Grève des sardinières de Douarnenez : une grève féministe 

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Grève des sardinières de Douarnenez : une grève féministe 

2024 est une année de commémoration pour Douarnenez. Cette année marque le centenaire de la grève des sardinières. En novembre 1924, les femmes des 21 usines de conserverie de poissons de Douarnenez et des alentours se mettent en grève pour demander une augmentation des salaires et des conditions de travail. 

Des travailleuses en lutte pour la dignité au travail

Les conditions de travail des sardinières sont effroyables. Payées 80 centimes de franc l’heure, elles font des journées de 10 à 12 h de travail, ne pouvant s’arrêter “tant qu’il y a du poisson”. Certains témoignages rapportent même des périodes allant jusqu’à 72 h sans dormir. Le travail des enfants est commun dans les usines alors qu’il est illégal. Les heures à attendre le poisson lors des négociations avec les pêcheurs ne sont pas payées. Les sardinières travaillent beaucoup de nuit, pour un salaire identique à celui de la journée, et peuvent être rappelées à travailler à n’importe quelle heure de la nuit. 

La CGT-U, le journal l’Humanité de la SFIC (PCF) et la mairie communiste de Douarnenez aident les femmes à organiser la grève. 

Il faudra 6 semaines de lutte, blocages, manifestations et autres actions pour que les patrons cèdent aux revendications des ouvrières déterminées. 

Une table ronde sur les femmes et le travail pour lancer cette année de commémoration

À l’occasion de ce centenaire, l’UL CGT Douarnenez Cap-Sizun organisait, le 5 avril dernier, une table-rond sur les femmes et le travail avec Sophie Binet et des travailleuses de Douarnenez. 

En effet, les femmes sont majoritairement représentées dans les métiers dits “peu qualifiés” comme les métiers du soin et du lien ou encore ouvrière. Elles ont également bien plus souvent des contrats précaires (CDD ou temps partiels) que leurs homologues masculins.

Lors de cette table-ronde, les travailleuses ont présenté leur travail et les difficultés de ces derniers : ouvrière en conserverie, aide-soignante en EHPAD, aide à domicile, ATSEM et ouvrière de la métallurgie. Elles dénoncent les CDD à répétition pendant des dizaines d’années, le port de charge lourde qui entraîne une usure du corps et des maladies professionnelles qui ne sont pas reconnues par les patrons, les journées à rallonge, les rappels sur les jours de repos ou les temps de trajet entre deux patients qui n’est pas compté comme temps de travail.

Elles témoignent également de la double charge de travail qui leur est imposée par la société capitaliste. C’est à elles qu’incombent les tâches ménagères, l’éducation des enfants…

De nombreux autres temps d’échanges et temps fraternels seront organisés à Douarnenez tout au long de cette année pour faire vivre la mémoire de ce combat féministe. 


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