Au Havre, le député Jean-Paul Lecoq se bat pour la paix

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Au Havre, le député Jean-Paul Lecoq se bat pour la paix

Jean-Paul Lecoq est député communiste de la huitième circonscription de Seine-Maritime sur laquelle se trouve le port du Havre. Le 10 mai dernier, les dockers refusaient d’embarquer des armes sur un cargo saoudien. Une initiative soutenu par le député.

Bonjour, Jean-Paul, pourquoi avoir appelé au rassemblement contre l’escale au Havre d’un cargo saoudien ?

Bonjour, l’initiative du rassemblement contre l’escale au Havre du « Bahri Yanbu », cargo saoudien qui devait charger des armes françaises à destination de l’Arabie Saoudite, venait de la société civile, notamment du Mouvement de la Paix du Havre, d’ONG, mais aussi de syndicats et de partis politiques.

J’ai appelé à rejoindre ce mouvement premièrement parce que j’ai toujours combattu toutes les formes de guerre et de violence et qu’il me semblait normal de continuer à lutter pour la Paix en me joignant à ce rassemblement. Deuxièmement, parce qu’il me semblait juste de mettre un coup de projecteur sur la venue de ce cargo et sur le commerce des armes françaises avec l’Arabie Saoudite qui sont utilisées dans l’horrible conflit au Yémen, qui tue des milliers de Yéménites quotidiennement.

Le bateau n’a finalement pas pu accoster, comme ce fut le cas à Marseille. Que signifient ces victoires ?

Les rassemblements, au Havre comme à Marseille, ont été victorieux grâce à une forte et ferme mobilisation de tous les acteurs concernés. Ces victoires ont permis que des armes françaises ne soient pas exportées vers l’Arabie Saoudite.

Elles signifient que tout d’abord à l’État français qui vend ces armes que les citoyens ne sont pas dupes de ce qu’il se trame côté exportations d’armement.

Deuxièmement, elles signifient à l’Arabie Saoudite que la société civile française va empêcher le bon déroulement des exportations, ce qui pourrait nuire à sa guerre – à une petite échelle, certes, mais symboliquement importante.

Troisièmement, des rassemblements comme ceux-là signifient que l’on ne doit jamais baisser les bras et que le militantisme a son lot de victoires. Même si au départ, l’objectif d’empêcher le navire d’accoster pouvait paraître difficile, nous l’avons fait !

Malgré l’urgence, la paix est un sujet peu à la mode dans le discours du gouvernement, pourtant ces mobilisations montrent un vrai intérêt général. Comment organiser une mobilisation populaire contre la guerre ?

La paix n’est pas un mot souvent employé par le gouvernement. Ça n’est pas un objectif pour notre gouvernement. Pourquoi ? Parce que l’État français a intérêt aux conflits puisqu’il est exportateur d’armes. Cette année, la ministre des Armées, Florence Parly, s’est réjouie d’avoir vendu en 2018 pour 9,1 milliards d’euros d’armes ! Un record ! De ce point de vue, plus le monde ira mal, mieux les finances de la France se porteront !

D’un autre côté, évidemment, les citoyens, eux, veulent la paix. C’est un objectif indispensable pour vivre sereinement, parce qu’aujourd’hui, les guerres s’internationalisent, notamment à travers le terrorisme et la guerre numérique.

Mobiliser pour la Paix n’est pas simple parce que c’est un objectif très vaste. Mais le Mouvement de la Paix, par exemple, contribue à mobiliser sur ce sujet.

Au-delà de rejoindre des organisations qui militent pour la paix, il est important, je crois, de se mobiliser le plus souvent possible sur des sujets précis, ponctuels, comme nous l’avons fait contre le cargo saoudien. Ces mobilisations, mises bout à bout forment une grande chaîne de résistance à la guerre, et pèse dans le débat.

La preuve avec le Yémen : au départ, en 2014, personne n’en parlait. Puis quelques personnes ont mis la lumière sur le sujet. Puis d’autres, etc. Jusqu’à ce que la mobilisation intéresse des journalistes qui ont pu donner des informations sur les bateaux, qui ont permis de bloquer des cargaisons d’arme. Tout ça s’est construit lentement, mais sûrement.

Quelles initiatives du groupe communiste à l’Assemblée au sénat ? Quelles initiatives locales des élu·e· s communistes ?

Concernant les initiatives du groupe communiste de l’Assemblée nationale, nous avons essayé d’aider les militants pour la paix au Yémen avec nos moyens c’est-à-dire, en faisant des questions au gouvernement sur ce thème, en demandant la création d’une commission d’enquête sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite et son contrôle. Mais aussi en faisant des propositions de loi pour mieux contrôler les exportations d’armes françaises, en interpellant les ministres concernés en commission, en faisant des conférences de presse sur le sujet, en organisant des réunions avec les ONG et les associations, ou encore en participant localement aux manifestations sur le sujet.


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