Visite de la Commune de Paris avec les jeunes communistes

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Visite de la Commune de Paris avec les jeunes communistes

Le 20 mai nous sommes montés au Mur des Fédérés pour la traditionnelle commémoration de la fin de la Semaine sanglante, là où ont été fusillés les 147 derniers révolutionnaires de la Commune de Paris en 1871. Le lendemain, pour en savoir plus, les jeunes communistes ont suivi dans les rues de Paris deux membres de l’association des Amis et amies de la Commune de Paris 1871, fondée par les communards survivants, amnistiés et de retour de déportation.

Lire aussi : 18 Mars 1871, proclamation officielle de la Commune de Paris

Le chevalier de La Barre.

Au-dessus du funiculaire de Montmartre, se tient la statue du chevalier de La Barre. Exécuté et supplicié en 1766, à 20 ans, il a subi un procès pour blasphème. Sa présence contraste avec celle de la basilique du Sacré-Coeur élevée sur les cadavres de milliers de révolutionnaires de 1871 comme une provocation et un avertissement des puissants envers les Parisiens. La statue du chevalier avait sa place devant la basilique jusqu’à ce que le régime de Vichy la déboulonne. Il faut attendre 2001 pour qu’une nouvelle statue soit élevée à proximité du Sacré-Coeur, mais pas en face, cela aurait trop ému la bourgeoisie. L’histoire de cette statue symbolise la lutte de classes qui se joue dans les mémoires…

Statut du chevalier de La Barre Flore Rassov

L’église Saint-Pierre de Montmartre.

Le Sacré-Coeur est purement contre-révolutionnaire : juste à côté se trouve l’église Saint-Pierre de Montmartre qui était l’église du quartier, une des églises parisiennes réquisitionnées le soir par le peuple de Paris pour ses réunions publiques pendant la Commune. C’est notamment sur la butte de Montmartre que les canons payés par souscription populaire ont été mis à l’abri des Prussiens et de la bourgeoisie française.

Rue des Rosiers.

Tout a commencé derrière, dans la rue des Rosiers, désormais rue du Chevalier-de-La-Barre. Les Parisiens viennent de subir des mois de siège pendant lesquels ils ont mangé les chats et les rats alors que les riches se faisaient toujours servir au restaurant. Le 18 mars 1871, l’armée tente de s’emparer des canons des Parisiens. Les femmes, réveillées aux aurores, souvent pour les travaux domestiques chez les bourgeois, alertent le quartier et refusent de rendre les canons. Louise Michel, institutrice, future combattante et future déportée, participe à cet événement.

Rue des Rosiers Flore Rassov

Le général Lecomte ordonne de tirer sur la foule. Les soldats refusent trois fois, mettent crosses en l’air et fraternisent avec la population. Le général promet aux soldats de les faire fusiller : ils décident donc que le général sera le premier à l’être. Un espion, le général Clément-Thomas, est fusillé avec lui rue des Rosiers par leurs propres soldats. C’est le début d’une révolution de 72 jours. Le 28 mai, le communard Eugène Varlin est achevé par les forces de la réaction au même endroit, après de multiples mutilations.

L’État bourgeois sait honorer les assassins.

A l’entrée du cimetière du Père-Lachaise, on peut voir la somptueuse tombe que la « République » a érigée pour les généraux Lecomte et Clément-Thomas. Un véritable hommage de la bourgeoisie à ses hommes de main. Un peu plus loin, on aperçoit l’immense mausolée d’Adolphe Thiers, le « président de la République », un boucher réactionnaire qui a fui à Versailles et qui a fait assassiner près de 30000 Parisiens pendant la Semaine sanglante. Il est honoré dans des centaines de villes de France…

Sur les tombes de Flourens, Jules Vallès, Delescluze, Victor Noir…

Gustave Flourens a dirigé pendant la guerre franco-prusse la Garde nationale de Belleville avant d’y organiser une émeute. Il s’enfuit de sa prison en janvier 1871 et devient élu de la Commune : c’est à lui que revient de défendre Paris contre Versailles et les Prussiens, qui se sont bien vite réconciliés face au peuple en armes. Après sa mort au combat, une unité communarde de jeunes gens se nomme les Vengeurs de Flourens.

Tombe de Flourens Flore Rassov

Jules Vallès est un militant infatigable de la révolution depuis 1848. Journaliste et écrivain de talent, il est le fondateur du journal Le Cri du Peuple, entre autres, auteur du roman L’Insurgé, et élu de la Commune. Condamné à mort, il vit les années suivant la Commune en exil.

Tombe de Jules Vallès Flore Rassov

Charles Delescluze a vécu trois révolutions : volontaire en 1792, républicain en 1848, emprisonné et déporté, élu de la Commune, mort sur une barricade au Château-d’Eau, puis condamné à mort à titre posthume en 1874.

Victor Noir est un peu différent, il est avant tout une victime du Second Empire, assassiné injustement par le prince en janvier 1870 : son meurtre déclenche une grande agitation populaire qui préfigure la Commune.

Auguste Blanqui.

Le célèbre révolutionnaire français est emprisonné la veille du déclenchement de la Commune. Autant dire qu’il a l’habitude, lui qui a cumulé 40 ans de prison et qui est surnommé « l’Enfermé ». Les Parisiens ressentent néanmoins son absence : il est élu à la Commune alors qu’il est détenu hors de Paris. Pour Karl Marx, Blanqui est le dirigeant qui a manqué à la Commune pour être victorieuse. Après la Commune, il est de nouveau incarcéré, mais il se battra pour l’amnistie des communards. Ses funérailles rassemblent 100000 personnes.

Les derniers combats.

Le 27 mai 1871, le Père-Lachaise tombe aux mains des Versaillais, entrés dans Paris avec la complicité des troupes prussiennes. Nous pouvons voir encore aujourd’hui les impacts des balles sur certaines tombes. Les combats se finissent au sabre dans la nuit. 147 communards sont conduits au mur des Fédérés et y sont fusillés dans une fosse commune. C’est la fin du massacre car les cadavres deviennent bien trop nombreux dans Paris, qui regorge de sang. Tous les ans, la gauche française et internationale commémore à cet endroit l’œuvre de la Commune de Paris et la Semaine sanglante.

Retour sur les derniers combats Flore Rassov

« Aux morts de la Commune de 1871 ».

Les pierres sur lesquelles nos camarades sont tombés ont été déplacées près du cimetière pour un monument aux morts qui renvoie dos à dos le peuple de Paris et les Versaillais. C’est une insulte à la mémoire des révolutionnaires.

Plaque commémorative Flore Rassov

En face de la véritable plaque commémorative, sont pourtant enterrés ou honorés, les nombreux héritiers de la Commune : parmi eux, Laura et Paul Lafargue, dont l’oraison funèbre a été prononcée en 1911 par Lénine, le colonel Fabien, le monument aux FTP-MOI, Pierre Sémard, Maurice Thorez, Jacques Duclos, ou encore Georges Marchais…

Tombe de Georges Marchais Flore Rassov

La Commune est un événement fondateur du mouvement ouvrier, socialiste et communiste international auquel se sont référés toutes les révoltes et révolutions suivantes.

A la fin de la visite, les JC de Paris ont adhéré par dizaines à l’association des Amis de la Commune de Paris 1871, décidés à faire vivre l’héritage des communards !


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