Parcoursup, les établissements sur liste d’attente

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Parcoursup, les établissements sur liste d’attente

Le non ordonnancement des voeux a pour conséquence l’attente de milliers de lycéens angoissés. A l’autre bout de la chaîne, les établissements aussi attendent que des lycéens leur soient affectés…

Voeux, le désordre pour mieux hiérarchiser

L’absence d’ordonnancement des voeux est l’une des principales nouveautés de Parcoursup par rapport à feu APB. C’est peut-être même la plus importante pour les lycéens. La généralisation de la sélection est sans conteste le plus grand bouleversement de logique de l’enseignement supérieur public, mais à l’échelle des lycéens, c’est probablement l’impossibilité d’exprimer dès le départ sa préférence qui constitue le plus grand bouleversement.

Cet ordonnancement était souvent un casse tête pour les élèves sur APB, puisqu’au delà de ses préférences réelles, l’ordre des voeux était souvent le résultat d’une stratégie. L’ordonnancement arrivait tôt dans l’année, et l’algorithme visait à affecter les élèves dans leur voeu le mieux classé possible, suspendant les candidatures aux voeux moins bien classés. Il était ainsi largement conseillé de mettre à la fin les filières non sélectives, puisque de facto elles “invalidaient” les voeux derrière elles.

Cependant l’élève avait la possibilité d’indiquer sa préférence en amont, ce qui permettait d’accélérer considérablement la procédure d’affectation. Aujourd’hui, il faut attendre pour chaque proposition que reçoit l’élève que celui-ci indique s’il souhaite la garder ou non. Ce qui allonge considérablement le délai de traitement. Et ceux qui attendent le plus sont les lycéens les moins bons, et les formations les moins demandées dont les places sont, pour l’instant, attribuées à des élèves qui ne devraient pas s’y inscrire.

Aussi, alors que nombre de commentateurs de l’actualité se félicitaient du plébiscite par les élèves des formations sélectives, peu notaient qu’il était impossible de connaitre dans quelle proportion les élèves choisiraient effectivement ces formations. Alors que certaines formations ont été contraintes de faire du surbooking pour assurer leurs arrières, dans les universités c’est parfois l’attente, et l’inconnu sur le nombre d’inscriptions effectives qu’il y aura à la fin. Comme pour les élèves dont les moins “bon” scolairement sont contraints à l’attente, les filières de l’enseignement supérieure sont hiérarchisées par l’attente.

Vers une désorganisation des filières les moins demandées ?

Cette attente, couplée à la pause dans le processus d’affectation pendant les épreuves du baccalauréat, n’est pas sans poser problème. La mise en place de Parcoursup s’est accompagnée de plusieurs changements qui peuvent entraîner d’importantes modifications de la répartition des inscriptions par rapport aux années précédentes. Les attendus, accompagnés pour certaines filières de mini-test en ligne, ont pu avoir un fort effet décourageant, réduisant de façon importante les candidatures dans certaines filières. Les quotas d’élèves boursiers ou extérieurs à l’académie peuvent également avoir une influence. De nombreuses formations sont donc dans le flou le plus total sur leurs effectifs finaux, dans l’hypothèse où elles n’atteignent pas leur capacité d’accueil maximale.

Pour les filières sélectives qui ont du faire du surbooking, le flou est double. D’une part il y a toujours la possibilité qu’elles ne parviennent pas à remplir leur formation en ayant vu trop court. D’autre part il y a également la possibilité que ce surbooking se retourne contre elles, si un trop grand nombre d’élèves demandent à être inscrits.

Les filières dans ces situations ne sont généralement pas les mieux loties de l’enseignement supérieur. La perspective pour elles de devoir traiter plusieurs centaines d’inscriptions dans l’urgence au milieu de l’été, inquiète sur les coûts supplémentaires que cela pourrait générer. Se pose également la question des recrutements, s’il faut des chargés de travaux dirigés supplémentaires pour assurer la dispense de la formation par exemple.

La loi ORE (Orientation et réussite étudiante) a généralisé la sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur public, mettant fin à la vocation universelle de ce dernier. Parcoursup pourrait porter un coup de plus à celui-ci en provoquant une désorganisation artificielle par la durée du processus d’affectation.


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