VTC, un examen en forme de porte fermée

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VTC, un examen en forme de porte fermée

Depuis le premier janvier, la loi dite Grandguillaume s’applique. Cette dernière prévoit notamment que les conducteurs de VTC soient détenteurs d’une carte professionnelle. Le taux de réussite à l’examen pour obtenir cette dernière est particulièrement bas.

Un examen en forme de victoire des Taxis

“L’affrontement” entre taxis et VTC (véhicules de tourismes avec chauffeur) a conduit à la loi actuelle. Un des reproches que faisaient les taxis au VTC était de détourner le statut “LOTI” (loi d’orientation des transports intérieurs). Ce statut créé en 1982, permet le transport collectif de groupes inférieurs à 9 personnes.

Cette formation est nettement moins exigeante, moins longue et surtout moins chère que celle de VTC. Le gouvernement de l’époque a rejoint l’analyse des taxis et a donc interdit aux chauffeurs sous ce statut de transporter moins de deux personnes. Ce qui a eu pour conséquence de leur interdire l’accès aux plateformes de mise en relation comme celle proposée par Uber. Parallèlement, il a également conditionné l’accès à la profession de VTC à un examen.

Les taxis voient d’un mauvais oeil les VTC pour deux raisons. D’une part ces derniers opèrent en concurrence directe entraînant une baisse des prix et des chiffres d’affaires. D’autre part, le prix des licences de taxis a également chuté suite à cette concurrence, hors cette dernière avait aussi fonction de produit de placement.

Les objectifs contradictoires du gouvernement

Que ce soit la majorité précédente ou la majorité actuelle, les contradictions sont les mêmes. La perception des plateformes numériques de mise en relation est bonne, mais les taxis représentent une corporation puissante qu’il est difficile de ne pas satisfaire. De plus si la qualité des emplois créés par les plateformes est souvent faible, elle trouve un public que les politiques d’emplois peinent à toucher, notamment les peu diplomés. Il faut également noter qu’un certains nombres de zones souffrent d’une pénurie de taxi et que les nouveaux venus viennent donc répondre à une forte demande.

L’examen d’entrée dans la profession de VTC vient donc en solution intermédiaire entre la réglementation de la profession et sa non réglementation.

Car finalement cet examen vient tenter de concilier le fonctionnement corporatiste, quasiment d’ancien régime, des taxis avec le modèle ultralibérale des plateformes de VTC.  Tâche en réalité impossible, cet examen vient finalement introduire un deuxième système corporatiste, loin des exigences des plateformes libérales. Ces dernières pilonnent depuis plusieurs mois le fonctionnement actuel utilisant des arguments plus ou moins pertinents.

Un examen filtre

Les critiques contre l’examen ne manquent pas d’argument. Les taux de réussite sont ridiculement bas. Selon Le Monde entre mai 2017 et décembre 2017 seuls 14% des candidats ont pu obtenir l’examen. Un taux particulièrement faible qui masque d’importes disparités ainsi lors d’une session de mai on comptait 72% d’admissions contre 11% lors d’une session d’octobre.

Il faut également compter parfois de long mois pour réaliser la formation et pouvoir passer l’examen, dont le nombre de sessions est jugé trop faible. Cette durée avant l’accès à l’emploi décourage certains volontaires selon les plateformes. L’examen est d’autant plus mal perçu qu’il n’est obligatoire que dans les villes de plus de 100 000 habitants. Il fait également la part belle à des éléments comptables alors que bien qu’auto-entrepreneurs, la plupart des chauffeurs VTC sont des situations de salariat, même sans disposer du statut juridique.

L’examen est paradoxalement défendu par les syndicats de VTC qui y voient un moyen de  limiter la concurrence ainsi que de valoriser leur métier, alors même qu’ils n’ont pas eu à le passer. Ce filtre à la profession de VTC est finalement assez similaire à celui de la licence pour les taxis.

L’examen n’apparaît donc pas comme la sanction de la maîtrise d’un métier, ni comme l’assurance d’un minimum requis. Il ne s’agit pas donc de la reconnaissance d’un métier, l’examen à une fonction de tri et de frein au développement de ce métier.

Les freins aux développement des forces productives ne durent jamais qu’un temps…


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