Palestine, après la décision de Trump

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Palestine, après la décision de Trump

Il y a un mois Trump annonçait reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et son intention d’y déplacer l’ambassade américaine. Netanyahou, empêtré dans de multiples affaires de corruptions, entretient une surenchère belliciste pour se maintenir au pouvoir.

Le choix de l’isolement des Etats-Unis

La décision de Trump était autant un gage donné son allié israélien qu’un geste à destination de l’électorat conservateur d’Alabama. Une sénatoriale partielle avait lieu au même moment dans cet état réputé très conservateur. Les Églises évangélistes blanches, qui prônent une lecture littérale de la Bible, voit dans ce texte un droit de propriété des Juifs sur Jérusalem.

La décision n’a pas permis au candidat soutenu par Trump de se sauver. Accusé à plusieurs reprises d’agressions sexuelles, la mobilisation électorale des minorités a donné la victoire à son adversaire démocrate. Cette défaite cinglante pour les républicains s’est accompagné d’une humiliation du pays à l’ONU.

Malgré les menaces de l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, 134 pays ont voté en Assemblée Générale une résolution condamnant l’initiative américaine. Seul le Guatemala, dont les liens sécuritaires avec Israël continuent depuis la dictature, a annoncé son intention d’imiter son voisin américain.

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Le double jeu des puissances régionales

Cette apparente condamnation de la communauté internationale doit cependant être nuancée. Le vote de l’Assemblée Générale de l’ONU n’a aucun caractère contraignant. De plus, aucun pays n’est réellement prêt à s’opposer à la décision américaine. La France a ainsi exprimer son désaccord mais sans produire aucun geste de solidarité à destination des Palestiniens.

Les pays du Proche orient, qui affichent leur soutien aux Palestiniens, jouent pour certains un double rôle. L’Arabie Saoudite est nettement plus préoccupée par l’Iran contre lequel Israël apparait être un allié que du sort des Palestiniens. De même pour l’Egypte, où plusieurs enregistrements montrent qu’un officier des renseignements a même essayé de convaincre des animateurs télés de vendre à l’opinion que Ramallah pouvait tout aussi bien être la capitale d’un futur Etat palestinien.

Ce n’est pas l’appel du dictateur Erdogan à reconnaître Jérusalem comme capital de l’Etat palestinien qui a renversé le rapport de force. Les Palestiniens semblent plus isolés que jamais. L’Autorité palestinienne peine à retrouver une légitimité et la réconciliation du Fatah et du Hamas n’a pas permis d’améliorer sensiblement le quotidien des gazaouis. La suppression de la contribution américaine, envisagée par Trump, aggraverait encore la crise de cet embryon d’Etat palestinien.

L’appareil sécuritaire israélien se durcit

Les régulières manifestations de colère des Palestiniens contre la décision américaine ont donné lieu à des affrontements asymétriques, l’armée israélienne n’hésitant pas à tirer à balles réelles contre les lanceurs de pierres. Plusieurs décès ont été recensés. Quelques tirs de roquettes depuis la bande de Gaza ont eu lieu et ont donné lieu à plusieurs dizaines de raids aériens.

Les arrestations se sont également multipliés. Le cas de Ahed Tamimi, 16 ans, en détention depuis plusieurs semaines avec sa mère est devenu emblématique. Les deux palestiniennes se voient reprocher d’avoir frapper les soldats israéliens qui occupaient leur village. Elle est sous le coup de 12 chefs d’inculpations pour des incidents répétés au cours de l’année avec les soldats de la force occupante, sa mère est elle sous le coup de 5 chefs d’inculpation. Sa cousine arrêtée en même temps a pu bénéficier d’une liberté sous caution.

Les prisonniers politiques sont un mode de fonctionnement de l’occupation de la Palestine par Israël. Depuis la seconde Intifada, le leader palestinien Marwan Barghouti est ainsi détenu, condamné à cinq peines de prison à perpétuité. Plus récemment c’est l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri qui  a été arrêté le 23 août dernier est emprisonné depuis sous le régime de la détention administrative sans qu’aucun chef d’inculpation n’ait été rendu public.

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La colonisation continue

La colonisation du territoire palestinien s’est accéléré depuis l’élection de Donald Trump il y a un an. Le 31 décembre, le comité central du Likoud, le parti de Netanyahou, adoptait à l’unanimité une résolution invitant leurs élus à tout faire pour faciliter l’implantation de nouvelles colonies en Cisjordanie.

Mercredi dernier, le ministre de la défense a présenté un plan pour la construction de 1285 logements, tout en annonçant que 2500 autres dans 20 colonies seront bientôt présentés. La gouvernement israélien démontre ainsi une fois de plus son refus de la paix et son mépris du droit international.

L’Autorité palestinienne par la voix de son président Mahmoud Abbas a dénoncé ces annonces soulignant qu’elles étaient rendues possible par le silence américain. Les Etats-Unis, sous l’égide desquels se tiennent les négociations de paix depuis plusieurs décennies, apparaissent désormais encore plus largement décrédibilisés pour continuer à tenir ce rôle.

Aucune autre puissance ne peut prétendre toutefois seule avoir le poids suffisant pour imposer des pourparlers sérieux dans la région. La Russie, avec l’aide la Chine, se verrait bien prendre ce rôle, après sa victoire en Syrie. Pas certains que la Russie se révèle moins partial que les Etats-Unis, et même si c’est dans l’autre camp que les Etats-Unis, la Russie est tout aussi impliquée dans les jeux d’influences régionaux.


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