Le Manifeste du parti communiste : qu’en retenir 176 ans après sa parution ? (2/2)

publié le dans
Le Manifeste du parti communiste : qu’en retenir 176 ans après sa parution ? (2/2)

“Prolétaires de tous les pays, unissez-vous.” Ces mots tirés de la conclusion du Manifeste du parti communiste, paru il y a 176 ans, le 21 février 1848, résonnent encore aujourd’hui.

La lutte des classes comme moteur de l’Histoire

“L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.” Cette phrase, parmi les plus connues du Manifeste du parti communiste, résume bien l’idée centrale du texte. Marx et Engels abordent l’Histoire sous un prisme matérialiste, ils vont dès lors bien plus loin que d’analyser le système capitaliste et les inégalités sociales qui en découlent. 

Leur théorie nous pousse à comprendre que c’est bien la réalité de la confrontation entre différents groupes sociaux et la place que ceux-ci occupent dans les rapports de production, qui est au cœur de l’évolution de l’Histoire des sociétés humaines, et ce, de l’esclavage antique au capitalisme contemporain, en passant par le féodalisme.

C’est seulement sur la réalité de ces rapports de production établis que se dresse une superstructure législative, juridique, politique et surtout étatique, qui ne s’avère être en réalité qu’un instrument au service de la classe dominante et du maintien de l’ordre social.

La société capitaliste contemporaine, qui advient avec l’industrialisation et la prise de pouvoir progressive par la classe bourgeoise, se caractérise quant à elle par la propriété privée des moyens de production. La bourgeoisie s’enrichit par le biais de la possession tandis que le prolétariat, lui, ne possède autre chose que sa force de travail. La lutte des classes réside dans l’opposition permanente des intérêts antagonistes entre le travail et le capital.

La dialectique matérialiste amenée par Marx et Engels désigne quant à elle la croissance perpétuelle de contradictions entre les forces productives et les rapports de production bourgeois. Ainsi, les forces productives, au lieu de favoriser le régime de la propriété bourgeoise, finissent par lui faire obstacle, et menacent jusqu’à son existence lorsqu’elles triomphent. Pour sortir des crises dont il est lui seul à l’origine, le capital détruit des masses de forces productives et conquiert de nouveaux marchés, préparant donc des crises plus générales à venir.

La classe travailleuse, dès lors qu’elle est consciente de la place qu’elle occupe au sein des rapports de production et qu’elle est organisée derrière un Parti communiste fort, peut dépasser les rapports de productions présents pour construire une tout autre organisation : le socialisme. D’où le rôle que joue la diffusion massive du Manifeste (et l’objectif pour ses auteurs de transformer matériellement le monde).

L’établissement d’une société sans classe est conditionné, pour Marx et Engels, à un passage par la dictature du prolétariat. Péjorativement connoté à partir du XXe siècle, il s’agit de replacer le mot de « dictature » dans le sens qu’il revêtait encore au XIXe siècle, directement issu de la Rome antique. 

La dictature du prolétariat désigne en réalité la prise par les masses du pouvoir. Temporaire et transitoire, elle vise à accélérer les prises de décisions économiques comme la mise en place de la progressivité de l’impôt ou la collectivisation des moyens de production, afin de modifier complètement la nature de la propriété privée, de faire en sorte que le prolétariat se constitue en classe dominante et qu’il puisse prendre le contrôle de l’appareil d’État.

La postérité du Manifeste

Marx et Engels n’ont pas inventé la lutte des classes. Celle-ci existe depuis toujours et est à l’origine de l’Histoire de toute société humaine. Cependant, la parution du Manifeste a débouché, jusqu’à aujourd’hui, sur près de deux siècles d’organisation de la classe travailleuse, de sa constitution en mouvement ouvrier derrière partis et syndicats.

L’Histoire a ensuite donné raison aux deux Prussiens. En 1871, la Commune de Paris, que Marx et Engels qualifient eux-mêmes de “première dictature du prolétariat” dans La Guerre civile en France, résulte sur le premier gouvernement ouvrier qui n’ait jamais vu le jour. En 1917, la prise du pouvoir des bolcheviques en Russie, derrière la figure de Lénine, fut également un tournant majeur pour l’Histoire du mouvement ouvrier. Se succéderont les expériences chinoises, cubaines, vietnamiennes, burkinabées…

Aujourd’hui, les productions et les marchés sont mondialisés, les écarts de richesse entre ceux qui produisent et ceux qui possèdent n’ont jamais été aussi importants. Les politiques néolibérales des États bourgeois tendent toujours plus à déposséder la classe travailleuse des conquêtes sociales gagnées après d’âpres luttes. Il semble donc primordial de s’organiser pour que puissent enfin advenir les jours heureux.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques