Catalogne, des élections toujours pas de solution

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Catalogne, des élections toujours pas de solution

Depuis lundi 30 octobre, la Catalogne est sous tutelle de l’Etat espagnol en application de l’article 155 de la constitution. Alors que des élections sont programmées pour le 21 décembre, les arrestations et les détentions de responsables politiques catalans cristallisent les tensions.

Des élections pour ne pas mener le débat

Les élections provoquées par le gouvernement espagnol ressemblent fort à un pari de la part de Madrid. En cas de défaite des indépendantistes, ou du moins de l’émergence d’une coalition qui ne fasse pas de l’indépendance une priorité, Rajoy sort vainqueur.

Cependant dans l’hypothèse d’une victoire des partis indépendantistes et d’une nouvelle coalition de gouvernement portant l’indépendance, la situation deviendra à nouveau compliquée pour Madrid.

Le refus du gouvernement espagnol de mettre en question les institutions et la constitution espagnole malgré sa large remise en cause, a enterré tout débat. Le camp “constitutionnaliste” s’est réfugié derrière une légalité qui est remise en cause. Opposer la constitution à celui qui la conteste n’est pas un argument.

Ces élections, auxquelles la participation s’annonce très forte, risquent d’être utilisées pour leur donner un sens qui dépasse de loin le choix d’un organe régional.

Arrestations et poursuites judiciaires, la répression continue

Le gouvernement catalan destitué a été convoqué par un juge pour rébellion et est depuis maintenu en détention préventive. Ces prisonniers cristallisent  les tensions. L’accusation de rébellion paraît difficile à justifier, les mobilisations populaires en faveur de l’indépendance se sont faites très calmement et le mouvement indépendantiste a toujours revendiqué son pacifisme.

Cette décision présentée comme motivée par la fuite en Belgique de Puigemont et de quatre de ses ministres, a été invoquée par ces derniers pour justifier leur départ d’Espagne… Le président destitué de la Généralité catalane, ne cesse de dénoncer la justice et les institutions espagnoles qui ne respecteraient pas les normes démocratiques.

Les poursuites judiciaires, arrestations et détentions ont largement remis de l’huile sur le feu et constituent aujourd’hui une des bases qui réunit encore les indépendantistes. C’est également un des points sur lesquels ils peuvent rassembler plus largement de nombreux espagnols et catalans étant particulièrement critiques de ces décisions, n’hésitant pas à qualifier les détenus de prisonniers politiques.

La stratégie indépendantiste en question

La Cour constitutionnelle espagnole en déclarant hier “nulle et inconstitutionnelle” la déclaration d’indépendance catalane, qui était restée sans effet a semblé clore la stratégie politique de Puigdemont.

Depuis le référendum illégal du premier octobre, le président de la Catalogne a semblé avoir alimenté une fuite en avant. Lui-même n’a jamais semblé croire à sa déclaration unilatérale d’indépendance, qu’il a suspendu aussitôt après l’avoir faite.

Il peine depuis sa fuite à Belgique à réussir à faire croire qu’il agit au nom d’un gouvernement en exil venu plaider la cause d’une nation opprimée. Sa seule réussite majeure semble être d’avoir provoqué une crise gouvernementale en Belgique et une crise diplomatique entre la Belgique et l’Espagne.

L’Union Européenne, dont il semble continuer d’espérer un soutien qu’il n’aura jamais, n’a aucune intention de laisser la crise catalane rentrer dans son agenda politique. Aucun État membre n’y a d’ailleurs le moindre intérêt.

L’absence du moindre soutien international et l’opposition de l’Union Européenne entrent en contradiction avec la stratégie indépendantiste affichée et devrait peser sur les décisions d’un éventuel futur nouveau gouvernement catalan indépendantiste.

Des élections aux résultats incertains

Pour l’instant le Parti démocrate européen catalan, est assez bas dans les sondages entre 8 et 12% payant sa gestion désastreuse de la dernière période et probablement la fuite de sa tête de liste Puigdemont en Belgique. La Gauche Républicaine de Catalogne, seconde force indépendantiste, profite de l’affaiblissement de son allié et est créditée jusqu’à 32% des voix. Les indépendantiste de la Candidature d’Unité Populaire, réduirait légèrement leur score électoral.

Les partis anti-indépendantistes verraient leur résultat un peu amélioré notamment pour Ciudadanos (les citoyens) parti libéral dit constitutionnaliste ainsi que pour le parti socialiste catalan. Le parti populaire de Rajoy est promis à une stagnation.

De même pour l’alliance entre Podem (branche local de Podemos) et la gauche unie sous l’étiquette Catalogne en commun. Partisan de la tenue d’un référendum légal, ils se prononcent contre l’indépendance au profit d’une modification de la constitution espagnole. Une partie de Podem a récemment quitté le mouvement pour se rapprocher des indépendantistes. Plus globalement Podemos a largement souffert de la polarisation du débat.

L’arrivée en tête de la gauche républicaine de catalogne laisse ouverte deux possibilités de coalition, une pour faire un gouvernement de gauche, mettant l’indépendance au second plan, l’autre semblable à celle qui a été destituée pour reprendre le chemin de l’indépendance.

 


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