Le convoi du 6 juillet 1942, dit convoi des 45000

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Le convoi du 6 juillet 1942, dit convoi des 45000

Ce texte est une réalisation collective de la délégation de jeunes communistes de Nanterre partie en voyage mémoriel l’année dernière au camp d’Auschwitz-Birkenau. Une conférence-débat de rendu de ce voyage est organisé le vendredi 6 juillet à Nanterre. 

Le 6 juillet 1942, 1175 hommes, regroupés au camp de Royallieu à Compiègne dans l’Oise sont déportés. La plupart d’entre eux sont militants ou sympathisants communistes.

À leurs côtés, se trouvaient également des personnalités non communistes qui avaient exprimé leur hostilité à l’occupation nazie et à la collaboration du gouvernement de Vichy et, sur une liste séparée, les 50 derniers otages juifs du secteur C de Compiègne. S’ajoute au convoi, une poignée de droit commun.

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Entassés dans des wagons, ils seront déportés vers Auschwitz-Birkenau, en Pologne, qui est le plus grand camp de concentration mais aussi le principal camp d’extermination des juifs européens.

Ce convoi de déportés politiques est le seul, avec celui du 24 janvier 1943 (dit « des 31000 »), ayant pour destination finale Auschwitz-Birkenau en partance de France.

Du fait du matricule qu’ils ont reçu à l’enregistrement, on les dénommera les 45000, bien que tout matricule 45000 ne soit pas lié à ce convoi.

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Les 45000 étaient des hommes jeunes ou dans la force de l’âge, ouvriers pour la plupart. Ils étaient des militants et des responsables des Jeunesses Communistes (aujourd’hui MJCF), du Parti Communiste Français et de la CGT dont l’engagement remontait bien souvent aux années vingt ou trente. Parmi eux se trouvaient d’actuels et anciens élus, notamment un jeune élu du Havre qui subira une mise à mort brutal dès son arrivée, pour l’exemple… Un grand nombre d’entre eux avaient été des militants antifascistes, des brigades internationales et des résistants du Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France. Durant leur internement en France, qui pour certains remontait à 1940, les 45000 se sont montrés combatifs et dotés d’un sens aigu de la solidarité et de l’action collective. D’ailleurs, certains d’entre eux ont participé à l’organisation communiste clandestine du camp de détention de Compiègne, puis de celle d’Auschwitz. Au début de juillet 1942, ils se préparèrent à « aller travailler en Allemagne » sans connaître leur véritable destination…

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A leur arrivée à Auschwitz-Birkenau, le convoi est séparé en deux ; la moitié à Auschwitz et l’autre moitié à Birkenau. Ils seront finalement regroupés à Auschwitz quelques mois après, vers mars 1943. La mort a été très violente avec le convoi resté à Birkenau, seul 24 sur 600 sont encore vivants en 1943. Ce n’est pas mieux pour la totalité du convoi, puisque plus de 1000 d’entre eux ont déjà disparu à cette même période. Au final seul 119 rentreront en France en 1945. 119 sur 1175 hommes. Parmi ces 119 hommes rescapés, deux figures ont marqué nos esprits : Lucien Ducastel et Fernand Devaux.

Lucien Ducastel et Fernand Devaux était membre des jeunes communistes. Bien avant l’occupation, ces deux « JC » luttaient contre le fascisme. C’est donc tout naturellement qu’ils engagent le combat contre l’occupant. Lucien et Fernand se font arrêtés pour leurs activités militantes aux Jeunesses Communistes. Principale organisation de jeunesse dans la résistance elle est à l’initiative des premiers actes de résistance concrète en France : d’un lâché de tract sur un défilé de Pétain à Toulouse le 5 novembre 1940 à une commémoration à l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940.

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A la fin de la guerre, ces deux hommes poursuivront leur engagement militant. Ils entameront un travail de mémoire important, auprès des scolaires, mais aussi dans les villes auprès de toutes les populations, afin de témoigner sur ce que fut le nazisme et l’enfer des camps. Un de leur principal objectif était de faire comprendre aux jeunes générations les mécanismes qui peuvent conduire au pire ; mécanisme qu’il faut connaître afin que plus jamais tout ceci ne puisse exister de nouveau.

Lucien est un des co-fondateurs de l’association Mémoire Vive des convois 45000 et 31000 d’Auschwitz-Birkenau créé en 1996 à Nanterre. Son implication sur la ville, mémorielle ou militante, nous a permis, pour une partie de la JC Nanterre, de le rencontrer. Il a été pour beaucoup un modèle, un militant en or. Il fait partie, avec Vincent Pascucci, résistant nanterrien, des acteurs de mémoire qui nous ont ouvert les yeux sur l’importance du travail mémoriel. Lucien est décédé le 16 février 2012.

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Nous avons rencontré Fernand lors des voyages organisés par Mémoire Vive. Sa pédagogie, sa puissance de partage, sa gentillesse ont marqué toutes celles et ceux qui ont eu le bonheur de le rencontrer. Au côté de Fernand, tout comme au côté de Lucien, la mémoire était une arme redoutable contre le fascisme, contre l’obscurantisme, pour la construction d’un avenir meilleur. La mémoire n’avait rien de ringard, de lourd, auprès d’eux. Elle était cette chose positive utile à chacun-e d’entre nous pour mieux comprendre le monde dans lequel on (sur)vit. Fernand s’est éteint le 30 mai 2018. Il était le dernier rescapé vivant du convoi des 45000.

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Leurs histoires, et celles de tous les déporté-e-s 45000 et 31000, mais aussi de la déportation en générale, ne peut se résumer à des articles, qu’ils soient conséquents ou non. Un travail mémoriel entier doit conjuguer les formes. C’est pourquoi, en juillet 2017, nous, 6 jeunes communistes nanterrien-ne-s, avons effectué un voyage mémoriel à Auschwitz-Birkenau avec l’association Mémoire Vive. Ce voyage a été un tournant fondamental dans notre rapport à la mémoire. Ce que nous avons vu, entendu, ressenti doivent être transmis. C’est pourquoi nous organisons ce vendredi 6 juillet à partir de 18h30 à la Maison du Chemin de l’Ile de Nanterre une conférence-débat de retour sur le voyage. C’est ouvert à toutes et tous. Nous serions très heureux-ses de vous y accueillir.

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