Coronavirus, entre préoccupations sanitaires et économiques

publié le dans
Coronavirus, entre préoccupations sanitaires et économiques

Plusieurs foyers de contagions au coronavirus ont été détectés en France, aux mesures de préventions sanitaires, s’ajoutent celles d’ordre économique. 

Les premières mesures prises en France pour lutter contre l’épidémie de coronavirus ont été la fermeture anticipée du Salon de l’agriculture et l’annulation du semi-marathon de Paris. Plus généralement, tous les rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné sont interdits. De nombreuses réactions ont eu alors lieu pour pointer la différence supposée de traitement avec le maintien des matchs de football et leurs stades pleins de supporters. Beaucoup se sont émus d’une décision qui aurait été motivée pour des considérations économiques. 

Pourtant l’expansion de l’épidémie actuelle n’est pas sans conséquence sur l’économie. Si les vendeurs de masques de protections et de gels hydroalcooliques devaient battre des records, les exemples internationaux montrent que la propagation du virus va de pair avec un ralentissement des échanges. Les restrictions de déplacement pèsent ainsi directement sur un certain nombre de secteurs. 

Épidémie mondiale pour économie mondiale

La déforestation entraînée par une économie mondialisée est souvent citée comme un facteur favorisant les contacts entre les hommes et les animaux et donc la transmission de virus et les épidémies. Dans le cas du coronavirus, l’origine du virus est pour l’instant inconnue même si le virus a été identifié comme provenant probablement d’une chauve-souris et était passé par le pangolin. 

La Chine, premier foyer du coronavirus, est au cœur de l’économie mondiale, un grand nombre de multinationales ayant une partie de leurs approvisionnements ou leurs chaînes de montage dans ce pays. Les différentes mesures prises par les autorités chinoises pour lutter contre l’épidémie ont pu parfois mettre à l’arrêt des usines essentielles à ces groupes qui voient leur activité paralysée. C’est le cas d’Apple qui a annoncé des difficultés à fournir certains de ses produits aux distributeurs, c’est aussi le cas de Tesla contraint d’installer sur ses véhicules des puces de la précédente génération pour continuer à livrer ses véhicules. La dispersion des chaînes de productions sur plusieurs continents et la concentration de la production de certains composants essentiels parfois au sein d’une même zone géographique conduit à une rendre l’économie historiquement faible face à une épidémie pour l’instant modeste. La dépendance à l’égard d’un seul pays d’entreprises qui diffusent leur produit mondialement s’avère ainsi une faiblesse fatale.

La France, première destination touristique mondiale, subit depuis janvier la désertion des voyageurs chinois. Plus globalement les compagnies aériennes qui ont pour la plupart été obligées de suspendre certaines liaisons, l’association internationale du transport aérien estime que les pertes pourraient monter jusqu’à 113 milliards de dollars. Ces déplacements aériens sont par ailleurs le principal vecteur de propagation du virus sur les cinq continents. 

Une réaction gouvernementale mesurée

En France, alors que l’épidémie reste modeste, les pouvoirs publics peinent à répondre à l’inquiétude naissante sans l’alimenter. Entre « ne rien faire » et « en faire trop », l’espace est restreint pour le gouvernement qui aimerait de plus préserver une croissance économique déjà fragile. 

Le ministère de l’Économie a publié sur son site une série de mesures disponibles pour les entreprises, allant de l’étalement du paiement des impôts et cotisations sociales à la demande « aux grands donneurs d’ordre de faire preuve de solidarité vis-à-vis de leurs fournisseurs et sous-traitants » en passant par la déclaration du coronavirus comme « un cas de force majeure » et le renoncement pour l’État à réclamer des pénalités de retard pour ses marchés publics. Par ailleurs, le prix du gel hydroalcoolique devrait être fixé par décret afin d’éviter les prix délirants pratiqués par des revendeurs peu scrupuleux, les masques de protections ont eux été réquisitionnés pour être dirigés vers les utilisations les plus pertinentes. 

Le gouvernement n’a toutefois prononcé aucune restriction sur les transports publics ni envisagé la fermeture générale des écoles comme cela a été fait en Italie ou en Iran. La grande distribution constate toutefois des ventes plus importantes de produits de première nécessité comme les pâtes, le riz ou le papier toilette. Dans l’Oise où plusieurs cas ont été déclarés, c’est la livraison et le drive qui ont connu une augmentation. 

Le faible nombre de malades du coronavirus contraste avec l’impact déjà important de l’épidémie sur les échanges dans le pays. Les inquiétudes qui conduisent à des changements de comportements sont autant suscités par la progression du virus que par les mesures de préventions annoncées. 

Si l’épidémie devait révéler davantage les difficultés dénoncées depuis des mois par les personnels des hôpitaux publics ou des EHPAD, l’embarras ne pourra être qu’important au gouvernement. De même, la loi pluriannuelle de programmation de la recherche est actuellement contestée par des universitaires qui ne manquent pas de mettre en avant l’intérêt d’une recherche publique désintéressée, notamment face à des menaces virales. Le gouvernement avait également remis en place un jour de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique, un élément qui pourrait aujourd’hui favoriser les contaminations entre collègues.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques