Encore des remous chez les géants du streaming

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Encore des remous chez les géants du streaming

Depuis quelques mois, les plateformes de streaming font annonce sur annonce pour informer des changements dans leurs politiques tarifaires ou dans leurs conditions d’utilisation. 

Avec des prix à la hausse et l’apparition de pub sur les forfaits les plus faibles, les plateformes de streaming semblent être en pleine crise. Cela est bien sûr au détriment des utilisateurs et utilisatrices qui parfois sont obligé·e·s d’arrêter leurs abonnements devenus trop cher. Pourtant, pour beaucoup, ces plateformes sont le seul accès à la culture et notamment aux contenus cinématographiques. 

Une utilisation à double tranchant

L’arrivée de ces plateformes a réellement bouleversé les pratiques culturelles, notamment chez les jeunes. D’un côté, elles ont permis la démocratisation des contenus vidéos professionnels (films et séries). Ce développement a eu aussi pour effet de permettre l’autonomisation des pratiques et le développement des affinités avec tel ou tel contenu. 

Néanmoins, un des effets pervers de ces plateformes a été l’individualisation des pratiques culturelles. Les lieux de sociabilité que pouvaient être les cinémas perdent en fréquentation. Ainsi, tout l’aspect de sociabilité aux sorties culturelles disparaît, favorisant ainsi l’isolement des jeunes. Cette perte de fréquentation n’a pas seulement eu un impact sur les jeunes. En effet, 41 % des abonnés à un service de vidéos par abonnement vont moins souvent au cinéma voir plus du tout. Cela représente une perte immense pour l’industrie du cinéma déjà mise en difficulté par la crise sanitaire. 

Ne pas supprimer, mais transformer ces plateformes

Il ne faut pas supprimer l’existence de ces plateformes, car aujourd’hui elles font partie du paysage culturel et il faut l’accepter. Mais il est nécessaire de repenser ces machines à sous filmiques qui pénalisent le milieu. 

D’une part, il faut faire en sorte que le service public se saisisse de ces nouveaux modes de consommation de la culture afin de les sortir de l’économie capitaliste. Notamment à travers la création de plateformes publiques donnant accès à des contenus de qualité gratuitement, à l’image de CultureBox. D’autre part, il ne faut surtout pas abandonner les cinémas ou les théâtres au profit des plateformes de streaming. Il est même nécessaire d’en renforcer l’accès en donnant aux jeunes les moyens financiers, géographiques et le temps d’y aller. 


Pouvoir d’achat

Pas de radis pour aller en festival

Depuis quelque temps on s’alarme sur l’augmentation en flèche du coût des festivals. Par exemple, en 2017, le prix d’une journée à Rock en Seine coûtait 49 euros au tarif normal. Pour l’édition 2023, le tarif est actuellement fixé à 89 et 75 euros. Une augmentation record qui fait froid dans le dos à beaucoup de festivalier·e·s. 

Mais comment expliquer cette hausse ? L’explication facile serait de dire que tout est de la faute de l’inflation. Les festivals étant très énergivores et le prix de l’énergie ayant fortement augmenté, la réponse est toute trouvée. En outre, l’augmentation du coût de la sécurité a aussi participé à cette augmentation des tarifs.

Une mainmise du secteur par quelques multinationales

Pourtant tout n’est pas si simple. En effet, l’augmentation des places de festivals s’explique aussi par la mainmise de multinationales sur l’économie musicale. Peu nombreuses, elles créent ainsi un monopole, les laissant ainsi varier les prix à leur guise. Ces grosses structures peuvent alors maximiser leurs profits sans pour autant en faire bénéficier certains artistes. 

La vie des artistes est parfois loin d’être comme on l’imagine. En réalité, quand Beyoncé vend des places de concerts à plus de 2000 €, d’autres artistes finissent avec moins de 200 € en poche après leur concert en Arena. Ces artistes doivent alors multiplier les concerts et les tournées afin de réussir à vivre dignement. Au risque de mettre leur santé en danger et de frôler le burn-out. 

Ces éléments participent à rendre la culture et notamment la musique comme un produit de luxe. De ce fait, pour une très grande majorité des jeunes, il est impossible d’assister à un concert. Ce n’est pas d’une culture réservée aux plus riches dont nous avons besoin, mais bien d’une culture accessible et populaire. 

Redonner un sens à l’industrie musicale

Nous avons besoin de redonner un sens à l’industrie musicale en la sortant des logiques capitalistes qui la traversent. Pour ce faire, nous devons donner les moyens aux artistes de vivre et de se produire. Notamment grâce à la création d’organismes de productions solidaires, où les artistes les plus renommé.e.s participent au financement et au lancement de celles et ceux en début de carrière. 

Aussi, il faut imposer un contrôle public sur le prix des places en créant des plafonds à ne pas dépasser. Plus de 2000 € pour aller voir un concert, ce n’est pas possible. Enfin, c’est aux jeunes qu’il faut donner accès à la culture en priorité. Les tarifs spéciaux sont aujourd’hui insuffisants, doivent être renforcés et accompagnés d’une politique culturelle active sur ce sujet. 


JO 2024 

Les festivals menacés

Kristina Nikolaishvili

Le ministère de l’Intérieur acte des reports de festivals à l’été 2024. Pour cause, une mobilisation importante des forces de l’ordre autour des Jeux olympiques et paralympiques. 

L’été est pourtant, de longue date, le temps des festivals. Des centaines sont programmés chaque année dans toute la France, y compris dans la ruralité, entre mai et septembre. Hors Île-de-France, à l’été 2024, de nombreuses régions se trouveront ainsi privées de leurs rendez-vous culturels habituels, par manque de volonté du gouvernement de mobiliser les moyens suffisants pour assurer les conditions de sécurité habituelles autour des festivals. 

Les syndicats ont dénoncé une décision intervenue dans un premier temps sans aucun dialogue avec les professionnels de la culture, avec pour effet direct de mettre en porte-à-faux les sports et la culture, d’opposer la Capitale, « où se concentrera la majorité des épreuves, aux territoires où se déploient la plupart des festivals estivaux ». Avec pour conséquence également d’entraîner une inégalité de traitement entre les publics pouvant profiter des JO et ceux qui seraient privés de festivals, fragilisant par la même occasion la vitalité culturelle des territoires et les emplois festivaliers. 

Depuis décembre, après d’âpres discussions, les scènes festivaliers sont priées de « s’adapter au calendrier des JOP ». Les ministères de l’Intérieur, de la Culture et du Sport, après avoir évoqué des annulations, modulent le propos en actant les reports des « gros » festivals. Les événements « de moindre ampleur » sont pour l’heure maintenus. A charge, comme d’habitude, des collectivités locales de veiller à leur sécurité. En amont et en aval des JOP, les événements culturels devront composer avec des contraintes nouvelles « en limitant, à chaque fois que possible, les moyens nécessaires à leur sécurisation. ». Ainsi, en encourant les graves conséquences d’une absence pure et simple d’événements culturels à l’été 2024, le gouvernement agit une fois de plus en pompier pyromane.


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