Quand la rentrée étudiante rime avec précarité

publié le dans
Quand la rentrée étudiante rime avec précarité

A quelques jours de la période de rentrée, l’UNEF, principal syndicat étudiant, vient de publier son enquête annuelle sur le coût de la vie étudiante. Les offensives néolibérales comptent parmis leurs premières victimes les étudiants et les plongent de plus en plus dans la précarité.

L’augmentation générale du coût de la vie étudiante

D’après le rapport du syndicat, un étudiant devra en moyenne s’acquitter mensuellement de la somme de 838 euros, soit une augmentation de 1,31% par rapport à l’année passée. Une somme élevée puisque la majeure partie des étudiants subsiste avec un revenu de 400 à 600 euros par mois environ. Face à cet écart budgétaire entre les dépenses et les revenus, près de la moitié des étudiants se salarient à côté de leurs formations, mettant souvent ces dernières en péril.

On pouvait espérer de la part d’un gouvernement qui prétend mettre la réussite étudiante au cœur de son action un geste fort pour enrayer l’appauvrissement estudiantin toujours plus fort années après années : il n’en est rien.

Le loyer : une charge en constante augmentation

Principal poste de dépense, le logement représente 54% du budget des étudiants et cette année, 34 villes universitaires voient les loyers augmenter. Ces augmentations s’accompagnent de la baisse des APL (5 euros l’année dernière), malgré la cordiale sollicitation pour baisser les loyers du président de la République au propriétaires immobiliers, et de la charge considérable que représente la taxe d’habitation.

Cette insoutenable tension touche d’abord les lycéens issus des milieux les plus modestes, pour lesquels la rentrée est un vrai gouffre financier, notamment à cause de la location d’un appartement et les cautions assorties. A ce coût disproportionné viennent s’ajouter les galères de plus en plus importantes pour trouver un appartement à louer, dans un contexte où seulement 7,4% des étudiants sont logés en résidence CROUS. Les dizaines de milliers de laissés pour compte du dispositif Parcoursup sont particulièrement touchés par ces difficultés, lorsqu’ils n’ont pas été retenus sur l’affectation de leur choix et attendent qu’une place se libère sur des interminables listes d’attentes. Rappelons au passage que le désastre provoqué par Parcoursup ne laisse pas moins de 160 000 bacheliers sur le carreau, soit près de 20% des candidats de la plateforme.

Sans être certains de leurs affectations, beaucoup hésitent, certains renoncent et cherchent d’ores-et-déjà un emploi pour pouvoir s’assurer d’avoir de quoi vivre et louer un logement. Le logement, qui est pourtant une nécessité dans les études, devient un luxe pour beaucoup. Nombreux sont ceux qui, découragés, se sont inscrits dans des formations privées près de chez eux pour pouvoir vivre chez leurs parents, laissant s’envoler l’ambition de l’émancipation et de l’autonomie.

S’inscrire, se déplacer et se nourrir : ça coûte aussi de plus en plus cher !

Le Gouvernement assure non sans mauvaise fois que les dépenses liées aux études ont baissé, notamment avec la suppression du régime étudiant spécifique de sécurité sociale. Mais la mise en place de la CVEC (Contribution à la Vie Etudiante et de Campus) fait grincer des dents puisqu’elle implique une contrepartie financière aux activités culturelles et sportives sur les campus, qui n’implique pas un coût particulier dans la plupart des établissements. Si cela a pu passer presque inaperçu, il s’agit d’une augmentation brute des frais d’inscription, alourdissant la facture d’une part conséquente des étudiants auparavant exonérés des frais de sécurité sociale, particulièrement les boursiers.

Du coté des transports, nombreuses sont les municipalités ayant augmenté leurs tarifs jusqu’à 50 euros de plus par an comme à Toulouse par exemple. Se déplacer pour se rendre sur son lieu d’étude étant une nécessité, impossible d’échapper au poste de dépense croissant qui y est associé.

Et enfin, il n’y a pas que dans le domaine des bourses sur critères sociaux ou du logement que les CROUS (Centre Régional des Œuvres et Scolaires), ne parviennent pas à répondre aux besoins grandissants. C’est aussi le cas pour la restauration à tarif social. Face à un manque d’investissement de l’Etat, ces derniers développent des alternatives qui plombent tant le portefeuille que la santé des étudiants. Ainsi, alors que le ticket classique à 3,25€ permet d’avoir accès à un repas comprenant entrée, plat, laitage et fruit, le développement des cafétérias, des lieux de restauration sans formule ou à point, alourdit considérablement la facture. Cela remet en cause la possibilité de se nourrir de façon équilibrée et à moindre coût.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques