“Notre congrès doit nous permettre d’adresser un message fort” Entretien avec Camille Lainé secrétaire générale du MJCF

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“Notre congrès doit nous permettre d’adresser un message fort” Entretien avec Camille Lainé secrétaire générale du MJCF

Le Mouvement Jeunes Communistes de France, première organisation politique de jeunesse du pays, tient ce week-end son 42ème Congrès. Celui-ci tombe dans une période historique particulière pour le mouvement communiste en général et particulièrement pour son organisation de jeunesse. A cette occasion nous avons rencontré Camille Lainé qui en est la Secrétaire Générale.

Vous tiendrez votre 42ème congrès en décembre dans une période politique très spéciale…Comment abordez-vous cet événement au regard du contexte ?

C’est effectivement une période historique très particulière sur plusieurs aspects. D’abord il y a la situation catastrophique que vivent les jeunes dans notre pays et plus largement dans le monde. Nous avions tenu notre dernier congrès en 2014 alors que le slogan de l’ancien Président de la République était “Priorité jeunesse”. Quatre ans après, non seulement nous n’en avons pas vu la couleur mais nous avons été obligés de nous battre sur tous les fronts, de lutter sans cesse pour nos droits et nous avons depuis, un nouveau Président en la personne d’Emmanuel Macron qui a le pied bloqué sur l’accélérateur avec comme objectif la casse générale des droits collectifs en ciblant la jeunesse en priorité.

Le taux de chômage que nous connaissons, la situation de mal-logement, la casse de l’éducation, la privatisation et la sélection dans l’enseignement supérieur, la précarité horrible que contiennent les jobs de plateforme… Tout est mis en oeuvre pour libéraliser l’économie en utilisant les jeunes comme laboratoire en nous exploitant, en fracturant nos droits sociaux, en brisant nos solidarités, etc.

Enfin, nous vivons une période de bouleversements politiques forts… De nouvelles forces se réclamant d’un nouveau monde ont vu le jour comme En Marche ou la France Insoumise. Elles ont pu séduire de nombreux jeunes mais atteignent très vite leurs limites démocratiques, de participation, d’implication, d’émancipation, d’engagement. L’extrême droite est à un niveau alarmant via le Rassemblement  National anciennement Front National, mais aussi tous ses groupuscules violents et haineux. Bref il nous faut affirmer et définir ensemble le besoin plus que jamais palpable d’une organisation de jeunes communistes dans notre pays. Je suis convaincue que des milliers de jeunes en ont besoin et notre congrès doit nous permettre de leur adresser un message fort !

Etre jeune et communiste c’est donc plus que jamais d’actualité selon vous ?

Bien sûr ! Je suis jeune communiste et je le pense, les milliers de camarades du MJCF le pensent aussi, mais cela va bien au delà ! Il y a des choses qui ne trompent pas vous savez… Quand un ministre de l’écologie, qui n’a rien de communiste, démissionne en affirmant que l’écologie est incompatible avec le capitalisme, quand dans la santé de nombreux professionnels, chercheurs, comités d’usagers pointent l’impasse des logiques de rentabilité et défendent les services publics, quand des milliers de jeunes descendent dans la rue contre la mise en place de la sélection à l’université, nous voyons qu’il y a un constat commun. De la même manière, loin des discours racistes, haineux, populistes, quand des milliers de jeunes s’engagent dans des associations d’aide aux migrants, là encore nous voyons que ce n’est pas le camp du renoncement et de la peur qui l’emporte. Nous le constatons lors de nos initiatives de solidarités concrètes sur le terrain, des centaines de jeunes organisent à nos côtés des bourses aux jouets, des collectes pour les migrants, des repas solidaires, de l’aide aux révisions, des ventes de matériel scolaire à petits prix… Les questions que la période pose à notre génération qui semble déjà condamnée à vivre moins bien que celle de ses parents, dans la haine et la concurrence sont les suivantes : Entre les mains de qui va-t-on laisser notre avenir ? A quel prix ? Jusqu’où serons-nous capable de nous résigner au renoncement de tout, de notre dignité, de notre solidarité, de notre humanité ?

Ce sont de grandes questions…qui impliquent de grandes réponses ?

Oui et non. Oui car nous avons besoin de prendre la mesure de l’importance de ces réalités. Non car il n’y a pas de grandes réponses toutes trouvées à ces questions si importantes, si ce n’est des réponses collectives ancrées dans le réel, dans l’action. Quand je dis : entre les mains de qui va-t-on laisser notre avenir ? A quel prix ? C’est on ne peut plus clair. Aujourd’hui une poignée de gens détient la majorité des richesses de l’humanité, nous exploite, nous plonge dans la précarité, conduit la planète à une catastrophe écologique qui menace notre existence, crée la guerre, force des gens à l’exil au prix de leur vie et nous dresse les uns contre les autres. Arrêtons-les ! Nous sommes la majorité et il existe des moyens politiques des mesures immédiates pour leur reprendre le pouvoir.

Mais pour cela nous devons absolument lutter contre toutes formes de résignation, de renoncement, en créant les outils, les cadres collectifs qui permettent de mener le combat ensemble, de faire vivre la solidarité, de permettre à chacune et chacun de s’émanciper dans un combat qui parte de sa condition jusqu’à l’intérêt général. Non il n’est pas normal de finir par accepter de vivre sous le seuil de pauvreté. Non il n’est pas normal de vivre dans des conditions insalubres. Non il n’est pas normal de devoir renoncer à ses choix à son parcours de vie selon où on a grandi, les moyens de nos parents, etc. Il n’est pas normal non plus d’accepter qu’après nous la planète n’existe plus ou d’accepter, car nous n’aurions pas le choix, que des migrants meurent à quelques kilomètres de nos côtes alors qu’ils fuient les restes de notre colonisation, les guerres de nos gouvernants.

La Palestine fait partie de vos combats les plus marquants depuis plusieurs années. Ce congrès va t’il réaffirmer ce choix ?

C’est vrai,  la question de la Palestine, nous est historiquement chevillée au corps. Les Palestiniennes et palestiniens vivent une situation on ne peut plus critique ou l’existence même de l’espoir est menacé. Entre sa non-action concernant Salah Hamouri et sa politique étrangère qui n’oeuvre en rien pour la reconnaissance de l’Etat Palestinien, pour faire de la France un acteur de paix, Emmanuel Macron nous fait courir à la catastrophe sur ce sujet. Notre congrès sera l’occasion de réaffirmer notre combat et de le faire partager à la majorité des jeunes. Nous avons toujours tenu une position claire qui consistait à mener ce combat en agissant ici et maintenant. Nous allons donc décider ensemble des meilleurs moyens pour y arriver mais l’urgence nous force à être encore plus à l’offensive que jamais sur cette question. C’est une question de droit, de paix, de justice qui concerne bien sur la Palestine, mais plus globalement, le monde entier. Renoncer à ce combat serait finalement renoncer à la paix et ca c’est inconcevable pour nous.

Le MJCF est donc l’outil qui permet d’affronter cette résignation ? De changer de société ?

Bien évidemment. Nous constatons les impasses et les contradictions du capitalisme. Nous sommes communistes et nous avons un projet de société aux antipodes de ce que nous vivons actuellement. Notre organisation a pour but d’être utile à chaque jeune qui souhaite se l’approprier, en devenir acteur, auteur ! Nous voulons être ce cadre démocratique dans une société verrouillée qui permet de débattre d’échanger, de confronter mais aussi et surtout d’agir ! Cette question de la vie de notre mouvement, de son fonctionnement, de nos pratiques militantes sera d’ailleurs très importante dans notre congrès car nous prenons la mesure de notre responsabilité : ouvrir un chemin d’espoir pour permettre à des centaines de milliers de jeunes de s’engager, de lutter, de dépasser le capitalisme pour construire pierre par pierre une autre société. C’est un énorme travail mais il est à mon avis à la hauteur de notre détermination. Nous avons plus que jamais besoin de communisme et donc plus que jamais besoin d’une organisation de jeunesse communiste construite et appropriée par et pour le plus grand nombre.


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