Pourquoi la canicule est à un niveau inédit

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Pourquoi la canicule est à un niveau inédit

Alors que l’Europe occidentale a été marquée par des températures records au mois de juin 2022, les phénomènes caniculaires semblent être durablement entrés dans notre quotidien. 

Ainsi, tandis que les grandes métropoles d’Europe ont été touchées par la canicule (40 °C à Paris, 39 °C dans la banlieue praguoise, et jusqu’à 43 °C à Cordoue), le nord du sous-continent indien aura connu un phénomène similaire dans des proportions inédites allant jusqu’à 50 °C. 

Outre les dégâts qu’elles causent à court terme, que ce soit de grands incendies ravageant les forêts d’Espagne et du Portugal, l’assèchement de la vallée du Pô en Italie, ou encore ses effets mortifères sur les personnes les plus fragiles, les canicules ont aussi un impact majeur sur nos sociétés à long terme. 

Un problème systémique, pas conjoncturel

Les effets de ces canicules ont ainsi tant des conséquences environnementales, que sur des questions économiques ou de sécurité humaine. Au Darfour, l’intensification des sécheresses et la raréfaction des ressources hydrauliques a ainsi contribué à installer durablement la région soudanaise dans un conflit sanglant. Ainsi, du mode de vie urbain aux conditions de travail en passant par la gestion de l’eau, les canicules posent tout un ensemble de difficultés induites par le changement climatique et ses conséquences. 

Les phénomènes caniculaires contemporains ne sont en effet pas conjoncturels. Ces vagues de chaleur sont intensifiées et multipliées par les hausses de température provoquées par le changement climatique. 

Ainsi, au-delà de notre capacité à nous adapter à cette nouvelle réalité climatique, la canicule nous montre les enjeux de la lutte contre le changement climatique. Si nous pouvons actuellement combattre ses conséquences en nous adaptant à cette nouvelle réalité, à l’image des nombreux projets de constitution « d’îlots de fraicheurs » et de dénaturalisation des espaces urbains, il y a aussi une véritable urgence à lutter contre la hausse globale des températures. 

Changer le système

Si la situation résultant de l’activité humaine depuis le XIXe siècle a un impact désastreux illustré par ces canicules, une hausse continue au-delà des 1,5 °C d’ici la fin du siècle entraînerait des conséquences dramatiques. Le cas de la canicule ayant frappé l’Inde et le Pakistan cette année nous permet d’entrevoir les résultats d’un scénario catastrophe. Lors de cet épisode caniculaire inédit, les populations du nord-ouest du sous-continent indien ont été exposées à des températures extrêmes au point que le risque de connaître des températures inaptes à la vie humaine a été envisagé. 

L’intensification et l’augmentation des canicules rappellent les conséquences du mode de production capitaliste. Si celui-ci est directement responsable de la hausse globale des températures, ses conséquences ne touchent pas tous les individus de la même manière. 

Les classes populaires sont ainsi plus exposées par les conséquences des canicules, tant au quotidien que dans leurs conditions sociales. De même, alors qu’ils sont parmi les pays émettant le moins de CO2, les États du Sud sont plus durement touchés par les épisodes caniculaires, à l’image du Pakistan émettant à peine 1 % des émissions mondiales. 

Les canicules sont ainsi une énième illustration de la nécessité d’inclure la lutte contre le changement climatique dans une perspective plus large, alliant notamment la lutte contre le capitalisme, contre l’impérialisme et leurs dynamiques. 

Seule une action forte dépassant le cadre des décisions individuelles ou des adaptations sectorielles permettra d’affronter les phénomènes caniculaires.


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