L’échec de la guerre contre “le mal”

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L’échec de la guerre contre “le mal”

Alors que l’horreur frappait durement Barcelone, que le prétendu Etat islamique revendiquait une attaque au couteau en Sibérie, l’armée irakienne annonçait une offensive contre le dernier bastion de l’organisation en Irak.

Au Liban, largement impacté par la guerre chez son voisin syrien, l’armée a hissé le drapeau espagnol sur une colline reprise à l’organisation terroriste. Pourtant au-delà de la beauté du geste, c’est l’échec cruel de la seule solution militaire qui a été illustré dans la capitale catalane.

Finalement la guerre qui a été menée à l’organisation terroriste a été faite en leur reconnaissant le statut d’Etat qui était revendiqué. Leurs actions ne sont pourtant pas celles d’un Etat. La reprise des territoires contrôlés par Daesh est une nécessité mais ne constitue pas l’unique réponse à leurs sanglants attentats.

Ces attaques interviennent en premier lieu en Irak et en Syrie où le groupe n’a jamais mené une guerre de conquête conventionnelle mais a toujours conduit une stratégie de terreur.  L’affaiblissement militaire et territorial du prétendu Etat islamique ne l’a pas empêché de conduire de nouvelles attaques dans le monde.

Le “label” est également resté attirant comme en témoigne l’implantation de groupes armés s’en réclamant en Libye ou en Afghanistan. Le groupe dispose toujours d’une solide propagande sur internet qui lui permet de manipuler les esprits les plus perméables.

Les réponses sécuritaires se montrent incapables d’assurer une protection efficace face à des attentats qui nécessitent des préparations minimales ou nulles. La reconquête des territoires sous la coupe du groupe, se fait sans résolution des causes politiques des effondrements des Etats irakiens et syriens.

L’idéologie de destruction et d’affrontements entre deux blocs fantasmés doit être combattue avec autant de force que les positions militaires du prétendu Etat islamique. L’assèchement du terreau idéologique qui permet à l’organisation terroriste de faire entrer des jeunes dans les processus mortifères de l’acte terroriste est une urgence.

Sans faire un lien simpliste de cause à effet, on ne peut pas non plus ignorer les situations créées par les conditions de vie des jeunes en Europe. Que ce soit un jeune en échec scolaire dans un quartier populaire, un jeune parfaitement intégré dans l’emploi, ou un jeune réfugié, la malsaine attirance pour une violence terrible doit interroger sur la société dans laquelle nous vivons.

La diversité et la complexité des parcours des auteurs de ces attaques horribles ne doivent pas nous faire oublier qu’une société qui aboutit à créer de tels individus nécessite d’être révolutionnée.


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