COP 28 : la main d’œuvre immigrée sacrifiée afin d’accueillir la plus grande farce écologique de l’année

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COP 28 : la main d’œuvre immigrée sacrifiée afin d’accueillir la plus grande farce écologique de l’année

Dans un rapport présenté récemment, l’ONG Fair Square a dénoncé les pratiques de la monarchie du Golfe à l’approche du 28ᵉ sommet intergouvernemental sur le climat. Sous 42 °C, des ouvriers immigrés ont travaillé d’arrache-pied pour adapter les locaux qui accueilleront la prochaine COP.

“Ce temps n’est pas fait pour les humains”

Les méthodes esclavagistes sont courantes dans les monarchies pétrolières du Moyen-Orient. Mises en lumière par l’expérience récente de la Coupe du Monde de football au Qatar, elles n’en finissent pas de s’épanouir sous le regard passif de la communauté internationale.

Le rapport réalisé par Fair Square dévoile les conditions dans lesquelles des travailleurs africains et sud-asiatiques ont rénové, tant bien que mal, les bâtiments de “l’Expo City”. Sans surprise, des violations du droit du travail ont eu lieu, en particulier l’interdiction de travail dans les heures les plus chaudes de la journée.

Comme le souligne le scientifique Barrak Alahmad, l’exposition aux températures qui étaient celles du mois de septembre, comprises entre 35 et 45 °C, présente de nombreux risques pour les ouvriers. Parmi eux, les crises cardiaques, les coups de chaleur potentiellement mortels, les problèmes rénaux… mais aussi une augmentation de 20 % des risques d’accident du travail en raison de l’altération des facultés mentales.

Les ouvriers sur place ont témoigné de la difficulté qu’ils éprouvaient, de jour comme de nuit, pour travailler dans les conditions imposées par l’État émirati. Les cadences sont infernales, et les travailleurs le constatent : “ce temps n’est pas fait pour les humains”. Mais avec le verrouillage des droits et de la parole des immigrés dans les pays du Golfe, rares sont ceux qui osent s’exprimer sur leurs conditions d’existence.

Rien n’est trop beau pour avoir sa propre COP

La 28ᵉ conférence des parties sur le changement climatique s’organise cette année sous les pires auspices. De très nombreuses voix ont commencé à dénoncer la mascarade que sera l’édition 2023 de ce sommet.

Le sacrifice des travailleurs immigrés ne s’est fait que pour un seul profit : celui des Émirats arabes unis, qui comptent s’enduire d’un vernis écologiste en ayant leur propre COP. Soucieux de leur image, les EAU ont commencé à soigner leur communication et la couverture à l’étranger du sommet.

Ironiquement, la présidence de la COP sera assurée par Ahmed al-Jaber, PDG d’ADNOC, l’entreprise numéro 1 du secteur pétrolier aux Émirats. Dans la lignée de la COP 27, le lobby des industries fossiles sera présent en force et aura la ferme intention que les États cèdent à leurs intérêts, largement alignés sur ceux des monarchies pétrolières.

Au moins depuis la COP 26 de Glasgow, ce modèle de rencontre internationale a perdu toute crédibilité pour accomplir les objectifs indispensables de la lutte contre le réchauffement climatique. À l’inaction, s’ajoutent désormais l’indignité dans laquelle sont plongés les ouvriers et la victoire idéologique des promoteurs de l’industrie fossile. Il n’y a manifestement rien à atteindre de la farce que sera cette COP 28.


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