Reportage à Suger, lycée mobilisé du 93

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Reportage à Suger, lycée mobilisé du 93

Hier à la suite de la mobilisation au lycée Suger de Saint-Denis (93), une petite dizaine de lycées du département étaient représentés dans un rassemblement devant le ministère de l’éducation nationale.

Un rassemblement pour plus de moyens

La manifestation partie un peu plus tôt de Seine-Saint-Denis est composée de profs, de lycéens et d’étudiants. Beaucoup d’élèves de BTS sont en effet présents. Les banderoles sont de sorties et un professeur lance des slogans à l’aide d’une sono :

“On est des profs méchants, on veut de l’argent !”

Ou encore :

“Un même droit à l’éducation dans toutes les régions.”

Ce que tous dénoncent c’est le manque de moyen particulièrement criant et l’inégalité de la répartition de ces moyens. Des locaux aux matériels scolaires, en passant par le personnel d’enseignement et d’encadrement, tout manque dans les lycées.

Situation d’autant plus inquiétante quand on sait que c’est plus de 27 000 lycéens supplémentaires qui sont attendus d’ici à 2027 en Île-de-France. Les mesures d’austérité déjà annoncées par le premier ministre, ou encore la volonté d’autonomiser financièrement les établissements,affichée par le ministre de l’éducation, ne rassurent pas vraiment.

Le cas particulier de Suger

Pourtant à Suger, lycée déjà mobilisé à la rentrée de l’an passé, ce n’est pas directement la question des moyens qui a déclenché la mobilisation.

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Mehdi, élève en 1ere ES raconte :

“Le mouvement dans le lycée c’est relancer cette année, suite à la mutation-sanction de Pascal Stoller, chef des travaux du BTS audiovisuel dont il est le créateur.”

En effet l’année dernière, à la même période, c’était suite à une agression devant le lycée, que élèves et enseignants s’étaient mobilisés pour réclamer plus de moyens. Sous couvert d’anonymat une enseignante explique :

“Le manque de moyen est criant, on ne compte qu’un temp complet et demi de CPE (Conseiller Principal d’Education) pour 1400 élèves. Le lycée ne compte également qu’un équivalent temp plein d’AED (Assistant d’EDucation) pour 145 élèves. Lorsqu’on s’est mobilisé l’année passée, on nous a répondu que 55 000€ allaient être débloqués pour investir dans des caméras… Finalement la lutte avait permis d’obtenir un équivalent temps plein et demi en poste d’AED.”

Si la réintégration de Pascal Stoller est la revendication numéro un au lycée Suger, la question des moyens n’est pas pour autant oubliée.

Un professeur emblématique du lycée Suger

Le chef des travaux, actuellement en arrêt maladie, conteste sa mutation vécue comme une sanction. Initiateur de la construction de ce lycée au milieu d’un quartier populaire de Saint-Denis, il y est depuis fortement investi. Pour beaucoup il paye son engagement aux côtés des 55 élèves “raflés” devant le lycée l’année dernière.

Il a notamment créé une filière des métiers de l’audiovisuel qui connaît un fort succès. Du Bac Pro au BTS, les filières sont réputées autant pour leur taux de réussite à l’examen que pour leur taux d’insertion dans la vie professionnelle.

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Son remplacement brutal à quelques jours de la rentrée a totalement désorganisé la filière. Son remplaçant s’est d’ailleurs déclaré incompétent pour organiser l’enseignement dans un domaine qu’il ne maîtrise pas.

Clément et Malo, élèves en seconde année de BTS audiovisuel venus défendre leur professeur raconte le chaos de la rentrée :

“On ne nous a pas présenté de planning annuel avec les dates d’examens. Il n’y a pas de temps prévus pour les projets dans nos emplois du temps. On a un stage à effectuer en décembre et rien nous a été présenté.”

L’un d’eux complète :

“Pour moi le BTS va couler”

Une mobilisation pas prête de s’essouffler

Les jeunes communistes de Saint-Denis sont régulièrement présents aux côtés des personnels et lycéens mobilisés.

Stéphane Peu, député communiste du secteur se bat également aux côté du lycée Suger et devait rencontrer le ministère de l’éducation nationale. Au dernier moment le rendez-vous a été annulé, le ministère renvoyant la balle au rectorat.

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Ce dernier a déclaré qu’il ne pouvait pas répondre sur les motifs de la mutation puisqu’il s’agissait d’un dossier personnel et qu’il était tenu à la confidentialité.

Un échappatoir un peu facile qui agace les soutiens au professeur muté. Ces derniers se sont d’ailleurs regroupés dans un collectif de défense de Suger, composé d’enseignants, d’élèves, de parents d’élèves mais aussi d’habitants et de leurs élus, tous attachés au rôle structurant de l’établissement dans la vie du quartier.

La mutation de Pascal Stoller n’a pas été la seule action du rectorat, par la voix de la nouvelle direction les élèves de la première année de BTS audiovisuel ont été prévenus dès la rentrée que s’ils se mobilisaient, ils seraient considérés comme démissionnaires.

Pourtant la lutte n’est pas finie et les soutiens du lycée Suger entendent la mener jusqu’au bout et même l’étendre. C’était le sens du rassemblement d’hier qui a permis de recenser au-delà du cas de Pascal Stoller les nombreux dysfonctionnements constatés dans les lycées de Seine-Saint-Denis.


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