5 questions à un lycéen sanctionné pour s’être mobilisé 

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5 questions à un lycéen sanctionné pour s’être mobilisé 

Le 19 mars dernier, lors de la journée de mobilisation nationale dans la fonction publique, plusieurs lycées furent bloqués en France. Deux l’ont été ans le Puy-de-Dôme, à l’initiative des Jeunes communistes. Depuis, de nombreux lycéens ont reçu des pressions, des menaces, et même, pour certains, des sanctions. 

Nous avons posé cinq questions l’un des élèves sanctionnés.   

Que s’est-il passé le 19 mars sur ton lycée ? Quel type de mobilisation était-ce ?

Le 19 mars, lors de la grève des travailleurs de la fonction publique, en soutien aux fonctionnaires, nous avons décidé d’organiser un blocus lycéen dans le lycée Blaise Pascal et Jeanne d’Arc de 8 h à 10 h 30. Cette grève était extrêmement importante pour nous, car nous sommes enseignés par des fonctionnaires. Beaucoup d’entre nous vont faire leurs études et travailleront dans des établissements publics. Nos parents sont aussi fonctionnaires pour certains. Et nous avons peur que la libéralisation du pays soit un danger pour notre avenir…

Comment avez-vous organisé ce blocus, juste quelques-uns ou étiez-vous nombreux ? 

Nous avons un groupe pour organiser les blocus sur les réseaux. Après une discussion sur la grève, nous avons conclu qu’il était judicieux de bloquer les deux lycées, car nous voulions réellement faire une action coup de poing, être entendu davantage tant la grève était importante pour nous. Nous étions une trentaine en tout.

Comment est intervenue la sanction ? Est-ce la première fois qu’il y en a sur un blocus ?

Le lundi 25, un lycéen ayant participé au blocus nous annonce son exclusion et nous dit que d’autres élèves sont concernés. Ce même jour, à 16 h, en plein cours d’anglais, un surveillant vient me chercher pour m’emmener dans le bureau du CPE qui me transmet un papier m’indiquant que je serai sanctionné à cause du blocus. Cette sanction était incompréhensible. Il n’y avait eu aucun débordement, rien qui nous laissait penser que cela allait arriver. J’ai d’abord senti un grand sentiment d’injustice, je me suis dit “pourquoi moi ?” La décision me semblait totalement arbitraire. Puis grâce au soutien et au travail des camarades de la JC, j’ai pu faire face à cela plus aisément.

C’est la première fois qu’il y a des sanctions à Blaise Pascal pour un blocus. 5 d’entre nous ont été sanctionnés.

Que penses-tu de l’injonction qui est faite aux lycéens de s’engager pour finalement vous sanctionner lorsque vous le faites ?

C’est extrêmement contradictoire. D’un côté, on nous pousse à nous engager, on nous répète que la jeunesse est de plus en plus apolitique, pour au final nous sanctionner lorsque l’on décide de militer et de montrer que cette même jeunesse a des revendications et s’implique dans la lutte sociale pour son propre avenir. Tout cela est très contradictoire pour un lycéen. Certains camarades sanctionnés du blocus ne savent même plus si ça vaut la peine de continuer dans le militantisme. En outre, je trouve qu’il y a une forme d’hypocrisie dans ce discours soutenu par de nombreuses personnes.

D’après toi, comment et pourquoi intéresser les lycéens à l’action politique ?

L’action politique est essentielle. La jeunesse doit défendre son avenir, ses droits et ses convictions. Beaucoup de lycéens sont politisés, mais encore trop peu décident de militer. Avec une précarité étudiante sans précédent, la propagation de certains discours fascisants à travers la privatisation des médias, le gouvernement de Macron qui tape depuis plusieurs années dans le gras de la fonction publique, la jeunesse doit pouvoir montrer son désaccord.


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