Le Statut de cheminot

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Le Statut de cheminot

Sa suppression est une mesure phare de la réforme annoncée par le gouvernement. Les “avantages” de ce statut sont selon ce gouvernement des choses d’un autre temps qui font des cheminots des privilégiés. Pour Laurent Brun, rien d’extraordinaire dans ce statut loin de représenter un problème.

Cet article fait partie d’une série rédigée à la suite de la conférence de presse de Laurent Brun secrétaire général de la CGT cheminot à l’Assemblée Nationale mercredi 7 mars. 

Loin des fantasmes, un statut pas extravagant

Le syndicaliste a rapidement démonté les idées reçues concernant le “statut de cheminot”. Ce dernier ne représente pas, comme certains se plaisent à le colporter, une accumulation de droits extraordinaires et de primes loufoques. Pas de prime charbon, ou de prime de non prime dans ce statut qui ne comporte pas non plus un myriade de jours de congés en plus de ceux du droit commun.

Ce statut se résume à une énonciation limitative des conditions de licenciement qui ne prévoit pas le licenciement économique. Ce qui dans le cadre d’une structure de cette taille, en situation de monopole ne paraît pas être un énorme handicap. Le syndicaliste n’a pas manqué de rappeler que cette protection permettait de faire des réorganisations sans licenciement sec, en faisant évoluer les travailleurs, ou en les changeant d’endroits. Que ça permettait une fidélisation du personnel qui laissait le temps à la formation et donc garantissait la sécurité.

L’autre point de ce statut est un plan de déroulement de carrière. C’est à dire que les agents de la SNCF seront à peu près à égalité quant au déroulé de leur carrière notamment en terme de promotion. Jean-Paul Lecoq député du Havre a d’ailleurs rappelé que ce plan de carrière permettait à la SNCF d’afficher des chiffres d’égalité femme/homme meilleurs qu’ailleurs.  

Un statut qui garantit l’égalité et rejeté par les hauts cadres dirigeants

Cette égalité n’introduit pas de “surpaiement” des salariés de la SNCF. Les majorations pour les travaux de nuits, les déplacements et les horaires décalés, le sont en fonction des postes. Le mythe du personnel de bureau “profitant” des avantages des conducteurs de trains est faux.  Pour le syndicaliste, le vrai avantage de ce statut se situe dans l’égalité qu’il confère face aux évolutions de carrières.

Une égalité rejetée par le plus haut personnel encadrant, qui préfère être embauché en dehors du statut pour négocier des rémunérations parfois faramineuses. Florence Parly, actuelle ministre des armées, a ainsi touché plus de 50 000€ par mois début 2017 lorsqu’elle était embauchée à la SNCF. Les fameux “privilégiés” de la SNCF ne sont pas nécessairement ceux sous le statut de cheminot.

L’entourloupe du gouvernement sur la retraite des cheminots

Le système de retraite des cheminots n’est pas directement intégré au statut, même s’il faut être soumis au statut pour y avoir droits. La suppression du statut prévue par le gouvernement condamne donc à l’extinction ce régime. Ce régime n’est pas structurellement déficitaire, contrairement à ce qui est régulièrement affirmé.

En revanche la baisse brutale d’effectifs dans le rail a conduit à un déficit conjoncturel. Il y a nettement plus d’inactifs que d’actifs. Ce qui conduit à un déséquilibre du système de retraite. Pour pallier à ce déficit conjoncturel, l’employeur, l’Etat in fine, surcotise et verse un complément de plus de 3 milliards d’euros chaque année. En terme de droit, si théoriquement un cheminot peut partir plus tôt, dans la pratique il doit cotiser autant de temps et donc ne peut partir plutôt qu’à condition de sacrifier le montant de sa retraite.

Les annonces du gouvernements de vouloir revoir le régime des retraites de cheminots sont inquiétantes. Les marges de manoeuvres sont quasi nulles, à moins d’amputer brutalement et fortement les retraites des anciens cheminots. En revanche en rattachant ces retraités au régime général, l’Etat pourrait ainsi se débarrasser d’une dépense annuelle de 3 milliards d’euros, au détriment du régime général. Les difficultés ainsi créées  pourraient même servir d’argument à une nouvelle baisse du régime général.


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