Le jeune Karl Marx, en finir avec le vieux barbu

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Le jeune Karl Marx, en finir avec le vieux barbu

Dans son dernier film Raoul Peck, directeur de la Fémis, s’attaque au monument qu’est Karl Marx, de son exil en France à la rédaction du Manifeste du Parti Communiste (que tu as chez toi en 10 exemplaires si t’es un.e vrai.e).

J’ai profité de la séance proposée lors de la Fête de l’Humanité pour aller voir en avant-première le Jeune Karl Marx. Le film était projeté à 10h dimanche, pour vous avouer j’avais peur de ne pas me réveiller ou de ne pas accrocher au film d’époque, mais bonne nouvelle je suis sortie du lit (ou plutôt de la tente) et j’ai tenu jusqu’à la fin.

En général les visiteurs de la fête de l’Humanité connaissent de près ou de loin Karl Marx et ont surement déjà lu le Manifeste du Parti Communiste et/ou Le Capital en manga.

Un film sur la jeunesse de l’intellectuel communiste

Tout est dans le titre, je ne vous apprendrai donc rien en disant que Le Jeune Karl Marx revient sur la jeunesse de ce dernier, l’évolution de sa pensée, ses rencontres qui l’auront mené à être ce pourquoi on le connait.

En 1844, Karl Marx à 26 ans, dans une Europe en pleine Révolution Industrielle, les ouvriers sont les premières victimes, ils essayent alors de s’organiser face au capital. Marx lui est victime de censure en Allemagne alors journaliste et philosophe, il s’exile à Paris avec sa femme (Jenny) où il fera une rencontre décisive. On parle bien sûr de Friedrich Engels.

Si le film traite de la jeunesse de Karl Marx, il revient sur un trio de jeunes penseurs qui auront marqué l’histoire: Karl le “communiste juif athée” comme il s’amuse à se décrire, Engels fils d’un riche industriel et Jenny issue de la noblesse westphalienne. Tous décident rompent avec leur classe d’origine au service de leurs idées pour se mettre du côté des travailleurs.

Un film pour changer de regard sur Karl Marx

Le Jeune Karl Marx mêle alors le documentaire et la fiction, l’allemand, le français et l’anglais pour en faire un bon film. Historiquement, le film réussit son pari, oublier l’image qu’on a aujourd’hui de Marx, celle du vieux barbu, et revenir au début de sa pensée. Esthétiquement, le film est très beau et offre des scènes au jeu de lumière intéressant qui nous font replonger au 19ème siècle.

On peut apprécier comment Peck met en lumière Jenny von Westphalen (dite Jenny Marx) qui a pourtant joué un rôle majeur auprès de Karl Marx que ce soit en lui apportant son soutien ou en l’aidant dans ses écrits.

Mais aussi, il est agréable de constater la manière dont le film dédiabolise le communisme.

Un film réussi

Le film peut paraître long (2 heures), mais Raoul Peck réussit rapidement à nous faire rentrer dans l’action, car si les personnages pensent beaucoup dans Le Jeune Karl Marx, leurs idées sont toujours en mouvement.

Ce sont des esprits vifs et comme l’a dit Marx “Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, il s’agit maintenant de le transformer”, alors ces trois jeunes intellectuels vont vouloir transformer le monde.

Enfin il faut souligner la performance d’August Diehl (Marx), Vicky Krieps (Jenny) et Stefan Konarske (Engels), tous les 3 bons dans leur rôle respectif, passant d’une langue à l’autre et qui font (re)vivre les plus grands penseurs matérialistes de l’histoire.

 


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