Gratuité des transports : pour une transition sociale et écologique

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Gratuité des transports : pour une transition sociale et écologique

Montpellier en 2023, Morlaix et Douai en 2022, la liste des collectivités mettant en place la gratuité des transports en commun s’allonge, contredisant ceux qui considèrent cette proposition comme non crédible. 

Selon l’Observatoire des villes du transport gratuit, en France, ce sont 38 villes qui ont mis en place la gratuité. De gauche comme de droite, la gratuité des transports séduit de plus en plus.

Des enjeux écologiques et sociaux 

Face au dérèglement climatique de plus en plus perceptible et à l’inflation qui frappe de nombreux foyers, la gratuité des transports se place comme un outil de transition écologique et sociale. Il permettrait de réduire l’usage de la voiture et de facilité l’Inter modalité en permettant aux usagers de faire un mix marche-vélo-transports en commun pour remplacer la voiture. 

Mais certains écologistes s’opposent à la gratuité des transports, car ils ne seraient pas suffisamment écologiques et que les gens n’abandonnent pas leurs voitures pour les transports en commun. Pire, les piétons arrêteraient de marcher pour prendre les transports en commun. 

C’est oublier l’aspect social. Les transports en commun sont majoritairement utilisés par les populations les plus jeunes, les plus âgés, les plus pauvres, les plus négativement touchés par les politiques de transition écologique. 

Vers l’amélioration du réseau et une meilleure accessibilité

La gratuité des transports permet aussi de développer le réseau des transports en commun. Le nombre d’usagers grandissant, il devient nécessaire d’augmenter la régularité des passages amenant à une meilleure qualité du service.

La gratuité des transports peut aussi amener plus de sécurité. L’absence de caisse avec du liquide ou le fait que les bus soient plus fréquentés amènent à une réduction des incivilités. À Dunkerque, par exemple, la mise en place de la gratuité des weekends a mené à une réduction de 33 % des incivilités.

L’argument le plus important en faveur de la gratuité des transports, c’est le pouvoir d’achat. Face à l’inflation, à l’augmentation du prix du carburant et à des politiques de transition écologique qui ne prennent pas en compte les plus précaires comme les ZFE, la gratuité des transports permet aux plus précaires d’avoir accès à la mobilité. Ils peuvent ainsi se déplacer gratuitement et avoir accès à des loisirs, des commerces ou des lieux culturels desquels ils étaient exclus, faute de moyens. 

Pour un financement à hauteur des enjeux

Actuellement, les réseaux de transports ne sont jamais financés à plus de 30 % par les usagers. C’est le versement mobilité, perçu par les autorités organisatrices des transports urbains, qui finance les réseaux. Le versement mobilité est un impôt que payent les employeurs de plus de onze salariés aux autorités organisatrices des transports. 

Bien que peu financés par les usagers, les réseaux de transports ont été touchés par les différentes crises. La covid a réduit drastiquement les abonnements et l’achat de ticket. Le coût de l’énergie impacte le fonctionnement des réseaux. L’inflation fait augmenter le coût des projets de développement des réseaux.

Malgré les difficultés de mise en place de la gratuité, il existe de nombreuses possibilités de financement local. Il est aussi possible d’aller par étape, de porter, par exemple, la gratuité des jeunes en priorité. À Montpellier par exemple, la gratuité a été mise en place d’abord les weekends, puis pour les moins de 18 ans et plus de 65 ans, pour enfin amener à la gratuité totale pour les habitants.

En plus des possibilités à l’échelle locale, des solutions existent nationalement pour financer la gratuité des transports, comme l’ont montré les propositions faites par le groupe PCF durant leur niche parlementaire pendant la législature 2017-2022. 

La proposition de loi Chassaigne proposait le déplafonnement du versement mobilité et l’élargissement du nombre d’employeurs payant le versement mobilité en passant le palier de 11 à 9 salariés.

Une autre proposition était de récupérer l’argent payé par les employeurs pour l’abonnement de leurs employés au réseau de transports. Le paiement de l’abonnement des travailleurs pour aller sur leurs lieux de travail à 75 % par l’employeur est prévu par le Code du travail. 

La gratuité des transports, bien que très populaire, n’est pas automatique. Mais sa mise en place sur des publics ou sur les week-ends pourrait permettre de faciliter la mise en place de la gratuité totale. Les pistes sont nombreuses pour permettre le financement de cette mesure sociale et écologique. 


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