Rencontre avec Pierrick, viré parce que syndiqué

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Rencontre avec Pierrick, viré parce que syndiqué

Pierrick a 21 ans, il habite dans le Nord, où il est engagé depuis plusieurs années. Aujourd’hui il est responsable des jeunes communistes à Lille. Le syndicalisme n’est pas nouveau pour lui qui s’est syndiqué pour la première fois au lycée (UNL). En arrivant dans le monde du travail, un de ses premiers réflexes a donc été de prendre sa carte à la CGT et de chercher à créer une section syndicale dans l’entreprise. Comme de nombreux salariés, dont la voix n’est que trop peu relayée, son poste a fait les frais de son engagement.

Avant-Garde : Peux-tu nous raconter ce qui s’est passé ?

Pierrick : J’ai d’abord discrètement construit une cellule syndicale, fait adhérer quelques collègues, dont quelques uns qui étaient très motivés. Suite à la visite de l’inspection du travail, le patron a dû organiser des élections de délégués du personnel, auxquelles nous avons présenté une liste pour la CGT. C’est une entreprise qui a 25 ans, où aucun syndicat ne s’était jamais présenté, et c’est la première fois que des élections y étaient organisées.

Le patron, ne s’attendant pas à voir se créer un syndicat dans son entreprise, m’a pris directement en entretien préalable de licenciement. Entretien dans lequel il m’a dit que mon travail était correct mais que selon lui je n’étais pas assez intégré socialement dans l’équipe.

Ensuite des excuses bidons sont tombées : mon travail serait mal fait mais sans que des preuves ou des chiffres soient apportés; j’aurais été surpris en train de rire avec un apprenti qui travaille avec moi; et enfin on m’aurait surpris en train de manger des chips sur mon poste de travail.

En réalité mon patron a toujours été en stress là dessus, il a notamment dit à mainte reprises à des collègues, pour mettre la pression, que si une section syndicales venait à se créer il vendrait la boîte.

AG : Donc à l’heure actuelle tu es licencié ?

P : Oui je suis licencié, avec un préavis d’un mois. Mais le patron ne veut plus me voir dans l’entreprise, pour être sûr que je ne continue pas à créer la CGT. Donc Il me paie à rester chez moi, comme si j’étais sur mon poste de travail. Il ne veut vraiment plus me voir dans l’atelier par crainte que je parle à mes collègues.

Je travaille de 5h à 12h. C’est vendredi dernier (19/05) qu’il m’attendait à la sortie du travail pour me donner ma lettre de licenciement en main propre. Il m’a alors dit de ne plus me présenter dans l’entreprise, il m’a fait vider mon casier, en m’accompagnant pour être sûr que je ne parle pas aux collègues de ce qu’il était en train de faire. Bref en 10 minutes j’étais mis à la porte.

Cependant, n’ayant pas reçu de lettre recommandée, comme le veut la réglementation, je me suis présenté à mon poste lundi matin à 5h. Là j’ai discuté avec les collègues, qui étaient prêts à témoigner devant les prud’hommes. C’est le chef d’atelier qui a appelé le patron à 8h, quand celui-ci est arrivé, pour le prévenir de ma présence, car tous les collègues avaient refusé de le faire.

Il est venu me dire de déguerpir, et malgré son insistance, j’ai tout de même réussi à finir ma journée de travail, avant de recevoir un recommandé dans la journée.

AG : As-tu reçu du soutien de la part de tes collègues ?

P : Les collègues sont choqués, il ne comprennent pas pourquoi, beaucoup sont prêts à témoigner, à signer une pétition. Nous n’allons pas nous laisser faire.

AG : Qu’allez-vous faire maintenant ?

P : Lundi nous organisons un rassemblement devant l’entreprise avec la CGT, mais aussi l’UNL, l’UNEF, le MJCF et le PCF. Nous allons débarquer nombreux devant l’entreprise pour demander ma réintégration et faire signer la pétition aux collègues.

L’Union Locale de la CGT a contacté le patron en lui laissant jusqu’à lundi pour répondre. S’il n’y a toujours pas de réponse de sa part lundi, la CGT va l’attaquer de son côté pour répression syndicale et moi pour licenciement abusif.

 

Retrouvez ici le lien vers l’événement organisé lundi 29 mai :

 

A partir de 11 H

Devant TRANSFERTPRESS,

21 rue Papin, Villeneuve d’Ascq

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