La difficile mise en oeuvre des épreuves de contrôle continu

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La difficile mise en oeuvre des épreuves de contrôle continu

La réforme du bac continu d’être contestée. La précipitation à sa mise en oeuvre conduit aujourd’hui à plonger dans l’incertitude des dizaines de milliers de lycéens et leurs professeurs.

Les E3C dénoncées

Le syndicat national des enseignements de second degré (SNES – FSU) n’a jamais caché son opposition à la réforme du bac portée par le ministre Jean-Michel Blanquer. Le nouveau bac a organisé la disparition des filières au profit de combinaison de spécialités. Les épreuves finales sont réduites à quelques matières au profit d’épreuves intermédiaires intitulées : épreuves communes de contrôle continu abrégé en E3C selon l’acronyme spécialement concocté par l’éducation nationale qui est passé maître en la matière. 

Pour le SNES-FSU ces épreuves qui doivent débuter pour les élèves en classe de première sont largement impréparées et la plus grande confusion règne sur leur organisation. C’est que ces épreuves qui de facto cassent le caractère national du bac se trouvent dans un flou artistique entre le contrôle de connaissance conduit par le professeur et l’examen terminal. Afin de mesurer le degré de préparation dans les établissements de ces nouvelles épreuves, le syndicat avait lancé le 15 septembre dernier un questionnaire à destination des enseignants. Les résultats de cette enquête ont conduit le SNES-FSU a demandé la suppression de ces épreuves. 

En effet plus d’un enseignant sur 6 ayant répondu, ne savait pas si les cours seraient banalisés pendant les épreuves. Près des trois quarts ignoraient comment seraient agencées les salles. Même inconnue du côté des sujets, près de la moitié ne pouvait pas dire comment seraient choisis les sujets qui doivent être tirés dans une base nationale mais ne seront pas commun à l’ensemble des établissements. Plusieurs enseignants interrogés font part de l’inquiétude des élèves et de leurs parents face à ces épreuves. D’autres dénoncent l’absurdité de la procédure de correction qui nécessite de scanner des copies qui seront corrigées au sein du même établissement ou encore que des correcteurs pourront être amenés à corriger des programmes qu’ils n’ont jamais enseigné (particulièrement vrai en filière technologique). 

Le ministère réagit

Les critiques des enseignants ont été largement reprises par la presse, le ministère de l’éducation nationale y a donc répondu par une note envoyée dans les établissements. Cette note revient sur l’organisation des E3C. 

Elle explique ainsi que les épreuves sont à organiser sur deux sessions, la première allant de janvier à la mi-mars et une seconde d’avril à la mi-juin. Ce qui fait que la totalité de la seconde partie de l’année peut être occupée par des examens, la fin du mois de juin étant occupée par l’épreuve anticipé de français. En Terminale, une dernière session interviendra à partir d’avril, le mois de mars étant occupé par deux épreuves terminales sur les enseignements de spécialités, l’année se concluant par le grand oral et l’examen de philosophie. Ces E3C n’ont pas vocation à interrompre l’apprentissage des autres classes, il n’est donc pas prévu que les cours soient banalisés durant leur tenue. Les classes ne seront donc pas réagencées au format “examen” (un élève par bureau) et la surveillance ne sera pas renforcée.

Le choix des sujets est renvoyé au chef d’établissement et aucune obligation n’est faite que l’ensemble des élèves d’un même établissement aient le même sujet. Non seulement le bac ne sera pas le même d’un établissement à l’autre, mais il pourra même être différent d’une classe à l’autre, voire d’un créneaux de convocation à l’autre en fonction des besoins de l’établissement en terme d’occupation des salles et des emplois du temps. 

Les notes seront harmonisées par des commissions académiques qui devront harmoniser des notes sur des sujets différents, composés à des périodes différentes. L’exercice promet d’être particulièrement acrobatique.

Un flou toujours persistant

Une situation toujours dénoncée par le SNES-FSU qui a réagit vivement à cette note par un second communiqué : 

“Le retard pris dans la constitution de la BNS (banque nationale de sujets), toujours inaccessible à ce jour, est inquiétant. Où est l’égalité de traitement quand les épreuves d’une même discipline se dérouleront, par exemple, sur le temps ordinaire des cours en janvier pour les uns, et en mars pour les autres ? […]  Le ministère semble aussi tout ignorer de la réalité du quotidien d’un lycée : sans banalisation des cours, les E3C d’une durée de 2 heures vont se superposer à des séquences de cours de 55 minutes, ce qui va considérablement désorganiser l’établissement (retard prévisible des élèves et des professeurs aux cours qui vont suivre, surcharge de travail pour les vies scolaires etc…)”

Pour les lycéens et leurs enseignants, le flou reste important sur l’organisation des épreuves. Un flou qui s’ajoute à celui de la valeur du diplôme vis à vis de futurs établissements de l’enseignement supérieur ou d’employeurs. Au fur et à mesure que la réforme prend forme, les craintes qui s’exprimaient s’avèrent fondées. Le caractère national du diplôme du bac n’existe plus.


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