Pour la CGT, la difficile équation

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Pour la CGT, la difficile équation

Alors que le 10 septembre approche, les divers acteurs de la mobilisation se démarquent par des objectifs et des tactiques divergents. La CGT est prise en tenaille entre un mouvement pseudo-spontané sans objectifs précis, des forces social-démocrates qui entendent fixer des objectifs parlementaires au mouvement et une intersyndicale en quête de compromis.

Une volonté de radicalité pour une finalité institutionnelle

Interrogée au micro de l’Humanité, Sophie Binet déclarait que « l’objectif, d’abord, c’est d’envoyer aux oubliettes de l’histoire ce projet de budget », avant de demander des moyens pour les services publics et l’abrogation de la réforme des retraites dans le PLFSS 2026.

Une prise de parole qui révèle des tensions sur les objectifs. Alors qu’un récent sondage donne l’image d’une mobilisation radicale, où la violence apparaît comme légitime à 44 %, soit deux fois plus que dans la population totale, les perspectives ne suivent pas. C’est ainsi qu’à la question « qu’est-ce que vous comptez faire le 10 [septembre] », de nombreux sondés répondent « je n’en sais rien, je verrai ».

Contre l’absence d’objectifs émergents du mouvement, des organisations en fixent. Ainsi, la France insoumise propose la destitution d’Emmanuel Macron quand la CGT s’en tient à une lutte contre le budget, sans aller plus loin. Deux objectifs différents mais inscrits dans une même logique, celle d’une sortie de crise par la voie institutionnelle.

Pour la CGT, deux appels, deux objectifs

Si Sophie Binet s’en tient à « la chute du budget », c’est que la CGT est dans une situation complexe faite de plusieurs appels aux objectifs différents.

D’un côté, il y a l’appel de l’intersyndicale à se mobiliser le 18 septembre « y compris par la grève ». De l’autre, celui de son Comité national confédéral (CNC), où la CGT demande à « construire la grève partout où c’est possible » le 10 septembre.

La centrale est ainsi prise entre deux feux. D’un côté, celui d’une base volontaire à s’engager, de l’autre, celui de ses difficultés à organiser en solitaire. Le choix d’appeler à deux dates révèle ainsi qu’au-delà de l’objectif institutionnel se greffe l’enjeu du renforcement de l’organisation.

D’un côté, l’appel du 10 septembre mobilise les structures locales et les syndicats d’entreprise et fait reposer sa réussite sur les militants, parfois isolés, et leur capacité à mobiliser les collègues. Ce choix révèle que, pour la centrale, l’objectif est ici purement organisationnel : compter ses forces, mesurer sa capacité à mobiliser.

De l’autre, l’appel du 18 septembre, construit en intersyndicale, vise à bâtir une mobilisation plus large. L’idée est que l’unité syndicale évite le piège de la division des travailleurs dans l’entreprise, afin de créer un rapport de force. Cela se traduit néanmoins par un objectif limité, celui d’obtenir un budget « décidé sous la surveillance des travailleurs ».


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