’été de Paris, nous avons rencontré Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe communiste au Conseil de Paris et membre de la direction nationale du PCF.

Que signifie « Paris 2024 » pour vous ?

Vu le contexte, Paris 2024 doit être une grande fête populaire pour la paix dans le monde, c’est l’essence des Jeux. La culture de paix doit être une priorité, nous devrions par exemple soutenir les projets d’échanges et de coopération entre les jeunes sportives et sportives. Nous pourrions par exemple dès maintenant lancer un appel à projets dans les collèges et lycées « je joue, je rencontre le monde » pour des échanges internationaux autour du sport.

Entrons-nous dans une nouvelle phase de préparation avec la clôture des Jeux d’hiver à Pékin ?

Oui, nous sommes à 2 ans des Jeux, autant dire que c’est la dernière ligne droite ! Pour les athlètes, l’objectif des jeux est dans toutes les têtes et déjà dans leur programme de préparation. Pour les collectivités, nous sommes en plein dans les travaux de construction des équipements et nous devons initier un grand mouvement pour impliquer plus encore la population à la participation et aux festivités qui auront lieu autour des jeux.

Où en est-on des discussions et des luttes pour l’héritage de « Paris 2024 » ?

C’est une question clé de l’élection présidentielle et des législatives. Pour qu’il ait héritage, il faut construire des équipements sportifs, et je trouve que nous sommes loin du compte. Nous proposons un grand plan de rattrapage des équipements sportifs avec la construction de 1000 nouvelles piscines et 1000 nouveaux complexes sportifs. La priorité sera donnée aux quartiers populaires, aux DOM-TOM, au développement des pratiques féminines, scolaires, séniores, personnes en situation de handicap et au sport santé. 

Est-ce que les engagements nationaux sont à la hauteur ? L’élection présidentielle aurait-elle dû mettre davantage en débat différents positionnements sur les Jeux ?

Le sport ne doit plus être la 5e roue du carrosse des politiques publiques. Pour être à la hauteur des besoins, nous considérons qu’il faut un plan d’urgence avec le doublement immédiat des crédits dédiés au sport la première année du quinquennat (2 milliards d’euros) pour atteindre progressivement 1 % du budget, soit 3 milliards d’euros par an. La priorité sera donnée aux associations sportives et aux collectivités pour relancer l’offre sportive sur notre territoire, avec des critères d’objectifs visant à réduire les inégalités.

Comment redéployer et développer les associations sportives et les pratiques amateurs ?

Le premier frein est le coût de la pratique. Le coût moyen d’une inscription en club est de 250 euros, ce qui creuse inévitablement les inégalités. En 2020, 47 % des ouvriers ne faisaient pas de sport, contre seulement 13 % des cadres. Nous proposons une aide à l’inscription en club pour toutes et tous à hauteur de 50 % de la cotisation sur critères sociaux, quel que soit l’âge. Il faut aussi un profond changement de société. Le sport sera un droit accessible à toutes et tous que s’il y a une avancée du pouvoir d’achat et du temps libre. Le programme des jours heureux met en priorité l’augmentation des salaires, des minimas sociaux et des pensions, la retraite à 60 ans à taux plein, la semaine de travail à 32 h et la sécurisation de l’emploi et de la formation.

Quel est votre avis sur la diplomatie des sanctions sportives ou sur les demandes de boycott de compétitions ?

D’abord, il faut saluer le mouvement inédit de soutien des sportifs pour la paix en Ukraine. Parmi eux, il y a des Russes sur lesquels nous devons nous appuyer pour faire entendre le cessez-le-feu. Le sport est un vecteur important de paix et de fraternité, il faut donc prendre des sanctions en cas de guerre. Les compétitions internationales doivent avoir lieu dans des pays en paix et non sur le sol russe. En ce qui concerne les équipes nationales russes, elles ne peuvent pas concourir sous la bannière de leur pays, mais les athlètes peuvent passer sous la bannière olympique. Enfin, il faut cibler les oligarques russes, soutiens de Poutine, propriétaire de grand club professionnel tel que Chelsea.

Une dernière question sur le football. Après le déplacement à Paris de la finale de la Ligue des champions, que dire du maintien de la Coupe du monde au Qatar ?

Depuis l’attribution de la coupe du monde au Qatar, nous nous sommes prononcés pour le boycott, mais nous constatons qu’il est peu suivi dans l’opinion publique malgré plusieurs milliers de morts sur les chantiers. La coupe du monde aura donc lieu et ce sera l’occasion d’ouvrir un débat de fond sur l’attribution de grands événements sportifs à certains pays qui sont en contradiction avec les valeurs promues par l’olympisme. Nous devons prendre en compte les droits de l’homme, l’environnement et les droits des salariés. À l’instar de l’agence mondiale antidopage, nous proposons la création d’une agence internationale composée du mouvement sportif et des États en charge d’attribuer les grands événements sportifs selon des critères éthiques, sociaux et écologiques.


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