Retraites : à l’Assemblée, déjà la fin du débat

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Retraites : à l’Assemblée, déjà la fin du débat

À peine quelques jours après le début de discussions animées sur le projet de loi portant sur le recul de l’âge de la retraite, le gouvernement souhaite finir le débat.

« Ce n’est pas la rue qui fait la loi », disent les ministres face aux millions de grévistes et manifestants et à une opinion publique hostile. Non contents de nier la démocratie sociale, ils musèlent aussi la représentation nationale en raccourcissant le temps de débats à quelques jours. Dès vendredi à minuit, les députés cesseront de parler des retraites.

Pendant les premiers jours de débats, la majorité présidentielle est apparue affaiblie. Le groupe Renaissance a même décidé de suspendre les débats samedi et dimanche comme pour sanctionner l’opposition de gauche de vouloir le retrait du texte.

Renaissance en difficulté

Pourtant, les dix derniers jours n’ont pas été entièrement consacrés à la réforme des retraites. Le gouvernement a fait le choix d’un temps de débats très limité.

D’autres questions étaient à l’agenda de l’Assemblée. Elles ont été l’occasion pour les oppositions d’isoler la majorité présidentielle. Pendant la niche parlementaire du groupe socialiste, les députés ont voté la renationalisation d’EDF, provoquant la colère des macronistes. La proposition sur la généralisation des repas à 1 euro des restaurants universitaires à tous les étudiants a été rejetée à seulement une voix près.

Sur le projet de loi concernant les retraites lui-même, l’article liminaire a divisé le groupe Les Républicains, et l’article 2 sur l’index des séniors a même été rejeté par les députés.

Le débat s’est poursuivi sur les solutions alternatives pour financer les retraites. Du côté des forces de gauche, il s’agit de faire contribuer le capital plutôt que les salariés. C’est le cas du député communiste Fabien Roussel qui a notamment demandé d’imposer davantage les « retraites chapeau » à plusieurs centaines de milliers d’euros dont bénéficient les PDG des grandes entreprises.

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Plusieurs députés, notamment Hubert Wulfranc, ont insisté sur la nocivité des exonérations de cotisations sociales accordées au patronat. Elles se chiffrent à près de 80 milliards d’euros par an, soit 8 fois le déficit des retraites prévu dans dix ans.

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L’extrême droite de sortie

Étonnement, l’hémicycle s’est également enflammé sur la question de la natalité. Ce sujet amené par les députés de droite et d’extrême droite visait à financer le système de retraites en demandant aux femmes d’enfanter davantage. Au risque de renvoyer les femmes au foyer et de les réduire à leur ventre, plutôt que de les aider à vivre de leur travail. Cela a bien sûr indigné les députés de gauche et de la majorité.

Pour sortir de la polémique, le Rassemblement national a tenté de réécrire l’histoire en prétendant que la droite a défendu le droit des femmes et « jamais la gauche ». Ce qui a provoqué la saine colère du député communiste Stéphane Peu.

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Les conditions du débat

C’est aussi la question du nombre d’amendements portés par l’opposition de gauche qui a beaucoup agité l’Assemblée nationale. Pourtant, c’est un droit pour une opposition d’amender un texte de loi dans une démocratie. C’est même une part importante de leur fonction de député.

Pour atteindre l’article 7 portant directement sur le recul de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, les groupes de gauche ont finalement retiré plusieurs centaines d’amendements, compte tenu du peu de temps prévu pour discuter le texte.

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Quelques difficultés se sont également présentées à la gauche, puisque le principal groupe de gauche a multiplié les polémiques à son encontre, permettant au camp Macron d’allumer des contre-feux. Il en est ainsi du retour d’Adrien Quatennens applaudi par plusieurs députés LFI, une scandaleuse sortie télévisée de Mélenchon en soutien à ce dernier, ou encore de l’exclusion temporaire de Thomas Portes. 

C’est une épreuve pour l’unité des forces de gauche dans le rejet du projet de loi retraite. Pourtant, c’est bien le soutien de l’opinion publique et l’unité de l’intersyndicale comme des partis de gauche qui donnent la force au mouvement contre la retraite à 64 ans.

À quelques heures de la fin des débats, la détermination et la concentration des forces de gauche devraient se renforcer afin de faire éclater au grand jour les positions des députés sur la retraite à 64 ans.


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