Edito : Le gouvernement joue la confiance face à la menace d’un “printemps social”

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Edito : Le gouvernement joue la confiance face à la menace d’un “printemps social”

Malgré un ultime coup de l’hiver ce weekend le printemps “astrologique” c’est demain. Le printemps social peut être jeudi, avec une manifestation nationale des cheminots, une grève de la fonction publique et des appels à la mobilisation du côté des lycéens et étudiants. Le gouvernement lui affiche clairement ne pas craindre la météo sociale, et pour l’instant l’histoire lui a plutôt donné raison.

Des mobilisations contre la loi travail XXL, à celles contre la sélection, en passant par celles contre sa politique migratoire, l’exécutif n’a pas eu à craindre les foules. L’opposition politique comme syndicale apparaît incapable de rassembler largement. Le gouvernement en vient même à fanfaronner. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire c’est ainsi permis d’affirmer à propos de la grève des cheminots :

“Nous tiendrons”

Le porte-parole de la présidence de la République a lui aussi livré son analyse sur la question :

“Nous n’avons pas plus d’inquiétude aujourd’hui qu’à l’automne, quand on spéculait déjà sur une possible coagulation sociale.”

Depuis l’Inde le chef de l’Etat, avant l’annonce de la grève des cheminots s’est laissé aller à un auto-satisfecit :

“Nous allons continuer à réformer en profondeur […] ça ne s’arrêtera ni demain, ni le mois prochain, ni dans trois mois. Les Français le souhaitent profondément, seuls des commentateurs fatigués voudraient qu’il y ait un terme à ce mouvement.”

Un argumentaire repris par le Premier ministre :

“Ce qu’attendent les Français, et ils ont raison, ce sont des résultats. Nous allons donc travailler pour leur en donner.”

Malgré une chute, pour l’instant modérée de la popularité de l’exécutif, les sondages d’opinion semblent donner plutôt raison à ce dernier. L’habile communication gouvernementale, bien relayée par des éditorialistes, qu’on a connu plus virulents à l’égard du pouvoir, porte ses fruits.  Il semble qu’une majorité de concitoyens voient dans le statut des cheminots et les conditions de travail dégradées des fonctionnaires, une solution pour leur pouvoir d’achat.

Ce raisonnement absurde a suffisamment gagné les esprits pour que la majorité présidentielle puisse afficher son mépris le plus total pour les mobilisations en cours. Il reste désormais à voir si ce discours résistera à l’épreuve des faits. Il faut également noter qu’une partie de l’opinion est toujours prête à se réjouir d’un pouvoir chahuté, et pourrait basculer pour le seul plaisir de la contestation. Une autre encore, même dans sa réaction, tient davantage à la paix sociale qu’aux mesures réactionnaires et pourrait changer d’avis en cas de paralysie du pays.

Enfin, de nombreux mécontents actuels de la politique gouvernementale pourraient se joindre à la mobilisation, ou du moins la soutenir. Inutile de s’amuser à des prédictions plus ou moins farfelues, toujours est-il que la confiance affichée par le gouvernement aujourd’hui tient davantage de l’opération de com’ que de la certitude.

Jusqu’au 22 mars et surtout jusqu’au début de la grève des cheminots, c’est un premier round psychologique qui se joue, celui qui arrivera à convaincre le plus largement de l’inutilité ou de l’utilité de la mobilisation sociale face au Président Macron.


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