Où va le monde depuis les accords de Paris ?

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Où va le monde depuis les accords de Paris ?

La réélection de Trump a amené son cortège de bouleversements géopolitiques qui menacent le fragile équilibre mondial. Parmi eux, un est passé inaperçu, mais ses conséquences pourraient être particulièrement graves : le retrait des États-Unis de l’accord de Paris.

Promulgué en 2015 lors de la COP21, il est signé, depuis le retrait étasunien, par 196 parties (États ou structures supranationales telles que l’UE), qui s’engagent collectivement à limiter le réchauffement climatique sous 2 °C d’ici 2100 et à poursuivre les efforts pour le maintenir sous 1,5 °C. L’objet de cet article est de fournir une brève synthèse de l’évolution de l’accord de Paris ces dernières années.

Un accord basé sur la bonne volonté

Il est d’abord nécessaire d’expliquer son fonctionnement.

Un point important – et critiquable – de cet accord est qu’il adopte une approche dite bottom-up : chaque État engage ses propres efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre selon ce qu’il juge politiquement acceptable, notamment en fonction de sa conception de l’équité dans la répartition des efforts internationaux, et sur la base de la bonne volonté de chacun des acteurs.

L’accord de Paris espère ainsi atteindre les objectifs climatiques sans réelle coordination des efforts. Autrement dit, un État n’est responsable que de ce qu’il a lui-même promis, et les États sont collectivement responsables de maintenir le réchauffement sous des seuils acceptables. Cette approche a des limites évidentes, mais a le mérite de faire exister un accord international sur le climat.

Contributions nationales et trajectoires de long terme

Concrètement, il existe deux mécanismes de « promesses » climatiques dans l’accord de Paris : les contributions déterminées au niveau national (NDC) et les stratégies à long terme (LTS).

Les NDC sont les politiques envisagées par chaque partie pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre sur dix ans. Elles sont transmises tous les cinq ans – 2015, 2020, 2025, etc. L’accord stipule que chaque nouvelle NDC “représentera une progression par rapport à la précédente et correspondra à son niveau d’ambition le plus élevé possible”.

Pour certains pays, leur NDC dépend de l’aide économique des pays développés : on parle alors de “NDC conditionnelle”. Les parties doivent actuellement fournir les NDC de troisième génération.

Les LTS, quant à elles, correspondent aux objectifs climatiques de chaque État pour 2050. Dans la plupart des cas, elles annoncent une date d’atteinte de la neutralité carbone — par exemple 2050 pour l’Union européenne — ainsi que les grandes orientations stratégiques. Les premières LTS ont été publiées en 2020, puis révisées en 2024.

Dans de nombreux cas, la cohérence entre les NDC à court terme et les LTS à l’horizon 2050 demeure sujette à débat.

Le 24 octobre dernier, l’UNEP a publié, en amont de la COP29, une évaluation des politiques climatiques menées par chaque État, des NDC 2020-2030 et des LTS. Le rapport a ensuite évalué collectivement les politiques menées et calculé le niveau probable de réchauffement en 2100 :

  • Si les politiques actuelles restent inchangées : +3,1 °C
  • Si seules les NDC inconditionnelles sont appliquées : +2,8 °C
  • Si les NDC inconditionnelles et conditionnelles sont appliquées : +2,6 °C
  • Si les LTS sont effectivement mises en œuvre : +1,9 °C

Les LTS sont donc, à ce jour, compatibles avec les objectifs de l’accord de Paris.

En revanche, les NDC de 2020 impliquent un réchauffement de +2,7 °C. Un tel niveau aurait des conséquences très graves sur les sociétés et les écosystèmes (vagues de chaleur, montée des eaux, etc.). Il faut néanmoins noter que les NDC tendent à se renforcer à chaque nouvelle version : les précédentes projetaient un réchauffement de +3,7 °C.

La question de la compatibilité entre les NDC et les stratégies à long terme reste ouverte, en particulier depuis le retrait des États-Unis. La réponse des États toujours signataires de l’accord, lors de la publication de leurs nouvelles NDC dans les mois à venir, sera donc décisive.


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