OMS, la coopération internationale face à l’impérialisme

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OMS, la coopération internationale face à l’impérialisme

Le 14 avril, les États-Unis d’Amérique ont coupé leur contribution annuelle de 400 millions de dollars à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Donald Trump s’est justifié en accusant la gestion de la crise sanitaire par l’OMS. Une décision politique qui appuie un discours agressif à l’égard de son concurrent économique chinois… C’est la coopération internationale qui en fait les frais.

La mise en cause de l’OMS tire sur le complotisme

Jusqu’à la fin mars, Donald Trump jugeait que le coronavirus était un « canular ». Il relativisait le virus, le comparant à une grippe, et il refusait l’arrêt de l’économie. Au mois de janvier, Donald Trump félicitait même Xi Jinping, le président chinois, pour sa transparence. Depuis le discours a bien changé : il souligne constamment l’origine chinoise du virus et reproche à Pékin sa gestion de la crise. L’OMS elle-même est accusée par Trump d’être sous l’influence de la Chine et d’avoir dissimulé la propagation du virus. 

Le président américain fait mine d’ignorer la dimension diplomatique de l’OMS qui ne peut envoyer ses experts dans un pays (comme la Chine) qu’à sa demande. Le 21 avril, l’OMS a dû rappeler que le virus a une origine animale et n’a pas été créé dans un laboratoire chinois. 

La prétendue influence chinoise de l’OMS ne tient pas si on regarde le fonctionnement de l’OMS : la Chine a certes un poids diplomatique considérable, mais le cadre multilatéral de l’OMS compte 194 membres. Les attaques de Trump contre l’OMS servent principalement une rhétorique antichinoise destinée à maintenir le leadership américain et à faire oublier les erreurs de Washington sur le virus. Mais la Chine occupe surtout un espace diplomatique libéré par des États-Unis qui se désintéressent des institutions internationales….

Une décision dangereuse qui fait suite à d’autres attaques contre la coopération entre les peuples

Le cadre multilatéral, comme celui de l’OMS, déplait au président américain. En effet, chaque pays y a une représentation et les États-Unis n’y ont pas le dessus du tout. Le directeur de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus est éthiopien. De plus, l’OMS conseille les États et les populations, sans empiéter sur leurs souverainetés.

La suspension du financement par les États-Unis met en danger l’OMS et par conséquent des vies. Si l’OMS a moins de moyens financiers, elle devra licencier du personnel et réduire sa capacité d’intervention. Sauf que l’organisation n’intervient pas que sur le coronavirus dans le monde, mais aussi sur la rougeole, le paludisme, Ebola, le VIH, la malnutrition, le cancer, le diabète, etc. C’est grâce à cette solidarité et cette coopération internationales que des milliers de vies sont sauvées chaque année.

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump attaque la coopération internationale. En 2017, les États-Unis avaient déjà quitté l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) jugée trop critique envers Israël, après avoir suspendu son financement en 2011 à cause de la présence de l’État palestinien dans l’organisation. En 1984, Ronald Reagan était déjà parti de l’UNESCO soi-disant trop proche de l’Union soviétique. Enfin, Donald Trump s’était retiré des accords de Paris sur le climat, signés par Obama en 2015, qui engageaient les États-Unis à réduire les émissions de gaz à effet de serre de près de 30% d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005. La France et la Chine avaient réagi en réaffirmant ensemble que ces accords constituaient « un processus irréversible ».

La gestion du coronavirus par l’OMS n’est qu’un nouveau prétexte pour les États-Unis pour casser le multilatéralisme et imposer des rapports de force bilatéraux dans une logique de domination.

Pourtant, les défis mondiaux comme la lutte pour la santé ou celle pour le climat exigent des coopérations internationales croissantes, dans un cadre multilatéral, loin des politiques de puissances à l’ancienne, en libérant les peuples de l’impérialisme.


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