Trump en croisade sous les mers 

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Trump en croisade sous les mers 

Une fois de plus, Donald Trump dévoile sans filtre ses ambitions impérialistes, en dépit de tout respect des traités internationaux. La dernière provocation en date : un décret pour ouvrir l’extraction minière sous-marine en eaux internationales dans le but d’exploiter les gisements de nodules polymétalliques.  

Une décision qui remet en cause la légitimité de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), compétente en haute mer. Preuve supplémentaire, s’il en fallait une, des lubies impérialistes du président américain. 

La clé d’une stratégie industrielle à 4 000 mètres de profondeur 

Les nodules polymétalliques qui recouvrent les plaines abyssales à certains endroits du globe sont composés de minerais et de métaux. On en extrait majoritairement du manganèse qui est utilisé dans la fabrication de l’acier. Les autres métaux – principalement du cobalt, du nickel et du cuivre – entrent dans la composition des batteries. Ils sont donc une ressource particulièrement stratégique. 

L’extraction à de telles profondeurs demande des technologies de pointe, capables de supporter la pression au niveau du plancher océanique. Mais les entreprises états-uniennes se disent prêtes et n’attendent que les autorisations d’exploitation. 

En 2023, trois pays, l’Afrique du Sud, le Gabon et l’Australie, étaient à l’origine de 74 % de la production mondiale de manganèse. La stratégie est donc claire : que les États-Unis aient leur propre matière première pour devenir indépendants des autres pays producteurs. 

Le président américain trouve ici une stratégie qui s’inscrit dans la continuité de sa “stratégie du choc” pour réindustrialiser les États-Unis, en dépit du respect des traités internationaux. 

Par ailleurs, le gouvernement Trump estime que l’extraction minière en eaux profondes pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, sur 10 ans.

Les scientifiques alertent 

Développement de nouvelles technologies, création d’emplois… Le projet pourrait sembler prometteur. Pourtant, une fois encore, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. 

Car ce que Trump considère comme un Eldorado industriel à exploiter est un des derniers grands mystères de notre planète. Les océans recouvrent 75 % de la surface terrestre, mais à peine 3 % en ont été explorés précisément. On connaît mieux la surface de la lune que les abysses de nos océans.

C’est en effet dans ces profondeurs que se jouent peut-être certaines des plus grandes avancées scientifiques de demain. Les plaines abyssales se trouvent proches des cheminées hydrothermales, également convoitées pour le soufre. Ces dernières attirent les chercheurs car elles pourraient être le lieu d’origine de la vie sur Terre. L’étude des organismes qui survivent dans ces milieux extrêmement hostiles pourrait révolutionner la médecine ou la biotechnologie. 

Les plaines abyssales sont également recouvertes de sédiments qui pourraient être des puits de carbone. Les technologies permettant de prélever les nodules consistent, pour le moment, à racler les fonds océaniques avec une drague. Ce procédé détruit la couche sédimentaire et rejette dans l’eau tout le CO2 stocké. Les conséquences pour les écosystèmes marins sont désastreuse et touchent l’ensemble de la chaîne alimentaire, jusqu’à nos stocks de pêche. 

L’industrie doit répondre aux besoins humains sans compromettre son avenir 

Les matériaux contenus dans les nodules polymétalliques sont nécessaires pour répondre aux besoins de l’humanité. Nous avons besoin d’acier pour la construction. Nous avons besoin de batteries et d’électronique pour développer de nouvelles technologies, en médecine par exemple. 

Pourtant, à l’heure actuelle, les conséquences réelles de ces extractions minières sur l’environnement sont impossibles à estimer. Si les États-Unis commencent des extractions de grande ampleur et hors de leurs eaux territoriales, d’autres États voudront participer à la course au profit. Les conséquences environnementales en seraient donc multipliées. 


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