Dans un mépris caractéristique d’une stratégie électorale qui ne s’adresse qu’aux préfectures de région, un éternel candidat déçu à l’élection présidentielle a prétendu que la Lozère n’avait pas d’ambition intellectuelle.
Retour sur ce que la France et le monde doivent à un département injustement livré au mépris d’une foule militante qui a bien ri.
De Panama à Cracovie, comment les Lozériens ont changé le monde
Au travers des siècles, les Lozériens ont offert au monde une contribution intellectuelle majeure. Le pape Urbain V, défenseur de l’Université de Montpellier est également à l’origine de la fondation des Universités de Cracovie et de Vienne. A la même époque, c’est à un Lozérien, Guy de Chauliac, que l’on doit le passage du métier de chirurgien au rang de profession à part entière, distincte de celle de barbier. Guy de Chauliac, médecin de trois papes, est considéré jusqu’à nos jours comme le père de la chirurgie en France.
Cinq siècles plus tard, Théophile Roussel, médecin lozérien devenu député, fait voter des lois majeures sur la protection de l’enfance et la lutte contre l’alcoolisme. Il lutte également pour l’amélioration des conditions de détention des jeunes prisonniers.
C’est à un ingénieur de Florac, Léon Boyer, que nous devons le viaduc de Garabit, plus haut du monde à l’époque, et le canal de Panama, sur le chantier duquel il décéda de la fièvre jaune comme 4 000 ouvriers.
On ne s’étonnera pas, vu la détestation du sinistre bonhomme pour nos terroirs, de l’oubli de Jean-Antoine Chaptal qui entre deux présidences de l’Académie des Sciences révolutionna les processus de vinification, offrant une contribution majeure à la culture française du vin, qui comme le disait Alexandre Dumas “est la partie intellectuelle du repas”.
L’effacement d’un haut lieu de la Résistance
La Lozère a largement payé sa part dans la libération de la France. Comme l’ensemble de la Résistance, les maquis lozériens ont articulé la lutte contre l’occupant avec une intense activité intellectuelle et politique. Il est regrettable que le mépris pour la France dite “périphérique” aille jusqu’à dépasser chez certains la reconnaissance de dette dont nous sommes toutes et tous comptables vis-à -vis des combattants de la Liberté.
Otto Kuehne, cheminot communiste allemand, secrétaire de la fraction communiste au Parlement allemand avant-guerre, brigadiste en Espagne, dirigeant du maquis en Lozère puis haut fonctionnaire dans l’administration berlinoise après 1945, vaut bien un peu de respect.
Henri Bourillon, maire de Mende, démis de ses fonctions par Vichy pour son opposition à l’implantation en Lozère du camp d’internement de Rieucros, diffuseur du journal Combat, avocat des résistants communistes nîmois au péril de sa vie en 1944, déporté à Auschwitz puis Buchenwald, mort en République Tchèque utilisé comme otage pour couvrir la fuite de la soldatesque nazie méritait-il cette insulte ?
Gilbert de Chambrun, alors diplomate auprès du Vatican, se lie très tôt avec les antifascistes italiens. De retour en France, il milite au sein de l’administration du Quai d’Orsay pour le soutien militaire à la République espagnole. Après la reddition française, il prend en Lozère la tête de l’armée secrète et milite pour l’union avec les maquis communistes. Parlementaire à la sortie de la guerre, apparenté communiste sans jamais adhérer, il aura montré une constance dans ses engagements internationalistes que bien d’anciens maastrichtiens pourraient lui envier.
Jeter l’opprobre sur un territoire n’est plus l’apanage de l’extrême droite
Cette sortie mélenchonienne fait partie d’une stratégie électorale. La FI vise la conquête des préfectures de régions, de leurs banlieues et des Outre-Mer en acceptant un clivage territorial et raciste qui était jusqu’ici l’apanage du RN.
Les mélenchonistes réagissent bêtement en miroir au discours discriminatoire du RN qui a souvent livré à la vindicte populaire des départements entiers, Outre-Mer et Seine-Saint-Denis en tête. En répliquant sur le même thème, digne d’une cour de récréation, en renversant l’attaque sur d’autres territoires, la FI accepte ce clivage imbécile et contribue à la montée de deux France l’une contre l’autre. Pas sûrs que ceux qu’elle prétend défendre aient quoi que ce soit à y gagner.