Depuis le début de l’été, un appel à “Tout bloquer” le 10 septembre émerge. Popularisée à l’issue des annonces budgétaires du gouvernement, la mobilisation interroge à bien des égards. Lancée sur les réseaux sociaux, elle n’est pas sans rappeler celle des Gilets Jaunes de 2018.
Un mot d’ordre large : “Tout bloquer”
L’idée d’une mobilisation sociale le 10 septembre a rapidement fait son chemin. Très vite, l’appel s’est défini par un mot d’ordre simple : “Tout bloquer”. Il s’est ensuite propagé à toute la sphère politique. Cette diffusion rapide a été facilitée par un mot d’ordre simple et apartisan. Hormis FO, qui a déposé un préavis de grève à partir du 1er septembre, les centrales syndicales ne se sont donc pas encore positionnées.
Suivant un modèle qui fait écho aux Gilets Jaunes, la mobilisation se veut spontanée. Pourtant, elle s’organise déjà de manière informelle sur des boucles de discussion où l’on retrouve des habitués des mouvements sociaux.
Le souvenir des Gilets Jaunes
Cette mobilisation semble s’inspirer de celle des Gilets Jaunes. Les premiers appels sont ainsi accompagnés d’images des mobilisations de 2018. Cette mémoire est alimentée par un sentiment de déclassement et une colère sociale toujours bien réelle que l’été n’a pas fait oublier.
Le 27 mai, la CGT dévoilait le nombre de 257 000 emplois supprimés ou menacés, quand trois jours plus tard l’INSEE annonçait une croissance de 0,1 % au premier trimestre. Les annonces budgétaires du Premier ministre ont donc fait figure d’électrochoc, accentué peu de temps après par la soumission de l’UE aux États-Unis dans le contexte de guerre commerciale.
La forme, pour l’heure, gazeuse et spontanée de la mobilisation peut aisément s’expliquer par la méfiance à l’égard d’organisations politiques et syndicales qui entretiennent depuis trop longtemps l’illusion parlementaire sans débouché réel.
Pour autant, le mouvement qui naît n’a, pour l’instant, pas d’objectifs définis au-delà de son mot d’ordre.
Des perspectives incertaines
Si la rentrée sociale est habituelle, l’apparition de cette date pendant les vacances peut être source d’un changement de température sociale. Pour l’heure, à gauche, seules deux positions se sont déjà exprimées. L’une souhaite voir le mouvement se développer spontanément et trouver seul ses mots d’ordre. L’autre, celle de LFI, cherche, comme à son habitude, un support à sa stratégie parlementaire de rentrée. Une attitude-stratégie dénoncée ça et là dans les groupes Telegram de comités de mobilisation.
Si l’idée d’une mobilisation apartisane et sans les syndicats a rapidement émergé, c’est aujourd’hui celle d’un mouvement large et multiforme qui s’est fait jour.