Argentine : Mobilisation massive contre la réforme des retraites

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Argentine : Mobilisation massive contre la réforme des retraites

Lundi 18 décembre, des centaines de milliers d’Argentins sont descendus dans les rues de Buenos Aires contre le président néolibéral Mauricio Macri et sa loi prévoyant de réduire l’augmentation des pensions et de repousser l’âge de départ à la retraite, de 65 à 70 ans pour les hommes et de 60 à 63 ans pour les femmes.

L’appel à une grève générale de la CGT (Confederación General del Trabajo de la República Argentina), principale organisation syndicale du pays, comptant plus de 2,5 millions de membres, a été très suivi, notamment dans les transports, banques, aéroports et commerces, paralysant une bonne partie du pays. Une foule énorme, composée de travailleurs de nombreux secteurs, d’étudiants et de retraités, a déferlé dans les rues pour protester contre le projet de réforme des retraites qui était débattu le même jour à la Chambre des députés.

Après plus de 16 heures de débats houleux, le texte a été finalement adopté mardi au petit matin avec une courte majorité, 128 voix pour et 116 contre. Cependant pour Agustin Rossi, le président du groupe parlementaire Front pour la victoire (FPV, gauche), de l’ex-présidente Cristina Kirchner, « ce vote, ce n’est pas la fin de l’histoire. Ce qui s’est passé lundi, c’est le point de départ, le début d’une résistance pacifique », des mots d’apaisement malgré la forte répression, par les autorités, du mouvement contestataire.

Forte répression

En effet, avant que la loi ne soit votée, une violente répression de la part des forces de police anti-émeutes s’est abattue sur les manifestants faisant plus de « 160 blessés, dont des journalistes, par des tirs de balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes et coups de matraques » et donnant lieu à 60 arrestations » rapporte la chaîne sud-américaine TeleSur.

Cette répression s’inscrit dans une politique de plus en plus violente du gouvernement argentin à l’encontre des mouvements sociaux. Jeudi 14 décembre déjà, la répression avait fortement sévi à l’encontre des opposants à la réforme, ce qui avait poussé les parlementaires a repousser à lundi l’examen et le vote du texte législatif. Ce jour-là, le gouvernement avait mobilisé plus de 3000 policiers et gendarmes, militarisant totalement les alentours du parlement. Un déploiement de force et de violence qui a visé tant les manifestants que certains députés d’opposition, empêchés de rejoindre l’hémicycle et qui rappelle les pires moments de l’Histoire nationale. “Il a coûté très cher au peuple argentin de pouvoir vivre en démocratie et aujourd’hui sont violées toutes les normes de la vie en commun, et l’on assiste à ce dispositif militaire que je n’ai jamais vu en 50 ans de vie publique :  un Parlement occupé, le Sénat fermé et le Congrès plein d’agents du renseignement prenant des photos à l’intérieur” insista ainsi José Luis Gioja, président du Parti justicialiste.

Une politique répressive et néolibérale assumée

Le président Macri, qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse suite au vote de la réforme, a remercié les parlementaires ayant voté le texte mais a aussi félicité les forces de police pour leur « gestion de la crise ». Macri a justifié cette répression policière en soutenant que « les forces de police ne faisaient que leur travail et en précisant qu’elles étaient toujours au service de la communauté. ».

Depuis son élection à la tête de l’Etat en décembre 2015, le chef du gouvernement ne cesse de s’atteler à totalement libéraliser l’économie argentine, détruire la fonction publique et les conquêtes sociales des travailleurs pour réduire la dette du pays. Pour exemple, à peine élu, Macri avait en 3 mois supprimé 40 000 postes de fonctionnaires et dans ce même laps de temps les premiers effets de sa politique se faisaient déjà sentir, la pauvreté augmentant de 5%.

De nouvelles réformes encore plus antisociales et impopulaires sont déjà annoncées pour les prochains mois. Une réforme sur le code du travail est notamment prévue. Reste à espérer que la mobilisation des opposants, soutenus par les syndicats, s’amplifie et réussisse à faire reculer le gouvernement.

Comme l’affirme Victor Kot, secrétaire général du Parti communiste d’Argentine

“nous, forces du camp populaire, sommes en état d’alerte et de mobilisation permanent, face à un pouvoir exécutif arrogant avec le peuple, avec ceux d’en-bas, mais totalement soumis devant les exigences du FMI”.

Pour les communistes argentins, “l’unité d’action en vue d’une alternative de libération nationale et sociale” est l’outil indispensable au succès de cette mobilisation.

 


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