La troisième conférence de l’ONU pour la protection des mers et des océans s’est tenue à Nice du 9 au 13 juin. L’objectif : faire avancer les négociations internationales sur les enjeux majeurs qui pèsent sur la biodiversité océanique. Mais entre simple communication politique, absence des principaux concernés et réelle volonté de faire progresser les législations internationales, le bilan de cette UNOC-3 est plutôt mitigé.
Des aires marines protégées pour faire face à la pêche industrielle
L’un des grands sujets de discussion et de débat a été la question des aires marines protégées. C’est dans ce domaine que les décisions les plus significatives ont été prises. La Tanzanie a annoncé la création de deux aires marines dans ses eaux, tout comme le Royaume-Uni qui va protéger une superficie de 30 000 km² du chalutage de fond. Le Ghana va interdire toute pêche industrielle dans ses eaux territoriales et les Samoa, avec leurs voisins mélanésiens, vont créer la première aire marine protégée transfrontalière. La zone s’étendra de la Malaisie jusqu’aux côtes néo-calédoniennes, recouvrant l’un des espaces les plus riches en termes de biodiversité marine au monde avec un grand nombre de récifs coralliens.
La France ne prend pas ses responsabilités
De son côté, la France n’a fait qu’annoncer le passage de 4 % des eaux métropolitaines sous protection forte d’ici à 2026. Cette mesure interdirait dans ces aires marines le chalutage de fond, une méthode de pêche industrielle particulièrement dévastatrice. Aussitôt l’annonce faite, l’ONG Bloom a dénoncé une « tromperie écologique ». En effet, les zones proposées pour passer sous protection forte sont, pour la plupart, déjà interdites au chalutage de fond depuis 2017. Il faut préciser que le statut de protection forte n’interdit pas les autres méthodes de pêche industrielle.
À la recherche d’une législation sur le plastique
La question de la pollution plastique a été largement posée lors de l’UNOC-3. Il n’existe à ce jour presque aucune législation visant à réguler la production et la consommation de plastique dans le monde. À l’issue de la conférence, 96 pays ont signé un appel pour la création d’un traité ambitieux pour la régulation des plastiques. Il faut malheureusement se rendre à l’évidence : bien que ce soit une démarche encourageante qui permettra peut-être à terme de limiter la pollution plastique, le mal est déjà fait. En attendant l’évolution des réglementations internationales, des millions de tonnes de plastiques se dégradent en microplastiques, affectant la totalité des écosystèmes marins.
Un avenir incertain pour les grands fonds
Les grands fonds ont été au cœur des discussions du fait de leur importance stratégique, mais également environnementale. Ce sont désormais 37 pays qui demandent un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds pour permettre la mise en place d’une réelle stratégie scientifique et industrielle. L’objectif étant d’étudier en profondeur les potentiels impacts de l’extraction minière dans les plaines abyssales. Malheureusement, les maigres espoirs suscités par cette annonce sont d’ores et déjà balayés par la politique unilatérale et anti-environnementale de Donald Trump. Ce dernier a acté par décret le début de l’exploitation minière des grands fonds en violation totale du droit international.
Les annonces et décisions prises durant l’UNOC-3 font progresser les choses, mais pas assez rapidement pour contrer la dégradation des écosystèmes marins qui ne cesse de s’accélérer. Entre les États qui rechignent à réellement investir dans une protection forte de leurs eaux et ceux qui remettent en question la réalité scientifique au travers de coupes budgétaires et de décrets bloquant toute étude d’impact, les maigres avancées réclamées par certains pays ne vont sans doutes pas permettre d’inverser la dynamique de dégradation des écosystèmes marins.