Vendredi le gouvernement annonçait la nationalisation temporaire de STX, lundi le tribunal de commerce de Poitiers accordait un énième délai à GM&S pour trouver un repreneur. Triste illustration de l’abandon de toute politique industrielle.
Alors que depuis des années pas une seule politique industrielle digne de ce nom n’a été mise en place, les responsables politiques et les éditorialistes s’empressent de se féliciter des réussites des fleurons français.
L’automobile, de l’industrie à l’opération boursière
Dernièrement on a ainsi eu le droit à une flopée d’articles pour se féliciter que le groupe Renault soit devenu le premier vendeur d’automobile de la planète sur le premier semestre 2017. Dans la même veine le rachat d’Opel par PSA a également fait les gros titres pour vanter la place de deuxième constructeur européen gagné ainsi par le groupe.
Dans les deux cas il s’agit davantage d’opérations capitalistiques qu’industrielles. Pendant que certains s’excitent sur des marges opérationnelles et des parts de marchés, les salariés de GM&S sont toujours dans l’incertitude.
Le rachat de Mitshubishi par Nissan et donc par extension Renault ne va probablement pas relancer l’emploi industriel en France. Pas plus que l’acquisition d’Opel par PSA, le groupe français a déjà promis le “redressement” du groupe allemand, en grande difficulté depuis des années.
Les nouvelles immatriculations sont en augmentation depuis plusieurs mois par rapport à l’année dernière, les deux constructeurs français en bénéficient largement. Pourtant ils sont toujours aussi réticents à assurer un volume suffisant de commandes à l’équipementier GM&S.
Les salariés étaient d’ailleurs réunis devant le tribunal de commerce lundi à Poitiers.
Rassemblement du 31 juillet JC86 | Avant-Garde
Il est inutile de larmoyer sur un manque de patriotisme ou de civisme des constructeurs hexagonaux. On n’attend pas des capitalistes qu’ils aient un comportement moral. La responsabilité est celle du gouvernement qui, dans la lignée des précédents, renonce à toute politique industrielle.
La navale victime d’années d’errance
Les chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire ont eux aussi été victimes de la même absence de politique industrielle. Alors que le commerce maritime et les croisières sont en plein essor, il est absolument incompréhensible que des chantiers navals disposant de nombreux savoir-faire et d’importantes infrastructures se retrouvent dans une telle situation.
Détenus par Alstom Marine, filiale du groupe français Alstom, les chantiers ont été revendus à un groupe norvégien dans le but de créer un géant européen de la construction navale. Un an plus tard, le principal actionnaire se désengage laissant le groupe coréen STX racheter le prétendu géant européen. Il mettra lui même en vente les chantiers de l’Atlantique 7 ans plus tard avant de les céder suite à sa faillite à l’italien Fincantieri.
Ce dernier, partiellement détenu par l’Etat italien est toujours en négociation avec l’Etat français en vue d’arriver à un accord pour l’acquisition des chantiers français. Le Président Macron a annoncé vendredi la nationalisation temporaire de STX France en vue de peser sur les négociations.
Cependant ce “coup de force” masque mal l’absence d’ambition en matière industrielle de ce gouvernement. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire s’est d’ailleurs empressé de rappeler dans un interview publiée par la presse italienne, que le gouvernement n’avait pas l’intention d’empêcher la vente. Il existe pourtant les bases en France pour bâtir un projet industriel cohérent et pérenne plutôt que de se relancer dans un cycle d’opérations boursières dont les salariés sont à chaque fois les grands perdants. Aujourd’hui la vente aux italiens semble assurée avec le même pseudo objectif qu’en 2006.
Notre objectif : bâtir avec nos amis italiens le plus grand champion mondial de la construction navale, civile et militaire. #STXFrance#QAGpic.twitter.com/u7AARdXMvW
A la Souterraine et à Saint-Nazaire on observe finalement les cruelles conséquences de l’absence de politique industrielle depuis des années.
A la fin ce sont les travailleurs qui subissent
Ces conséquences se mesurent de façon très directe sur l’emploi. D’abord par des suppressions de postes qui en entraînent d’autres. L’industrie en plus d’être pourvoyeuse d’emploi, en génère un très grand nombre dans d’autres secteurs, 5 à 6 en moyenne.
Dans la Creuse GM&S représente le second employeur privé, les chantiers de l’Atlantique sont le premier employeur privé à Saint-Nazaire. Dans les deux cas leur fermeture laisserait un territoire sinistré qui aurait bien du mal à s’en relever.
De plus dans le cas de STX la qualité de l’emploi a déjà pâti de l’absence de stratégie industrielle nationale. Ainsi en 2014, alors que des commandes se profilent et que le propriétaire coréen a déjà fait connaître son intention de vendre STX Europe, un accord de compétitivité est imposé par la direction aux salariés.
Cet accord qui prévoit notamment la suppression de la moitié des RTT et la possibilité de moduler la durée de travail hebdomadaire entre 26 et 44h, est notamment poussé par le gouvernement de l’époque qui veut mettre en avant son dispositif. Ce choix idéologique révèle l’absence de vision des décideurs publics, la part dans la masse salariale dans le coût des grands bateaux de croisière tournant autour de 15%.
Le retour du plein emploi et du développement industriel passe moins par une idéologique start-up nation que par le retour de l’Etat stratège. Le Président vient toutefois de prouver que la nationalisation n’est pas nécessairement une alternative sérieuse. Comme l’ont réclamé à plusieurs reprises les députés communistes lors des derniers débats autour de la loi travail, il est nécessaire de donner le pouvoir aux travailleurs sur leurs outils de production.
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